CENTRAFRIQUE : L’INCOMPRÉHENSIBLE ÉNIGME SÉCURITAIRE.

Publié le 19 février 2017 , 7:36
Mis à jour le: 19 février 2017 7:36 am

CENTRAFRIQUE : L’INCOMPRÉHENSIBLE ÉNIGME   SÉCURITAIRE

 

Monsieur Bernard Selembi Doudou
Monsieur Bernard Selembi Doudou

 

Bangui, le 19 février 2017.

Par : Bernard Selemby Doudou.

La République centrafricaine s’est inscrite par la force des choses ou par mégarde dans la logique des défis. Après le défi électoral et le retour à l’ordre constitutionnel, le défi sécuritaire   se présente avec acuité. Une bonne partie du territoire national est occupée par des groupes armés qui ne cessent de commettre des exactions et des actes ignobles sur de paisibles citoyens. Ces derniers temps, de violents combats internes ont opposé des groupes armés qui se discutent la paternité et le contrôle de la ville géostratégique de Bambari, précipitant ainsi l’entrée en guerre en tant qu’arbitre de la force de l’ONU qui s’est fait violence en appliquant enfin les résolutions des Nations Unies qui encadrent leur mission en Centrafrique. Cette intervention de la Minusca fait l’affaire du groupe armé local c’est à dire de l’UPC. La   population des zones occupées sont apeurées et transhument à la recherche d’un espace d’accueil sécurisé. Le citoyen lambda noyé dans cet incompréhensible énigme sécuritaire s’interroge et interpelle les dépositaires du pouvoir de l’Etat de rompre le mutisme complice, de se souvenir du serment constitutionnel prononcé le 30 mars 2016 et de remplir leur mission régalienne. Nous comprenons ainsi que les pouvoirs des autorités de transition étaient limités dans le temps et dans l’espace. Mais ce pouvoir issu des élections est légitime, qu’attend t-il pour prendre des mesures qui s’imposent ? Le pouvoir a t-il mesuré la portée du concept sécuritaire ? À travers cette confusion, ce paradoxe, comment expliquer la cohabitation des forces de l’ONU avec une frange de groupe armé à Bambari ? Cette invasion ou occupation de la ville de Bambari par les groupes armés est-elle légitime ? Le fait de s’opposer à la partition   du pays et d’être partisan du programme DDRR justifie sa protection ? Le pouvoir a t-il un

 

contrat ou un agenda caché avec le groupe armé de Bambari ? Si oui, quels sont les termes   de ce contrat ? Ce groupe armé est-elle dispensé de toute poursuite pénale ? Les rebelles ont- ils le droit d’occuper indéfiniment une portion du territoire national ? Quel est le vrai mobile de cette guerre interne entre les groupes armés ? Quelle est la position du gouvernement par rapport à ce conflit ? Quels sont les enjeux et les objectifs finaux ? Est-ce pour faire de la ville   de Bambari la capitale de la supposée et fameuse République du Logone ? A qui profite cet imbroglio ? Les intérêts économiques se sont-ils invités à la crise ? L’invasion chinoise sur le marché économique centrafricain au détriment de nos traditionnels partenaires est-elle un   début d’explication à cette crise ? Nous appelons par la même occasion les forces de l’ONU d’arrêter l’hypocrisie car si elles peuvent définir une ligne rouge ou jaune autour de la ville de Bambari, qu’est-ce qui les empêche d’en faire autant à l’échelle nationale pour agréger la souffrance des centrafricains ? Au passage, nous nous interrogeons sur le programme DDRR, où est-ce qu’ils en sont ? A qui profite la lenteur du programme DDRR ? La caisse à outils du pouvoir ne contient que le programme DDRR comme solution à la crise centrafricaine ? S’ agissant des affaires connexes, quel est actuellement le sort de l’union sacrée ? Quelle est actuellement le sort de la rupture comme nouveau concept dans le vocabulaire centrafricain ? Dès lors que notre mathématicien n’a pas compris les formules de l’équation, alors il ne pourra jamais le résoudre. En stoppant l’avancée des groupes armés sur Bambari, la Minusca a   montré la voie qui devrait être la sienne comme solution idéale pour résoudre la crise centrafricaine. Fort de ce qui précède, le pouvoir n’arrête pas de bagayer, de tituber, de   s’enliser laissant le terrain libre à la naissance d’un front commun des partis politiques contre l’insécurité. Enfin les partis politiques se sont réveillés du long sommeil mais est-ce une   manière de renier l’union sacrée ? Il faut souligner que l’imbroglio sécuritaire n’est pas seulement l’affaire du pouvoir public, qu’a fait l’opposition pour contribuer à cet impasse sécuritaire ? Qu’a fait le parlement ? Chaque parlementaire attend que sa circonscription électorale soit attaquée pour vociférer ? L’insécurité et le désordre sont les modes de gestion par excellence du pouvoir central. Se liguer contre l’insécurité vous oppose de facto à la politique du gouvernement. La solution à la crise est alors le désordre, d’attiser le feu. Ce qui nous amène à comprendre la formule informatique suivante : “pour arrêter Windows, il faut cliquer sur démarrer” mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

Paris le 18 février 2017

 

 

Bernard SELEMBY DOUDOU Juriste, Administrateur des Elections

 

 

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