Centrafrique: Mahamat Kamoun, le PM de tous les espoirs

Publié le 11 août 2014 , 10:12
Mis à jour le: 11 août 2014 10:12 am
Mahamat Kanoun, Nouveau Premier Ministre de transition en Centrafrique
Mahamat Kanoun, Nouveau Premier Ministre de transition en Centrafrique

Après des consultations qui commençaient à tirer en longueur, la présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, a finalement désigné, hier, le successeur d’André Nzapayéké. Le nouveau premier ministre centrafricain se nomme Mahmat Kamoun. Choisi dans un contexte particulier et pour un défi de taille, le nouveau PM centrafricain semble réunir un minimum de critères qui semblent pertinents pour les besoins de la circonstance. Mais il faudra certainement attendre que la composition du nouveau gouvernement soit dévoilée, pour vérifier que tout le monde aura été contenté, et qu’il y a des raisons de croire que l’alchimie fonctionnera.

Ces derniers temps, après les exactions dont certains Centrafricains de confession musulmane ont été victimes, et surtout suite aux multiples récriminations des rebelles ex-Séléka, tout le monde s’était fait à l’idée, que pour aller vers la paix et la réconciliation, la primature devait revenir à un musulman. La présidente, elle-même, étant de confession chrétienne, que le premier ministre soit de l’autre grande religion du pays, cela réparerait ce que certains assimilent à une injustice qui a cours depuis l’indépendance. Avec le choix porté sur Mahmat Kamoun, ce premier critère semble avoir été satisfait.

Mais il n’y avait pas que cet aspect dont il fallait nécessairement tenir compte. Le nouveau chef du gouvernement devait, également, être relativement proche des ex-Séléka, sans heurter fondamentalement les anti-Balaka. Là aussi, le jeu d’équilibrisme auquel s’est livrée la présidente centrafricaine semble plutôt réussi. En effet, Mahmat Kamoun ayant été directeur de cabinet de Michel Djotodia, il y a des chances qu’il soit accepté par la frange des ex-Séléka qui étaient du forum de Brazzaville. D’un autre côté, ayant travaillé au trésor centrafricain, il ne doit pas être un ennemi juré à l’ancien président François Bozizé, dont on dit qu’il est le parrain clandestin des anti-Balaka.

Son passage au trésor fait également de Mahmat Kamoun, un technocrate dont le pays a aussi besoin pour faire face aux enjeux immenses de reconstruction socio-économique. Mais par-dessus tout, si Catherine Samba Panza l’a choisi, c’est parce que mettant à profit le peu de temps que ce dernier a passé à ses côtés, en tant que conseiller à la présidence de la République, elle a eu le temps de s’assurer que le nouveau PM ne lui jouera pas des coups bas. Ce dernier critère doit être l’une des raisons qui ont poussé Catherine Samba Panza à ne pas entériner le choix de la communauté internationale dont la France qui, elle, misait davantage sur Karim Meckassoua.

S’il est vrai qu’avec la crise centrafricaine et ses nombreux retournements de situation, on n’est jamais trop prudent, il semble toutefois que la présidente ait relativement réussi le premier niveau de l’exercice qui, pour elle, consiste à recomposer son équipe gouvernementale. Il reste tout de même à meubler les autres postes ministériels. En sachant qu’à cet autre niveau, il est attendu que toutes les entités de la société centrafricaine soient rassurées, ce n’est pas une partie de plaisir qui attend la présidente et le nouveau premier ministre.

Or, dans la crise centrafricaine, le tout ne sera pas non plus de réussir ce second niveau, encore faudrait-il que dans ce nouveau gouvernement, les querelles identitaires et politiques, ainsi que les clivages socioéconomiques n’interfèrent pas dans la mission d’ensemble de conduite du pays en direction de la paix et  de la réconciliation nationale.

Pivi Bilivogui pour GuineeConakry.info

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