Centrafrique: les Anti-Balaka de Boeing font leur loi en lieu et place du gouvernement.

Publié le 11 août 2016 , 8:46
Mis à jour le: 11 août 2016 8:46 am

Centrafrique: Les Anti-Balaka du quartier Boeing font leur loi en lieu et place du gouvernement.

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Bangui, le 11 août 2016. 13:11′.
Par: Gisèle MOLOMA.

L’un des quartiers les plus dangereux de Centrafrique, le quartier Boeing, situé dans la Commune de Bimbo et très proche de l’aéroport Bangui M’Poko et du quartier Km5, est pratiquement oublié par les Autorités du pays si bien que les miliciens Anti-Balaka font leur propre loi digne de l’Etat Islamique sur la population locale. De la création du tribunal traditionnel à la mise en place de services des Douanes en passant par le contrôle de police, les Anti-Balaka font tout dans ce quartier.

“Chez nous, le service des douanes fonctionne à plein régime”. C’est en ce terme qu’un habitant du quartier Boeing nous a répondu lorsque nous avons pénétré dans ce quartier. À première vue, tout fonctionne à merveille à Boeing. Le marché, les commerces et les bistrots, la circulation des taxis motos affichent une normalité incontestable. Or, lorsque nous avons essayé de progresser un peu plus loin que la réalité du quartier Boeing nous a rattrapé.

Pour un Jardinier local, son quartier ressemble étrangement au territoire occupé par l’Etat Islamique actuellement en Asie mineure. Les Anti-Balaka, très nombreux à Boeing au même titre que Boy-Rabe et qui ne savent plus quoi faire pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs famille, érigent des nombreuses barrières sur la plupart des grands axes routiers et mêm sur les petits artères du quartier. À chaque barrière, les taxis motos versent une somme forfaitaire de passage par jours, les gros camions transportant des marchandises payent aussi des taxes qui s’apparentent à la taxe douanière. Devant l’une de nos équipes bloquée à l’une de leurs nombreuses barrières située juste à 200m de l’Eglise Christianisme Céleste de l’ancien Président François Bozizé, un camion de 10 tonnes rempli des sacs d’arachides avait payé 70.000 francs CFA à ces Anti-Balaka qui ont fixé au départ 150.000 francs CFA comme taxe douanière pour ces marchandises.

Cette pratique n’est pas la première ni la dernière à cette barrière. Selon nos enquêtes sur place, un tribunal a même été créé et installé à quelques mètres de cette barrière proche de l’Ecole Kokoro2 dans lequel, toutes affaires correctionnelles, criminelles ou sociales sont jugées dans ce tribunal de ces FACA-Balaka. Même dans le marché de Boeing, une de leurs équipes sillonne chaque jour pour collecter des taxes d’installation aux boutiquiers du marché.

Une situation normale pour certains habitants de ce quartier qui voient derrière le prix à payer pour leur sécurité. Tandis que les autres disent plutôt avoir subi régulièrement de traitements inhumains et dégradants de la part de ces FACA-Balaka. Finalement, quel rôle joue l’Etat dans tout ça?

Quand les Seleka demandent de diviser le pays en deux, les Anti-Balaka quant à eux remplacent les agents de l’Etat par leurs propres agents. Cette pratique tolérée par les autorités actuelles en place, profite énormément à ces bandits qui ne veulent rien comprendre.

Quand l’Etat est faible, les hors la loi s’imposent.
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