Contrôle des pièces d’identité, arrestation massive : les gendarmes terrorisent la population à Ndélé

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Contrôle des pièces d’identité, arrestation massive : les gendarmes terrorisent la population à Ndélé

 

Contrôle des pièces d’identité, arrestation massive : les gendarmes terrorisent la population à Ndélé
Deux gendarmes centrafricains. Photo CNC

 

Rédigé le 09 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Depuis trois jours, les gendarmes déployés à Ndélé, chef-lieu de la préfecture de Bamingui-Bangoran, organisent une opération de rafle massive dans les différents quartiers sous prétexte de vérification des papiers d’identité. Mais cette opération de routine s’est transformée rapidement en une opération de racket organisé de la population.

 

Pendant l’opération, les gendarmes exigent à chacun la présentation de la carte nationale d’identité. Ceux qui ne peuvent pas la présenter doivent payer obligatoirement la somme de 5 000 francs CFA sur place. Au marché de Ndélé, plusieurs personnes ont été contraintes de payer cette somme. D’autres ont refusé et ont été embarquées.

 

Les gendarmes justifient cette opération par des instructions reçues de leur hiérarchie à Bangui. Selon eux, il s’agirait de contrôler les nouveaux arrivants à Ndélé dans le cadre de la préparation des élections prévues dans les mois à venir. Mais sur le terrain, cette opération n’a rien d’un contrôle de sécurité. C’est un racket pur et simple.

 

Pourtant, les gendarmes savent parfaitement que Ndélé se trouve à plus de 600 kilomètres de Bangui. Pour un habitant de Ndélé qui veut obtenir une carte d’identité, il faut quitter sa ville, payer entre 20 000 et 40 000 francs de transport pour atteindre Bangui, dépenser pour le logement et la nourriture pendant plusieurs jours, payer les 4 000 francs de la carte, et repayer le transport pour rentrer.

 

Le coût total pour obtenir une carte d’identité peut facilement atteindre 50 000 à 60 000 francs. Pour des populations qui vivent avec quelques milliers de francs par mois, c’est une somme astronomique. Beaucoup renoncent simplement à faire la carte.

 

Mais au lieu de décentraliser le service de délivrance des cartes d’identité pour permettre aux citoyens de Ndélé de faire leurs cartes sur place, l’État préfère envoyer des gendarmes racketter ceux qui n’ont pas de carte.

 

La situation est encore pire pour les citoyens de confession musulmane. Ndélé est une zone majoritairement musulmane, bien qu’il y ait également des chrétiens. Mais quand un musulman dépose une demande de carte nationale d’identité en Centrafrique, c’est un parcours du combattant.

 

On lui demande tous les papiers du monde. Parfois on lui dit que tel document est faux, qu’il faut le refaire. Le musulman dépense une fortune partout sur le territoire pour obtenir une simple carte d’identité à laquelle il a droit en tant que citoyen centrafricain.

 

Cette discrimination fait que beaucoup de musulmans centrafricains renoncent à demander leur carte. Ils savent que le processus sera long, coûteux, humiliant, et qu’au bout du compte, leur dossier risque d’être rejeté pour des raisons fallacieuses.

 

Les gendarmes de Ndélé connaissent cette situation. Ils savent que la population locale a des difficultés à obtenir des cartes d’identité à cause de l’éloignement, du coût et de la discrimination. Mais au lieu de faciliter l’accès à ce document, ils en profitent pour racketter.

 

Exiger 5 000 francs à quelqu’un qui n’a pas de carte d’identité n’a aucune base légale. Ne pas avoir de carte d’identité sur soi n’est pas un délit. Encore moins un délit punissable par une amende payable immédiatement au gendarme.

 

Ce que font les gendarmes de Ndélé s’appelle du racket. Ils abusent de leur position pour extorquer de l’argent à des citoyens qui n’ont commis aucune infraction. Ceux qui paient évitent d’être embarqués. Ceux qui refusent de payer sont conduits au poste.

 

Cette pratique est courante dans toute la Centrafrique. Policiers et gendarmes utilisent les contrôles de papiers comme prétexte pour racketter la population. Pas de carte d’identité ? Paie. Pas de permis de conduire ? Paie. Pas de carte grise ? Paie. Même si tu as tous tes papiers en règle, ils trouveront toujours un prétexte pour te faire payer.

 

Les forces de l’ordre centrafricaines sont devenues des bandits en uniforme. Au lieu de protéger les populations, elles les terrorisent et les rackettent. Les citoyens ont plus peur des policiers et des gendarmes que des criminels.

 

À Ndélé, une ville qui a déjà vécu des moments difficiles avec les groupes armés, une ville où la population aspire à la paix et à la sécurité, les gendarmes viennent ajouter une couche supplémentaire de souffrance en rackettant les habitants.

 

Les gendarmes prétendent agir sur instruction de leur hiérarchie à Bangui pour contrôler les nouveaux arrivants avant les élections. Mais pourquoi contrôler uniquement ceux qui n’ont pas de carte d’identité ? Pourquoi leur faire payer 5 000 francs ? Si c’était vraiment un contrôle de sécurité, on vérifierait l’identité de tous, on demanderait des explications sur la présence à Ndélé, on enregistrerait les informations.

 

Au lieu de cela, on demande 5 000 francs et tout est réglé. Cela prouve que ce n’est pas un contrôle de sécurité mais un racket organisé sous couvert d’instructions venues de Bangui.

 

Les habitants de Ndélé sont pris en otage par un système qui les écrase. L’État ne décentralise pas les services pour leur faciliter l’accès aux documents. Au contraire, il concentre tout à Bangui pour obliger les citoyens à dépenser des fortunes pour obtenir leurs droits.

 

Ensuite, les forces de l’ordre viennent racketter ceux qui n’ont pas pu obtenir ces documents à cause des obstacles mis en place par l’État lui-même. C’est un système pervers où l’État crée le problème puis punit ceux qui en sont victimes.

 

Les musulmans de Ndélé subissent une double peine : discrimination dans l’obtention de la carte d’identité, puis racket par les gendarmes parce qu’ils n’ont pas cette carte qu’on leur refuse ou qu’on rend inaccessible.

 

Cette opération de racket à Ndélé montre une fois de plus que sous le régime Touadéra, les forces de l’ordre ne servent pas le peuple mais se servent sur le peuple. Au lieu de protéger et servir, elles terrorisent et volent.