Coup d’Etat contre Condé : Ouattara, Akufo Addo, Kabore… au cœur du huis clos des chefs d’Etat

Publié le 6 septembre 2021 , 7:39
Mis à jour le: 6 septembre 2021 7:39 pm

 

 

Plus  de 24 heures après le coup d’Etat qui a renversé Alpha Condé, les présidents des pays de la Cedeao multiplient les consultations informelles et préparent un sommet extraordinaire pour statuer sur l’attitude à adopter vis-à-vis des putschistes et mettre en place d’éventuelles sanctions.

 

Le Président burkinabé Kaboré.

 

 

Président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le chef de l’Etat ghanéen, Nana Akufo Addo était en train de boucler sa tournée de deux jours dans le sud-ouest du Ghana quand il a été informé, dans la matinée du dimanche 5 septembre, qu’une tentative de coup d’Etat était en cours à Conakry contre le président Alpha Condé.

Soucieux que l’organisation régionale s’impose tout de suite comme l’interlocutrice unique dans la gestion de la crise, il a lancé sur les coups de midi des premières consultations informelles avec la quasi-totalité des chefs d’Etats de la Cedeao. Il s’est ainsi entretenu par téléphone aux alentours de 14 h avec le président ivoirien Alassane Ouattara, mais aussi avec le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, très mobilisé sur le dossier, et le Togolais Faure Gnassingbé. Ces échanges se poursuivent à l’heure actuelle pour aboutir à un communiqué commun. Les présidents du Niger Mohamed Bazoum, du Sénégal Macky Sall et du Nigéria Muhammadu Buhari ont également été consultés.

Le traitement d’Alpha Condé particulièrement discuté

Si l’ensemble des chefs d’Etats de la Cedeao se sont accordés sur une condamnation formelle du putsch via un communiqué, ils ont évoqué la position à adopter sur le traitement réservé à Alpha Condé, arrêté puis emmené hors du Palais Sékoutoureya par des éléments du Groupement des forces spéciales (GPS), une unité d’élite de l’armée guinéenne menée par le lieutenant- colonel Mamady Doumbouya. Ancien légionnaire originaire de la région de Kankan, ce dernier est, depuis le 5 septembre, le principal visage du coup d’Etat.

Les chefs d’Etats de la Cedeao veulent exiger des putschistes la libération immédiate et sans conditions de leur homologue guinéen, âgé de 83 ans. La divulgation, dans la journée du 5 septembre, de plusieurs clichés et vidéos de Condé, filmé affalé sur un canapé, la chemise ouverte, et entouré de militaires putschistes en battle dress a, par ailleurs, suscité une vague d’indignation dans plusieurs palais présidentiels.

Un retour au pouvoir jugé hypothétique

Les chefs d’Etats de la Cedeao ont d’ores et déjà acté l’organisation d’un sommet extraordinaire de l’organisation panafricaine dans les tout prochains jours, au plus tard le jeudi 9 septembre. La date du 7 septembre a été proposée par Akufo Addo. Durant cette réunion à huis clos, les présidents ouest-africains devront évoquer la mise en place de sanctions – économiques notamment – à l’encontre de la Guinée et des leaders putschistes. La cheffe de la diplomatie ghanéenne, Shirley Ayorkor Botchway planche actuellement sur les contours du sommet qui devrait se tenir en présentiel à Accra.

Résignée, la Cedeao juge un retour au pouvoir d’Alpha Condé extrêmement hypothétique, ouvrant la voie à une période de transition encore très incertaine. La désignation d’un envoyé spécial est actuellement à l’étude afin de prendre langue avec les putschistes réunis au sein du Comité national du rassemblement et du développement (CNRD). Un organe qui a annoncé le 5 septembre la dissolution du gouvernement, la suspension de la constitution et la fermeture des frontières terrestres.

 

 

 

 

La lettre de continent

 

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