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CENTRAFRIQUE : QUAND LE POUVOIR JUDICIAIRE PERD SA BOUSSOLE À LA FRONTIÈRE DU DROIT DE GRÈVE ET DE LA LIBERTÉ DE MANIFESTER.

 

 

Bangui (CNC) – Depuis son accession à l’indépendance et son admission aux nations unies jusqu’à nos jours, la République centrafricaine a connu plusieurs lois fondamentales en dépit du manque réel de culture et d’alternance démocratique. Ces différentes constitutions ont la particularité de reconnaître les différentes valeurs fondamentales consacrées par les grands principes de droit dont le droit de grève, le droit syndical et la protection des libertés fondamentales. 

Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l'article. Photo courtoisie.
Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l’article. Photo courtoisie.

 

Rédigé par Bernard Selemby Doudou

Publié par Corbeaunews-Centrafrique (CNC), le mardi 14 mars 2023

 

QUAND LE POUVOIR JUDICIAIRE PERD SA BOUSSOLE

 

La constitution du 30 mars 2016 ne constitue pas l’exception car cette dernière dispose en son article 12 que : « les droits syndicaux, de grève sont garantis et s’exercent librement dans le cadre des lois qui le régissent…et ne peuvent en aucun cas porter atteinte ni à la liberté du travail, ni au libre exercice du droit de propriété ».

 

La lecture linéaire de l’article 12 de la constitution du 30 mars 2016 suppose que le droit de grève est encadré et proclame par voie de conséquence la prohibition du syndicalisme sauvage.

À contrario, il est important de rappeler que l’exercice du droit syndical est une prérogative d’ordre public consacrée par la constitution du 30 mars 2016 et que la grève est une liberté collective protégée par la constitution qui se manifeste par la cessation concertée et collective de travail en vue de satisfaire des revendications professionnelles. Elle peut revêtir plusieurs formes comme le débrayage, la grève tournante ou surprise avec occupation des locaux…

C’est dans ce climat confus, flou, embrouillé dans lequel il est difficile de retrouver une cohérence entre les autorités établies, l’opposition démocratique, le peuple, les Wagner et l’ultimatum annuel des autorités américaines que des leaders syndicaux de l’enseignement (fondamental 1 et 2) sont arrêtés et privés de liberté à la Section Recherche Investigation (SRI) de Bangui suite à des revendications purement corporatistes.

 

Il faut noter que les autorités de Bangui en manque de responsabilité voient en toutes revendications la main invisible de la politique et qualifient les acteurs d’ennemis de la république.

Dans les nations civilisées, on n’emprisonne pas les leaders syndicaux mais on négocie avec eux à travers le dialogue.

 

À l’instar du président de l’assemblée nationale qui s’était agenouillé pour demander pardon aux médecins, le pouvoir de Bangui en perte de repère instrumentalise la justice qui excelle dans sa soumission au pouvoir exécutif.

Sous d’autres cieux, le procureur de la république, gendarme des libertés fondamentales ne produit pas de communiqué menaçant ni pour sensibiliser…les textes réglementaires existent, il suffit seulement de constater les infractions, d’en rapporter les preuves formelles en vue d’activer l’action publique.

Incertain par la finalité de cette affaire, le citoyen lambda s’interroge :

La grève des enseignants était-elle déclenchée dans le respect des textes établis ?

L’arrestation des leaders syndicaux repose t-elle sur une base légale et réglementaire ?

Sachant que la seule voie de résolution de conflits sociaux demeure la négociation, pensez-vous qu’on peut négocier de façon saine dans le climat de prison, de menace, d’intimidation et de chantage ?

Pour préserver l’avenir de nos progénitures, nous demandons humblement aux autorités de Bangui de libérer sans conditions les leaders syndicaux et de créer les conditions d’une négociation en vue de satisfaire les revendications corporatistes des enseignants.

N’oublions surtout pas qu’on ne récolte que ce qu’on a semé et que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effet…malheur à ceux ou celles qui s’attendent paradoxalement à un résultat contraire.

Que Dieu protège notre fragile démocratie chèrement acquise au prix du sang de milliers de nos concitoyens et nous épargne des éventuels troubles sanglants.

Mais attention ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

 

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