CENTRAFRIQUE : LE CESSEZ-LE-FEU UNILATÉRAL ET IMMÉDIAT DÉCRÉTÉ PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE REPRÉSENTE T-IL UN PAS DÉCISIF VERS L’INCLUSIVITÉ DU DIALOGUE POLITIQUE ?

Publié le 23 octobre 2021 , 11:07
Mis à jour le: 23 octobre 2021 11:07 am

 

Bangui, République centrafricaine, samedi, 23 octobre 2021, 15:59:30 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Au lendemain de la victoire inattendue aux élections présidentielles de 2016, la priorité des défis et enjeux du quinquennat s’articulait autour de la recherche de la paix, la cohésion sociale et la réconciliation nationale. Dérivé de cette logique arithmétique et cartésienne, un dialogue politique non inclusif a été initié entre le gouvernement et les groupes armés mais très vite controversé car les recommandations dictées ou imposées ne reflétaient nullement l’ampleur ou l’étendue de la crise militaro-politique.

Bernard Selembi Doudou
Bernard SELEMBY DOUDOU, auteur de l’article. Photo courtoisie

 

À l’orée des fêtes de fin d’année et en guise de représailles à la tentative d’incursion de la coalition des groupes armés dans la périphérie de la capitale, les mercenaires russes déguisés en instructeurs appuyés par les forces spéciales rwandaises ont ouvert la campagne de reconquête par des combats des territoires jadis occupés. C’est ainsi qu’avec la bénédiction sans réserve du pouvoir de Bangui, le slogan va-t-en-guerre de « win na win » eut une assise nationale en diabolisant au passage l’opposition démocratique ainsi que tout autre sujet de droit qui s’aventurèrent à contredire cette dynamique.

Paradoxalement à cette lancée guerrière qui semble s’essouffler, l’opinion nationale et internationale furent surprises par la décision inopinée de l’élu de la nation décrétant ainsi un cessez-le-feu unilatéral et immédiat sur l’ensemble du territoire national à l’exception du cas non circonscrit de la légitime défense.

Selon les versions officielles des médias d’état, cette sortie hasardeuse du président de la république tirerait sa source de nombreuses propositions de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL), de l’ONU, de la CEEAC balayées par le passé  d’un revers de main.

En conséquence de ce qui précède, il apparaît important de rappeler que cette initiative non concertée a été énergiquement rejetée par deux (2) groupes armés qui constituent la colonne vertébrale de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC). Face à cette incompréhension née d’un projet mal négocié par le pouvoir de Bangui, le citoyen lambda s’interroge :

Qu’est-ce qui justifie légitimement ce retour au bon sens, ce rétropédalage paradoxal à la stratégie initiale ?

Ce virage serré à 90 degré ne constitue t-il pas un facteur accidentogène ?

Le slogan va-t-en-guerre de « win na win » soutenu par les alliés russes et rwandais a t-il montré ses limites ?

Ce rétropédalage étourdissant contre toute attente représente t-il une faiblesse, un atout ou une force ?

Quelle est la plus value de cette feuille de route du CIRGL par rapport aux précédentes ?

Par le biais de cette décision, le président de la république a t-il trahi sa majorité qui ne jurait que par la guerre ?

Le rejet du cessez-le-feu unilatéral par deux (2) principaux groupes armés ne constitue t-il pas un obstacle à la sérénité du processus de paix en cours ?

Par ailleurs, en l’absence des ténors des groupes armés, le processus de paix favorisé par le cessez-le-feu ne serait-il pas une coquille vide ?

À l’heure de modération et de flexibilité de stratégie, peut-on affirmer que le cessez-le-feu créerait les conditions d’un dialogue politique inclusif ?

En tout état de cause, nous remarquons avec une logique clairvoyante et cartésienne que le réalisme politique ou la sagesse a rattrapé les autorités établies en vue du dénouement définitif de la crise. Pour ce faire, nous invitons respectueusement le chef de l’état d’aller au bout de sa logique car le le cessez-le-feu doit s’accoupler sans condition à l’inclusivité du dialogue politique pour donner une véritable chance au retour définitif de la paix.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 23 octobre 2021.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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