CENTRAFRIQUE : LA SIGNATURE DE L’ACCORD DE COOPÉRATION MILITAIRE AVEC LA FÉDÉRATION DE RUSSIE SUPPLANTE T-ELLE NOTRE SOUVERAINETÉ ?

Publié le 15 novembre 2019 , 7:01
Mis à jour le: 15 novembre 2019 7:01 pm
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

 

 

Bangui (République centrafricaine) – CNC – A l’instar des autres pays africains, la République centrafricaine est officiellement déclarée indépendante dans les années 1960 et exerce sa souveraineté dans les limites des frontières définies par la conférence de Berlin de 1885 sur le partage de l’Afrique. A l’issue de ses innombrables voyages infructueux à l’étranger et  plus fallacieusement dans la recherche de solutions à la longue et interminable crise centrafricaine, la diplomatie « dite offensive » par le pouvoir de Bangui a signé un accord de coopération militaire ambigu et non circonscrit avec la fédération de Russie. Ce fut la porte d’entrée ou un tremplin de l’invasion de notre territoire national par de mercenaires et experts de tous calibres.

 

Officiellement venus pour former nos militaires dans le maniement des armes légères autorisées par le conseil de sécurité de l’ONU, on enregistre injustement leurs présences dans la sécurité rapprochée du chef de l’état et pire dans les zones aurifères, diamantifères voire dans les renseignements généraux en violation de notre chère souveraineté nationale.

 

Comme si cela ne suffisait pas, les militaires russes autoproclamés experts en « tout » ont infiltré la noble et indépendante administration judiciaire qui symbolise et garantit l’état de droit. Ces derniers ont impunément usurpé les fonctions et les prérogatives du parquet général en accédant aux prisonniers de droit commun qui croupissent dans les prisons du camp Deroux pour extorquer des aveux contre un illustre opposant et cela suite à un interrogatoire bien musclé.

A titre de rappel, ces prisonniers entendus illégalement par les experts russes sont poursuivis depuis deux (2) ans sans jugement pour crimes d’atteinte à la sûreté intérieure de l’état, de terrorisme, de complot contre l’état et d’association de malfaiteurs. Choqué par ces comportements déviants qu’on ne peut qualifier d’ingérence, le citoyen lambda s’interroge :

 

Quel est en substance le contenu de cet accord de coopération militaire méconnu du grand public centrafricain ? Au nom de quel principe juridique ces militaires russes violent-ils notre noble souveraineté ? Même s’ils agissent pour le compte du pouvoir, que font-ils de la célèbre notion d’indépendance de la justice fondement de toute démocratie ? Peut-on parler de la notion d’ingérence dans ce contexte politique isolé ? Quelles sont les réactions officielles de nos autorités politiques et judiciaires sur ce énième dérapage de la coopération militaire russe ? On nous parle éventuellement de l’implantation d’une base militaire russe sur le territoire national, les élus du peuple ont-ils déjà scruté les différents paragraphes de cet accord militaire ? Peut-on expliquer de façon claire et explicite à l’opinion nationale le lien ou le rapport qu’il y’a entre un accord de coopération militaire et la galopante exploitation minière des militaires russes ? Enfin, pourquoi cette usurpation de titres et de fonctions des militaires russes qui est prévue et punie par l’article 408 du code pénal centrafricain ne connaît pas une ouverture d’information judiciaire de la part du procureur de la république ?

 

Au delà de la dimension géopolitique et économique de cet ambitieux accord de coopération militaire, la Centrafrique demeure et restera un État indépendant où doivent régner tous les attributs liés à un État de droit c’est à dire la séparation de pouvoir tant prônée par Montesquieu, le respect du principe de légalité sans oublier le respect des valeurs et libertés fondamentales. A la veille des prochaines échéances électorales, les autorités politiques centrafricaines doivent rappeler leur mafieux partenaire à l’ordre et de privilégier le «dialogue »avec toutes les forces vives de la nation conditions sine qua non de l’organisation consensuelle d’une élection libre, crédible, légitime et acceptée par tous. Le pouvoir centrafricain représenté par le président de la république n’a rien à perdre que de composer avec ses frères centrafricains car les puissances étrangères qui vous miroitent un meilleur avenir politique ne lorgnent que leurs propres intérêts.

 

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

Paris le 15 novembre 2019.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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