Échecs et Réformes : Les Défis de la Justice à Bangui

Publié le 7 septembre 2023 , 7:10
Mis à jour le: 7 septembre 2023 12:33 pm

Échecs et Réformes : Les Défis de la Justice à Bangui

 

Le Procureur de la Cour criminelle Rock Alfred Ngombré. Photo : Cyrille Yapéndé. CopyrightCNC.

 

 

Bangui, 08 septembre 2023 (CNC) – La deuxième session criminelle de Bangui bat son plein, mais les récents développements dans la salle d’audience ont soulevé des questions fondamentales sur le fonctionnement du système judiciaire en République centrafricaine. Alors que l’objectif de cette session était de rendre justice et de punir les coupables, de nombreuses affaires ont été renvoyées pour diverses raisons, remettant en question la qualité des enquêtes préliminaires et des procédures judiciaires dans le pays.

 

Sur les 18 affaires qui ont été jugées jusqu’à présent, seulement 9 ont abouti à des condamnations, impliquant 12 personnes. Cela signifie que près de la moitié des cas ont été renvoyés ou ont abouti à des acquittements. Une situation qui a semé le doute quant à l’efficacité du processus judiciaire dans le pays.

 

L’une des principales raisons de ces renvois est le manque de preuves convaincantes. Dans l’affaire Jordy Otto, accusé de coup mortel, les juges ont accordé un délai de 2 mois à l’accusation pour présenter des preuves solides, car le dossier initial était dépourvu de toute preuve tangible. De même, l’affaire d’Augustin Franière Andiriti, poursuivi pour viol sur mineure, a été renvoyée en raison de l’absence de certificats médicaux étayant les accusations. Ces exemples révèlent de graves lacunes dans les enquêtes préliminaires, mettant en lumière la nécessité d’améliorer la qualité de ces enquêtes avant de soumettre les affaires devant les juges.

 

Un autre problème majeur qui a été mis en lumière est le vice de procédure. Dans plusieurs cas, les avocats commis d’office pour les accusés n’ont pas été informés de la procédure contre leurs clients, ce qui a conduit inévitablement à des renvois. Ce manque de communication et de transparence dans le système judiciaire entrave sérieusement la capacité des avocats à préparer une défense adéquate et nuit à l’intégrité du processus judiciaire.

 

La question qui se pose maintenant est de savoir comment en est-on arrivé là ? Comment des enquêtes préliminaires si défaillantes ont-elles été menées, et pourquoi certaines affaires n’ont-elles pas été résolues lors de la première comparution ? Ces questions soulignent la nécessité de réformes substantielles dans le système judiciaire centrafricain.

 

Tout d’abord, il est impératif que les enquêtes préliminaires soient menées de manière approfondie et professionnelle. Cela nécessite une formation adéquate pour les officiers de police judiciaire et un meilleur suivi de la part des juges d’instruction. Les enquêtes préliminaires doivent être étayées par des preuves solides pour éviter les renvois ultérieurs.

 

De plus, il est crucial d’améliorer la communication entre les avocats de la défense et les autorités judiciaires. Les avocats doivent être correctement informés de la procédure en cours afin de pouvoir fournir une défense adéquate à leurs clients. Cette transparence renforcée contribuera à garantir un processus judiciaire équitable et équilibré.

 

Enfin, il est temps d’examiner de près la manière dont les affaires sont gérées au sein de la Cour criminelle. Des procédures plus efficaces et une meilleure coordination entre les différents acteurs du système judiciaire sont nécessaires pour éviter les retards et les renvois inutiles.

 

La deuxième session criminelle de Bangui a mis en lumière les défis auxquels est confrontée la justice en République centrafricaine. Cependant, elle offre également une opportunité précieuse de réfléchir à ces problèmes et de prendre des mesures pour améliorer le système judiciaire. Il est essentiel que des réformes significatives soient entreprises pour garantir que la justice soit rendue de manière équitable, transparente et efficace pour tous les citoyens de la République centrafricaine.

 

Par D. Y. Ibrahim

 

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