CENTRAFRIQUE : LES INNOMBRABLES MANŒUVRES ET IRRÉGULARITÉS POLITICO-JURIDIQUES GARANTIRONT-ELLES LA RÉÉLECTION DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ?

Publié le 30 octobre 2020 , 11:29
Mis à jour le: 30 octobre 2020 11:29 pm
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l'auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

« Dédicace à l’écrivain centrafricain Adolphe Pakoua décédé le 30 octobre 2020 à Amiens, France ».

 

Bangui, République centrafricaine, samedi, 31 octobre 2020, 05:18:32 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Le chronogramme électoral établi par l’Autorité Nationale des Élections a prévu des élections groupées (présidentielles et législatives) le 27 décembre 2020. Ce processus sensé réconcilier le peuple, qui se devait inclusif est émaillé des innombrables manœuvres et irrégularités politico-juridiques. Ces initiatives gouvernementales en faveur du pouvoir a créé un climat de tensions, de méfiance qui présage d’une crise électorale sans précédent. A l’ère de la pandémie du covid-19, le pouvoir de Bangui a préalablement tenté de modifier la loi fondamentale et réussi le tripatouillage de la loi électorale à six (6) mois des échéances électorales en violation des instruments juridiques internationaux.

 

L’exclusion de la classe politique au processus électoral n’étant suffisante, le pouvoir de Bangui fait une « main basse » sur la nouvelle Autorité Nationale des Élections car la procédure de recrutement des nouveaux commissaires électoraux était très opaque donc non transparente.

On remarque également la non-démission des membres du gouvernement et de certains membres des hautes institutions républicaines, candidats aux législatives en violation du code électoral qui prévoyait leur démission trois (3) mois avant les échéances électorales. Qu’à cela ne tienne, on enregistre entre autres manœuvres le projet d’invalidation des candidatures de potentiels concurrents, le découpage électoral taillé sur mesure, l’exclusion à desseins d’un grand nombre d’électeurs de la diaspora et de certaines préfectures, la modification des délais techniques qui n’a été nullement bénéfique pour l’Autorité Nationale des Élections, l’enrôlement des étrangers et des chefs de guerre sur la liste électorale rendant non fiable le fichier électoral.

Enfin, la liste des irrégularités au processus électoral se caractérise par une énorme entorse juridique liée à la signature du décret portant convocation du corps électoral avant l’épuisement du contentieux des inscriptions sur les listes électorale…qu’est-ce qui justifie cette précipitation dans ce cafouillage juridique ?

Nous ne savons sur quelle base la communauté internationale et le pouvoir de Bangui insistent pour organiser les élections groupées dans les conditions décrites alors que le territoire national est militairement occupé à 85% avec perception des recettes fiscalo-douanières, aucun désarmement des troupes n’a été effectué et surtout la revendication inédite des groupes armés qui réclament la « concertation » jadis proposée par la noble cour constitutionnelle.

Conscient que la suite logique de ses irrégularités auront des conséquences néfastes sur l’ensemble du processus électoral, le citoyen lambda s’interroge :

Ces innombrables manœuvres et irrégularités politiques garantiront-elles la réélection du président de la république ?

Peut-on multiplier des manœuvres au profit de l’intérêt supérieur de la nation ?

A qui profitent ces nombreuses manipulations ?

Au regard des différentes manœuvres politico-juridiques dans le processus électoral, le président de la république est-il prêt à accepter une éventuelle défaite ?

Au risque de confondre vitesse et précipitation, le président de la république s’est basée sur quelle liste électorale pour convoquer le corps électoral ?

Étant donné que le découpage électoral est à l’identique de celui de 2015, qu’a fait le gouvernement des villages rasés, désertés et des mouvements démographiques liés à la guerre ?

A la lecture synoptique des différents questionnements, il apparaît important de souligner que la somme des différentes manœuvres et irrégularités politico-juridiques aboutira inévitablement à la « contestation » des résultats du scrutin avec des conséquences incommensurables. A ce stade, il faut rappeler que selon la législation en vigueur, tout citoyen a le droit de contester les résultats électoraux devant la cour constitutionnelle et cela dans le délai imparti par la loi tout en sachant que la décision de cette noble cour ne peut souffrir de recours…ainsi, le droit peut-il mettre un terme à la contestation ?

Que va t-il se passer après la décision de la cour constitutionnelle ?

Au delà du fait que certains vont accuser la cour constitutionnelle d’être inféodée au pouvoir, ce dernier aura du mal à assoir son autorité sur l’étendue du territoire au risque de faire recours à la traditionnelle « ouverture » suivie d’un gouvernement d’union nationale qui n’a jamais marqué la république de ses empruntes.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 30 octobre 2020.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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