Centrafrique : Touadera veut faire passer unilatéralement et en force une nouvelle constitution

Publié le 4 juillet 2022 , 8:10
Mis à jour le: 5 juillet 2022 1:57 am

 

Rédigé par Gisèle MOLOMA

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le lundi 4 juillet 2022

 

Bangui (CNC) – Au départ, c’était la révision de la Constitution du 30 mars 2016. À l’arrivée, c’est une nouvelle Constitution, taillée sur mesure afin d’instaurer une présidence à vie en République centrafricaine. Pour se justifier, Fidèle Gouandjika, ministre conseiller du chef de l’État, avait déclaré  sur RFI que c’est le peuple souverain qui veut une nouvelle Constitution. Mais un chef de l’État, seul, entouré de ses proches parents et amis, peut-il, à lui seul, rédiger et proposer une nouvelle Constitution au nom de toute la République?

Prestation de serment du Président Faustin Archange Touadera, le 30 mars 2021 dans l'hémicycle de l'assemblée nationale à Bangui. Photo Présidence
Prestation de serment du Président Faustin Archange Touadera, le 30 mars 2021 dans l’hémicycle de l’assemblée nationale à Bangui. Photo Présidence

 

Une année après sa seconde et dernière investiture constitutionnelle à la tête de la République centrafricaine, le Président de la République, le professeur  Faustin Archange Touadera tire désormais les ficelles  dans l’ombre. Lui qui avait juré devant Dieu et les Hommes de ne pas s’engager dans le tripatouillage de la Constitution en vue de réviser le nombre et la durée de mandat présidentiel, s’active depuis quelques mois en coulisse pour réviser la constitution en vue de sauter justement le verrou limitant à deux le nombre de mandats présidentiels.

Ainsi,  le jeudi 26 mai dernier, le député de Mbaïki 1, l’honorable  Bruce Kévin Kakpayen, Président de la commission Lois et institutions, avait proposé un projet de loi visant à réviser la Constitution du 30 mars 2016 pour modifier la durée et le nombre du mandat présidentiel pourtant décidé par le peuple souverain, hors de tout contexte politicien.

Mais pour de nombreux juristes, « techniquement que constitutionnellement, la révision constitutionnelle n’est pas réalisable » en Centrafrique. Ainsi, plusieurs voix s’élèvent dans le pays pour critiquer l’idée d’une modification de la Constitution, synonyme de l’instabilité politique et sécuritaire. Ce qui pousse le président Touadera et son équipe à changer de veste.

 

Le changement de veste..

 

C’est le ministre,  proche parent du président Touadera qui l’a dévoilé, contre toute attente, sur la radio France internationale (RFI), le mercredi 29 juillet dernier. Ce proche parent, c’est l’ancien bras droit de l’ancien président Bozizé, faiseur de Touadera Premier ministre, Fidèle Gouandjika, qui a déclaré que ce n’est plus la révision de la constitution, mais une nouvelle Constitution. Or, ce que que la famille touadera ignore, élaborer une nouvelle Constitution  n’est pas l’affaire d’une seule personne, encore moins d’un groupe des personnes assoiffées du pouvoir.

« L’affaire de la Constitution c’est une affaire qui doit être décidée unanimement par le peuple souverain, hors de tout contexte politicien », déclare un juriste à Bangui. D’après lui, avant d’élaborer une nouvelle Constitution, une concertation élargies avec toutes les forces vives de la nation, y compris la société civile s’impose. Une procédure longue et coûteuse. Il faut nécessairement définir clairement les raisons qui poussent la nation à élaborer une nouvelle Constitution.

« Pourquoi il a accepté en 2016, de jurer devant Dieu et les Hommes, main droite sur cette Constitution pour la respecter scrupuleusement et en 2021 aussi, il a fait pareil sans pour autant faire mention des difficultés qu’il rencontre dans son application et c’est à la fin de son mandat que cette Constitution lui mette trop de bâton dans ses roues ?», déclare un opposant contacté par la Rédaction et de conclure en rappelant l’histoire vraie d’investiture du feu président Ange FélixPatassé : « L’ ancien président Patassé, qui avait déjà à l’esprit la modification de la Constitution de Kolingba, avait délibérément orchestré son serment avec sa main droite posée sur cette Constitution et la main gauche levée, contrairement à la règle écrite dans cette Constitution et après l’annoncer dans son premier discours d’investiture pour en finir par l’élaboration d’une nouvelle. Que Touadéra et son équipe réfléchissent, qu’ils se rappellent des histoires ».

Affaire à suivre…

 

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