Centrafrique : réaction des Banguissois au partage de gâteaux de la République de Touadera

Publié le 26 mars 2019 , 9:29
Mis à jour le: 26 mars 2019 9:29 pm
Marché Fouh dans le quatrième arrondissement de Bangui. Credit photo : Mickael Kossi/CNC.

 

Bangui (CNC) – En groupe de deux, trois personnes, devant les kiosques de GPIC, sur les trottoirs, dans les maquis, l’invitation des seigneurs de guerre à se mettre à table avec Touadera ne cesse de délier les langues des Banguissois. CNC vous rapporte quelques réactions à chaud.

 

Corbeaunews Centrafrique (CNC) : Que pensez-vous des nominations des chefs rebelles à des postes de responsabilité publics ?

Firmin Paul, un retraité devant l’ecobank Centrafrique : Mon fils, ne me pose pas cette question. Touadera est réellement dépassé. C’est pour cela qu’il leur a fait appel pour arranger son bilan. On ne peut que laisser faire avec.

 

Mathieu, un autre retraité un peu plus loin : Avec ces nominations, on peut dire que le président Touadera a échoué. Nous comptons sur vous les journalistes, d’aller vers ces ministres rebelles et de leur poser des questions en français et sango. Vous verrez qui est qui.

 

Virginie, une femme qui entre dans sa cinquantaine : C’est maintenant que j’entends que les femmes sont aussi des rebelles dans ce pays de Boganda. Que se passe-t-il dans la famille Sayo pour que tout le monde devienne des rebelles ? Mère , Fils, Fille…

 

Drogba centrafricain, un footballeur : Jusqu’à ce jour, ils ne nous expliquent pas l’Accord signé. Si bien que je ne peux pas me prononcer sur les actes qui suivent. Mais ce qui va m’énerver demain et que j’invite tous mes compatriotes à prendre garde dès à présent, c’est quand les partisans de Touadera prendront d’assaut les médias publics de la République centrafricaine pour mentir au peuple, accuser tel ou tel alors que c’est leur chef Touadera qui a négocié l’accord de paix, le signer et nommer ces rebelles à côté de lui. Donc, il ne faut pas qu’ils reviennent demain nous détourner la vérité.

 

Un vendeur ambulant : Quel bilan le président Touadera nous présentera pour sa réélection ? Mieux vaut qu’il fasse sa valise dès maintenant.

 

Un étudiant en droit à l’Université de Bangui : Tout ça, ce sont les Russes qui poussent le président Touadera à coopérer avec les rebelles afin qu’ils trouvent l’occasion d’aller piller tranquillement nos ressources dans les zones rebelles. C’est vraiment une honte pour le président Touadera. Et malgré tout ça, ses partisans crient à la victoire du président sur les rebelles. Mais de quelle victoire ils parlent ? C’est rigolo.

 

Brigitte, une étudiante en sociologie : Je pense plutôt pour moi que ce sont les Français et les Américains qui font de telle sorte que Touadera est devenu impopulaire dans un premier temps et dans un second temps, qu’il soit entouré de la sorte. Car pour eux, Touadera est déjà en compagne pour sa réélection de manière frauduleuse dès le premier tour en 2021.

 

Un enseignant au lycée technique : Les FACA sont amenés maintenant à garder des maisons aux quartiers. Presque dans tous les quartiers de Bangui, quand tu te lèves le matin, tu vois des militaires devant des maisons délabrées et quand tu poses la question, on te répond c’est Paul qui est devenu ministre, Pierre qui est devenue Conseiller- ministre. Et ils sont hautement gardés à la maison. C’est par ce qu’ils sont tous des rebelles ? Tout le monde est ministre sous Touadera. Alors les recettes de l’État ne serviront qu’à payer les salaires plutôt que de fournir les services publics. Du jamais vu avec plus de 50 ministres en fonction dans un Etat ?

 

Christian, un policier : Toutes ces années de guerre, de tueries, de vols entre Balaka et Séléka c’est pour avoir ces postes ? Si c’est vraiment pour ça, il faut qu’ils retiennent maintenant leurs brebis. Sinon, on va les arrêter tous.

 

Cyprien Pounaba : je suis un home politique pour commencer et militant de MCU. Pour moi, il ne faut pas trop regarder méchamment la main tendue du président Touadera. Si le président Touadera a jugé utile de faire appel aux groupes armés de cogérer avec lui la Cité, il faut l’accepter. La paix n’a pas de prix. Et je crois qu’avec la mise en place des unités spéciales de sécurités, des préfets et sous-préfets rebelles dans les zones qu’ils contrôlent, le pays connaîtront un début de la paix pour un préparatif apaisé des élections de 2020.

 

Propos recueillis par Anselme Mbata dans les rues de Bangui

 

 

Copyright2019CNC

Aucun article à afficher