Bambari : colère et stupéfaction après la torture et assassinat d’un commerçant par les mercenaires russes

 

Rédigé par Bertrand Yékoua

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mardi 5 juillet 2022

 

Bangui (CNC) – La victime s’appelle Moubarak, âgé d’une trentaine d’années. Interpellé en plein midi  en présence d’une foule immense dans sa pharmacie du quartier Lawane par les mercenaires russes, il a été torturé et exécuté par ces derniers quelques heures plus tard.  Mais la nouvelle de son assassinat n’a été rendue publique qu’une semaine après son assassinat, et c’est la colère et stupéfaction qui domine au sein de sa famille.

Les mercenaires de Wagner à Bambari, dans la préfecture de la Ouaka, au centre de la République centrafricaine
Les mercenaires de Wagner à Bambari, dans la préfecture de la Ouaka, au centre de la République centrafricaine. CopyrightCNC

 

À Bambari comme ailleurs, la vie d’un Centrafricain ne vaut plus rien sur la terre de ses ancêtres. On peut le kidnapper, torturer, le violer ou encore  l’assassiner sans aucune conséquence possible pour ses criminels.

En effet, le jeudi 23 juin dernier, entre 11 heures 45 et  12 heures, les mercenaires de Wagner, dans leur pick-up, sont allés dans le secteur de Bornou, plus précisément au quartier Lawane, interpeller monsieur Moubarak, considéré comme le médecin des pauvres, le pharmacien de tout le monde. Il est né à Bornou, et grandi à Bornou. Soupçonné par les mercenaires de Wagner d’être le médecin du chef rebelle Ali Darassa, l’homme a été kidnappé, puis torturé avant d’être lâchement exécuté par les mercenaires de Wagner le même jour. Mais la nouvelle de son assassinat n’a pas été révélée à sa famille. Le préfet, sous-préfet, le maire ainsi que le commandant de la police et de la gendarmerie sont tous au courant de sa mort, mais ils ont gardé le secret.

Pendant ce temps, ses parents, inquiets, sont allés le chercher à la gendarmerie, à la police ainsi que dans la base des soldats FACA, mais il est toujours introuvable.  Le préfet et le chef local de la police ont confirmé à la famille que monsieur Moubarak est bel et bien vivant. Il suffit aux parents de leur amener de l’argent, ils vont négocier sa libération. Une vraie escroquerie.

Les parents, de leur côté, ont pu mobiliser une somme de 1,5 million de francs CFA à cet effet. Mais quatre jours plus tard, silence total jusqu’à ce  jeudi 30 juin que le préfet a texté l’un des parents pour lui annoncé la mort de Moubarak. Mais les parents, sans le corps de leur famille, n’ont pas voulu croire. Mais le lendemain, c’est-à-dire le vendredi 1er juillet,  des informations, circulant dans la ville, viennent confirmer les propos du préfet. Le corps de monsieur Moubarak avait été retrouvé en décomposition vers la rivière Ouaka par les passants, et la croix rouge l’a inhumé depuis trois jours. Cette fois, les parents n’ont plus rien à faire si ce n’est que de faire son deuil.

Pour la population du quartier Bornou et alentour, la mort de monsieur Moubarak est une perte énorme.

« C’est un homme qui ne voit pas l’argent. Il nous soigne sans nous demander de l’argent. C’est notre santé qui l’intéresse avant tout. Mais ce que les Russes ont fait, c’est nous tuer tous à petit feu », déclare un habitant du quartier Hadj de Bambari.

Affaire à suivre…

 

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