Enquête exclusive CNC : L’explosion fatale à Wantiguira,  Wagner, un restaurant et trois morts

Enquête exclusive CNC : L’explosion fatale à Wantiguira,  Wagner, un restaurant et trois morts

 

Le lieu du sinistre à Wantiguira à l'entrée de la ville de Bouar, au nord-ouest de la RCA
Le lieu du sinistre à Wantiguira à l’entrée de la ville de Bouar, au nord-ouest de la RCA

 

 

Bouar, 15 janvier 2024 (CNC) – Dans l’ombre des événements mondiaux, un drame sinistre a ébranlé la ville de Bouar, en République centrafricaine. Ce n’est pas une histoire ordinaire de conflit ou de désordre, mais une série d’événements mêlant tromperie, tragédie et des mercenaires russes du groupe Wagner. Notre investigation révèle le fil d’une tragédie qui a débuté avec un appareil innocent en apparence, un simple poste radio, qui s’est avéré être un engin explosif. Ce récit ne concerne pas seulement l’explosion dévastatrice dans un restaurant local, mais aussi la complexité et la profondeur des conséquences lorsque des forces étrangères, notamment les mercenaires russes de Wagner, interagissent avec des communautés vulnérables. 

  

Cette enquête dévoile les couches cachées de cet incident, reliant les points entre un objet mortel introduit dans une maison paisible, son chemin tragique vers un lieu de rassemblement local, et l’acte final et fatal orchestré par des forces extérieures, éclairant ainsi les tensions sous-jacentes qui façonnent le paysage actuel de la République centrafricaine. 

  

Début des événements : 

  

Dans la tranquille ville de Bouar, un événement apparemment anodin a planté les premières graines de ce qui deviendrait une tragédie. Un jeune homme, employé sur la base des mercenaires russes de Wagner, a découvert un appareil semblable à un poste radio. Sans se douter de sa véritable nature, il l’a rapporté chez lui, attiré peut-être par sa forme familière ou par simple curiosité. Ce geste innocent, dépourvu de toute intention malveillante, a déclenché une série d’événements qui se révéleraient fatals. 

  

Cette découverte banale et quotidienne, typique de la vie dans une petite ville, est devenue l’élément central d’une histoire beaucoup plus sombre. L’appareil, passant inaperçu parmi les objets du quotidien, est resté chez le jeune homme jusqu’à ce qu’un destin tragique le conduise vers un lieu public : le restaurant à Wantiguira, un carrefour de la vie communautaire et sociale de Bouar. 

  

L’appareil ramené à la maison et son chemin vers le restaurant : 

  

Le jeune homme, inconscient du danger qu’il portait, a ramené l’appareil chez lui. Ce poste radio, un objet si banal dans de nombreux foyers, était en réalité un explosif habilement dissimulé. La maison, lieu de sécurité et de vie familiale, est devenue, sans le savoir, un dépôt pour un dispositif mortel. 

  

L’objet a ensuite quitté cette maison, emporté par le frère cadet du jeune homme. Il s’est dirigé vers un lieu central de la vie sociale de Bouar : un restaurant à Wantiguira, situé à 7 kilomètres à l’entrée de la ville. Ce restaurant, un lieu de rassemblement pour des moments de détente et de convivialité, ne savait pas qu’il allait être le théâtre d’une scène tragique. L’appareil, toujours déguisé en objet du quotidien, a été placé inconsciemment parmi les quatre jeunes clients du restaurant, se fondant dans le décor, ignorant du danger imminent.  

 

Les victimes de l'explosion survenue à Wantiguira à l'entrée de la ville de Bouar, au nord-ouest de la RCA, où trois jeunes hommes ont perdu la vie
Les victimes de l’explosion survenue à Wantiguira à l’entrée de la ville de Bouar, au nord-ouest de la RCA, où trois jeunes hommes ont perdu la vie

 

Fouille de Wagner : localisation par drone et explosion tragique :

  

Selon les investigations du CNC, la veille de l’explosion, les mercenaires de Wagner ont déployé un drone vers 18 – 19 heures pour localiser l’appareil explosif porté disparu par GPS. Cette technologie a permis de détecter l’appareil, qui était finalement situé dans le périmètre du restaurant et d’un motel. Cette découverte a déclenché une intervention directe et intensive de leur part le lendemain, c’est-à-dire le jeudi 11 janvier 2024 vers 10 heures. 

  

Alors que les clients du restaurant, y compris les quatre jeunes hommes, profitaient de leurs rafraichissements avant le repas, les mercenaires de Wagner ont fait leur irruption brutale dans le restaurant et commencent leur fouille méticuleuse, table par table du restaurant jusqu’aux chambres du motel qui se situe juste derrière le restaurant. Ils semblaient rechercher quelque chose de spécifique, et leur comportement était étrange et alarmant. 

  

Les gendarmes stationnés à Wantiguira, ainsi que d’autres témoins, ont observé avec étonnement et incompréhension la manière dont les mercenaires fouillaient le restaurant et le motel adjacent. Cette scène inhabituelle a suscité de nombreuses interrogations parmi eux, ne sachant pas ce que cherchaient exactement ces mercenaires. 

  

Le jeune lycéen de 18 ans, qui est parmi les quatre clients du restaurant, se sentant menacé par la présence intimidante de Wagner, a pris la sage décision de quitter les lieux. Pendant ce temps, les témoins ont décrit comment les Wagner se sont couchés au sol, écoutant attentivement, qui ? Personne ne le sait mais selon un témoin, “c’est comme s’ils écoutent ce que leur disent les morts sous terre”, et scrutant chaque recoin du restaurant dans leur quête. 

  

Lorsque les mercenaires ont finalement localisé la bombe, ils ont adopté une approche calculée. Après avoir confirmé la présence de l’appareil, ils ont quitté le restaurant. Peu de temps après, ils ont activé à distance l’explosif, provoquant une explosion dévastatrice qui a ôté la vie des trois jeunes hommes clients du restaurant proches de l’appareil, dont un conducteur de taxi-moto de 34 ans, père de quatre enfants, et un jeune de 28 ans, habitants de Wantiguira. 

Cette explosion n’était pas un acte isolé de violence, mais plutôt une démonstration calculée de force et de contrôle. Les actions des mercenaires de Wagner soulèvent de graves questions sur leur engagement en République centrafricaine. 

  

Conséquences et comportement de Wagner :

  

L’explosion dévastatrice au restaurant à Wantiguira à l’entrée de la ville de Bouar a laissé un impact profond et tragique. Les vies des trois jeunes hommes ont été brutalement écourtées, laissant derrière elles un vide immense dans leurs familles et la communauté. La douleur et la perte ressenties par les proches des victimes sont incommensurables, et le traumatisme de cet événement continuera de hanter ceux qui y ont survécu. 

  

La communauté de Bouar, déjà confrontée à des défis de sécurité et de stabilité, se retrouve maintenant face à une nouvelle menace : la brutalité imprévisible des mercenaires de Wagner. Leur méthode d’activation à distance de l’explosif soulève des questions graves sur leur éthique et leur respect de la vie humaine. Leur capacité à mener de telles opérations avec une précision glaçante, et leur apparente indifférence aux conséquences sur les civils, est alarmante. 

  

Cette tragédie soulève également des questions plus larges sur le rôle des sociétés militaires privées dans les zones de conflit, en particulier en ce qui concerne leur accountability et leur conformité aux lois internationales et aux droits de l’homme. L’incident de Bouar devient ainsi un point de focalisation pour les débats sur la sécurité, la souveraineté nationale et les impacts des interventions étrangères. 

  

Conclusion : 

  

En conclusion, l’incident tragique de Wantiguira, à Bouar, impliquant l’utilisation d’un explosif sous forme d’un poste radio et télécommandé à distance par les mercenaires de Wagner, est plus qu’un événement isolé ; il est symptomatique des tensions et des défis auxquels est confrontée la République centrafricaine. Cette tragédie met en lumière non seulement la fragilité de la sécurité civile, mais aussi les complexités entourant l’intervention du groupe Wagner en République centrafricaine. 

  

L’absence de réponses concrètes ou de condamnations de la part de la communauté internationale et des autorités centrafricaines soulève des questions profondes sur la souveraineté, la justice et les droits humains dans le pays. Cette situation reflète une réalité plus grande où les intérêts et les alliances politiques semblent souvent primer sur la protection et le bien-être des citoyens ordinaires. 

  

Ce meurtre nous rappelle la nécessité d’une prise de conscience et d’un débat plus large sur le rôle des mercenaires du groupe Wagner dans les conflits qui secouent la République centrafricaine. Il souligne également l’importance de la vigilance, de la responsabilité et du respect des normes internationales pour assurer la sécurité et la dignité des populations les plus vulnérables. 

  

En fin de compte, l’histoire de meurtre de Wantiguira à Bouar n’est pas seulement celle d’une tragédie locale ; elle est un miroir reflétant les dilemmes et les contradictions d’un monde complexe et interconnecté. Elle nous interpelle tous sur la nécessité d’une action plus éclairée, plus juste et plus humaine face aux conflits qui définissent notre époque. 

 

Par Gervais Lenga

Correspondant de corbeaunews-centrafrique à Bouar.

 

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