Centrafrique : L’Union Européenne repense son aide à la Cour Pénale Spéciale

L’Union Européenne repense son aide à la CPS )Cour Pénale Spéciale)

 

La MINUSCA Renouvelle son Soutien à la Cour Pénale Spéciale en Centrafrique

 

Bangui, 04 avril 2024 (CNC)

 Dans un contexte de justice fragile en République Centrafricaine, lUnion Européenne reconsidère activement son soutien financier à la Cour Pénale Spéciale, soulignant un moment critique pour lavenir de la justice dans le pays.

 

 La réticence de l‘Union européenne à financer la Cour pénale spéciale ce dernier temps met en lumière des problèmes plus profonds dans le système judiciaire centrafricain.

 

Un fragile espoir de justice : le rôle de la Cour pénale spéciale

 

Au cœur de l’Afrique, la Cour pénale spéciale (CPS) de la République centrafricaine représente une lueur d’espoir pour beaucoup, visant à juger les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Mis en place avec le soutien de la communauté internationale, sa mission est cruciale dans un pays marqué par les conflits. Pourtant, les développements récents ont jeté une ombre sur son efficacité et la continuité de son soutien international, en particulier de la part de l’Union européenne.

 

Un étau financier qui se resserre :

 

Le soutien de l’UE s’amenuise

Au cours des derniers mois, la bouée de sauvetage financière de la CPS s’est amenuisée. Alors que les États-Unis et la Minusca poursuivent leur soutien, les contributions européennes ont considérablement diminué. Ce changement survient dans un contexte de critiques sur l’incapacité de la Cour à poursuivre des personnalités de premier plan impliquées dans des infractions graves, malgré le mandat et les attentes clairs qui lui sont imposés.

 

Le talon d’Achille : l’ingérence politique et les évasions très médiatisées

 

Des cas notables, comme celui du ministre Hassane Bouba, du ministre Arnaud Djoubaye Abazène, du ministre Toumou Déya, du ministre Djono Ahaba, illustrent les problèmes fondamentaux auxquels la CPS est confrontée. Bien qu’ils aient été impliqués dans des atrocités de masse, notamment le massacre d’Ali Ndao, de Ndélé, où des centaines des personnes ont perdu la vie, les interventions gouvernementales ont conduit à leur tranquille liberté et à celle d’autres suspects. Pour le ministre Hassan Bouba, il a été inculpé par la CPS, incarcéré à la prison du camp de Roux. Mais sur décision du Président Touadera, les éléments de la garde présidentielle appuyés par les mercenaires du groupe Wagner sont allés le libérer de force sans avis de la CPS. De telles actions sapent non seulement lautorité de la Cour, mais signalent également une tendance inquiétante à l’ingérence politique, protégeant les principaux suspects de la justice.

 

Témoignages : le potentiel inexploité de la CPS

 

 

« Une justice tangible reste insaisissable », déclare un défenseur centrafricain des droits humains, soulignant la frustration et la diminution de la confiance dans la capacité de la CPS à rendre des comptes. Les membres de la communauté se font l’écho de ce sentiment, soulignant la disparité entre la promesse de la Cour et ses réalisations.

« Seuls des personnages mineurs sont jugés, tandis que les orchestrateurs de la violence sont en liberté », déplore un survivant du massacre d’Ali Ndao.

 

Défis sur le terrain : l’impact plus large sur la justice et la paix

 

La situation révèle une réalité déconcertante : les défis opérationnels de la CPS sont symptomatiques de problèmes systémiques plus larges dans le cadre judiciaire de la République centrafricaine. L’ingérence de personnalités politiques et militaires puissantes entrave non seulement le fonctionnement de la Cour, mais perpétue également un cycle d’impunité qui enhardit les auteurs et décourage les victimes de demander réparation.

 

Un appel à un engagement renouvelé : la voie à suivre

 

Pour que la CPS puisse mener à bien sa mission, il est impératif que les autorités centrafricaines et les partenaires internationaux déploient des efforts concertés. Il s’agit d’assurer l’indépendance opérationnelle, un financement adéquat et une protection contre les empiétements politiques. L’UE, avec sa position mondiale et son engagement en faveur des droits de l’homme, est particulièrement bien placée pour influer sur des changements positifs, à condition qu’elle réévalue sa position et se réengage dans la mission de la Cour.

 

Cette analyse met non seulement en évidence l’interaction complexe entre le soutien international et les processus judiciaires centrafricains, mais souligne également le rôle essentiel d’entités telles que la CPS dans les contextes de justice transitionnelle. Pour la République centrafricaine, le chemin vers une paix durable et l’obligation de rendre des comptes est semé d’embûches, mais le soutien et le perfectionnement continus de la Cour pénale spéciale restent des étapes indispensables pour atteindre ces objectifs.

 

Par Gisèle MOLOMA

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