CENTRAFRIQUE: LES DEPLACES DU SITE DE M’POKO EXIGENT LE DEPART DE L’ONG PREMIERE URGENCE

Publié le 2 mars 2016 , 6:49
Mis à jour le: 2 mars 2016 6:49 pm

(Corbeau News Centrafrique)

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LES DEPLACES DU SITE DE M’POKO EXIGENT LE DEPART

DE L’ONG PREMIERE URGENCE

 

Bangui, (CNC), 03-03-2016

Les déplacés du site de M’poko parrainés par l’ONG Première Urgence Internationale (U.P) ne supportent plus la manière avec laquelle ils sont traités. Au cours d’une rencontre le samedi 27 février 2016 avec le personnel de cette ONG et le représentant du ministère des affaire sociales, M. Armand Gadenga, directeur général du ministère des Affaires Sociales en Actions Humanitaires et Etudes des Planifications des Statistiques Sociales, ces déplacés ont dénoncé la mauvaise gestion de ce site par cette ONG et le gouvernement en place.

La prise du pouvoir par la rébellion séléka le 24 mars 2013 et plus précisément les exactions perpétrées sur la population civile durant le règne de ce régime, a créé des camps des déplacés sur toute l’étendue du territoire national. A Bangui, les habitants des arrondissements cibles des ces exactions se sont refugiés dans des sites des 3ème, 4ème et 5ème arrondissements. Ces déplacés bénéficient de l’appui de certains partenaires.

Les raisons du soulèvement des déplacés

Pour les déplacés du site de M’poko, « la Première Urgence Internationale » est le partenaire qui défend les droits fondamentaux de ces déplacés. Après des tentatives de retour à l’ordre et à la paix pour le vivre ensemble, certains déplacés par crainte de la mort ne peuvent pas regagner leurs domiciles pour d’autres, leurs maisons ont été détruites durant la crise. Le site du M’poko reste le grand site des déplacés du pays en générale et de la capitale en particulier car il regroupe presque la majorité des habitants du 3ème arrondissement de Bangui, enclave musulmane. Mais la collaboration entre ces déplacés et leur partenaire n’est pas au rendez-vous. Les investigations menées par notre rédaction révèlent l’incompétence du gouvernement dans le suivi des activités que mène cette ONG sur le terrain auprès de ces déplacés. Alors que cette ONG a pour mission première, « d’aider les populations victimes de crises humanitaires en leur donnant la capacité de reprendre en main leur destin ». Ceci selon les principes des humanitaires.

Rappelons que la Première Urgence Internationale s’est installée en Centrafrique depuis 2007. Au début de l’année 2014 durant la récente crise et en complicité de la cheffe d’Etat de transition actuelle, elle a obtenu le monopole de négocier et de recevoir tous les financements et ravitaillements en produit destinés à ces déplacés.

Ainsi, le gouvernement actuel en partenariat avec cette ONG se fait du beurre sur le dos de ces déplacés. Même le coordonnateur général de ce site qui n’est autre qu’un déplacé est manipulé par cette ONG et du gouvernement en place et est devenu un traitre pour les autres déplacés.

Cette ONG ignore que les représentants des déplacés sont souvent formés par certaines ONG de la place sur le droit des déplacés relatif à la loi de Kampala et sur le logement terre, biens et propriétés. Ces déplacés confirment qu’ils souffrent de la mauvaise gestion de la P.U Ces déplacés se plaignent du fait que souvent contrairement aux autres ONG, si P.U organise un atelier de formation en leur faveur, ils ne bénéficient ni d’argent de transport ni du déjeuner. Le 17 février 2016, la responsable technique de la PU, Mme Amélie, lors de sa visite sur ce site, trouve un jeune habillé d’un tee-shirt portant l’effigie du candidat Martin Ziguélé, celle-ci est allé publier sur internet « dans les allées poussiéreuses de la zone 13, un quartier du camp, Francis Clotaire Himelet arbore encore un tee-shirt à l’effigie de Martin Ziguélé, son candidat favori, éliminé dès le premier tour du 30 décembre. C’est mon président à moi, affirme le jeune homme ».

Un tournoi de match de football a été organisé à l’intention des déplacés de ce site par cette ONG mais boycotté car ils ont découvert que le trophée n’avait aucune valeur financière contrairement autres matchs, organisés par cette ONG sur les autres sites, qui ont une valeur d’un million de francs cfa. Le trophée avait été loué à l’ONM à deux mille francs CFA. Bien que ce match fût organisé par cette ONG, le chef de mission Samuel Baudry, lors de nos investigations ne reconnait pas que ce match a été organisé par son institution. Alors que la responsable technique a publié sur internet que « pour tromper l’ennui des plus désœuvrés, l’ONG Première Urgence, gestionnaire du site, a organisé des jeux et un quizz de culture générale, pour lesquels les participants viennent répondre encouragés par des centaines de personnes rassemblées sous le soleil, vieillards et nourrissons compris ».

La colère des déplacés

Ce samedi 27 février 2016, au cours d’une rencontre avec les représentants de cette ONG certains déplacés n’ont pas hésité à demander à cette ONG de plier bagage. Pour une représentante des personnes du troisième âge : « nous avons fui la mort pour nous retrouver en ce lieu, malheureusement, les humanitaires nous prennent pour leur marche pied. Nous les gens du troisième âge, nous n’avons plus de force. P .U a promis de nous appuyer mais depuis 2014, nous n’avons rien eu. Les financements et les produits sont souvent inégalement distribués. Le personnel de cette ONG chargé pour ces tâches nous mélangent avec leurs parents qu’ils font venir des quartiers et ce sont eux qui en bénéficient et non nous les déplacés. L’ONG Médecins Sans Frontières, présente sur le site, ne s’occupe pas bien de nos soins, elle ne nous donne que des paracétamols à tous les malades sans faire de diagnostique. Le personnel de cette ONG est devenu des pharmaciens aux quartiers avec les produits qu’il devait utiliser pour nos soins. Présentement, PU monopolise tout et bénéficie sur nous. Le personnel ne voit que son intérêt. Nous voulons retourner chez nous car

nous avons trop souffert mais toutes nos maisons sont détruites. Les responsables de la PU m’avaient amené un jour chez moi où ils m’ont fait des photos à coté de ma maison détruite mais depuis lors cela reste sans suite. PU s’est transformée en notre ennemie et elle n’est pas notre amie, les déplacés du site de M’poko sont abandonnés. Ils sont considérés même par le gouvernement de transition et par l’ONG d’être des rebelles. PU n’a jamais fait le recensement des déplacés mais ces déplacés sont surpris d’avoir des chiffres falsifiés élaborés par cette ONG au nom des déplacés du site de M’poko ». Le personnel recrutent des jeunes qu’il utilise sans les rémunérer et à chaque fois il ne parle que de bénévolat, ce qui est très mal compris par ces déplacés qui n’ont rien à faire parfois pour gagner leur pain.

La consolation de l’ONG

Le directeur de coopération de cette institution en mission à Bangui, surpris de l’acte de son personnel appelle ces déplacés au calme et les prie d’avoir l’esprit apaisé. Il promet à ces déplacés qu’il est là au nom de tous les humanitaires et au nom des son ONG et que le respect de la personne humaine demeure sa seule préoccupation. Cette visite d’échange témoigne combien il est préoccupé de la situation des déplacés et plus précisément des déplacés du site de M’poko. Car la première chose à laquelle il doit faire face c’est d’être à coté de la population pour connaitre ses besoins. Il rassure ces déplacés que toutes les remarques seront prises en compte. Pour lui, si les déplacés se plaignent c’est qu’il y a un échec dans la mission que doit remplir son institution dans ce pays à travers son travail auprès de la population civile. Il souhaite à ce qu’un plan d’action avec les responsables du site soit mis en place dans lequel ils doivent énumérer point par point les problèmes auxquels il attend apporter de solutions. Les tâches sur le site doivent être reparties entre les humanitaires. Mais ce qui est primordial c’est le plan d’action. Car il y’aura des approches à chaque problème. Il promet aux déplacés qu’aucun problème ne sera négligé. Il appelle les déplacés a faire preuve de citoyenneté. Selon lui, les ONG viennent et partent ce qui reste c’est la communauté. C’est à la communauté de se construire. Ces déplacés exigent le départ de PU car, disent-ils sa présence sur le lieu n’a aucune importance.

Bangui, Eric NGABA Pour CNC

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