CENTRAFRIQUE : LA MAUVAISE GOUVERNANCE NOUS RATTRAPE

Publié le 10 avril 2020 , 5:09
Mis à jour le: 10 avril 2020 5:09 am
logo du parti démocratique centrafricain (PDCA) de jean serge Wafio
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PARTI DÉMOCRATIQUE CENTRAFRICAIN

(PDCA)

Chers(es) Compatriotes,

 

Je romps mon silence politique observé depuis quelques mois, durant lequel avec une poignée de Cadres du Parti Démocratique Centrafricain-PDCA, nous avons longuement réfléchi et élaboré le Projet de Société de notre Parti dans les perspectives des élections présidentielles et législatives. Entre temps, ayant pressenti certains signes précurseurs d’une impasse politique et d’un vide constitutionnel, au nom du PDCA j’ai alerté et proposé, en septembre 2019, aux Autorités Politiques Nationales et à la communauté internationale de Bangui, une concertation citoyenne en vue d’élaborer un schéma politique consensuel pour des élections apaisées et dans une sécurité assez avancée. Les circonspects propos tenus par Mr SHERGUI de l’Union Africaine m’ont amené à suivre, attentivement, les réalités socio-politiques de notre pays, lesquelles depuis novembre 2019, non seulement, me convainquent davantage d’un inéluctable glissement ou report de ces élections, mais plus, suscitent doutes et inquiétudes. Début avril 2020, aucune visibilité politique, aucun message politique audible ni rassurant, au contraire, nous assistons à de fortes tensions politiques, dégradant davantage l’atmosphère politique déjà délétère.

 

En effet, depuis décembre 2019, nous sommes tous témoins de fébrilités, d’insolites comportements, de retournements de situations, d’empressements politiciens qui ont rendu plus délétère l’atmosphère politique, ont donné lieu à constitution de fronts retranchés et aux aguets à Bangui, à la poursuite des tueries de masse en province. Je voudrais par la présente, nous interpeler individuellement et collectivement, et partager aussi humblement avec chaque compatriote la lecture de la situation politique de notre pays, à travers certains faits survenus de décembre 2019 à avril 2020 qui présagent de sérieux risques d’affrontements armés.

 

Nous, Centrafricains, sommes en ce mois d’avril 2020 à la énième croisée des chemins et cette fois-ci dans un cul de sac. Et l’histoire politique de notre pays nous a enseigné et renseigné qu’à chacune de ces croisées de chemin passées, nos gouvernants politiques ont toujours choisi les mauvaises voies de sortie. Cette fois-ci, nous n’avons plus droit à l’erreur. A l’issue des élections, qui ne peuvent qu’être différées à cause de l’impréparation, nous devrons nous affirmer, avoir l’audace de nous regarder frontalement ainsi que les autres (les yeux dans les yeux), bien faire nos choix de société, adopter les dignes et conséquents comportements politiques, avec des gouvernants matures et soucieux des préoccupations de leurs concitoyens, et surtout, nous devons savoir faire preuve d’un patriotisme politique orgueilleux et jaloux. Si nous manquons de courage, ayons la force morale et politique d’implorer les esprits de nos grandes figures du passé qui ont consenti l’ultime sacrifice, de nous inspirer, pour qu’enfin nous choisissions une bonne voie de sortie, parce que les quelques faits ci-après évoqués, sont en train de démontrer que  nombreux d’entre nous, n’ont pas encore compris ou refusent de comprendre et de prendre conscience de nos multiples inconséquences et turpitudes politiciennes, et laissent transparaître que leur seule obsession politique est l’occupation du fauteuil présidentiel à tous prix, même en sacrifiant les intérêts du Peuple Centrafricain, qui est le détenteur naturel et réel des pouvoirs et qui confère la légitimité.

 

  • PANIQUE DANS LE CAMP PRESIDENTIEL

 

L’arrivée impromptue ou inopinée de l’ancien Président de la République, le général BOZIZE et la publication des déclarations des généraux NGAÏFEÏ et YAGONGO ont créé une véritable psychose et d’irrationnelles fébrilités dans les milieux du Président de la République: camps retranchés et aux aguets, branle-bas de combats, appels à rescousse politique, refus des évidences, atteintes à l’intégrité physique, destruction des biens privés, arrestations-séquestrations arbitraires pour soupçons de coup d’Etat, mensonges d’Etat ont été les plus caractéristiques des actes traduisant cette psychose, alors que le bon sens nous impose l’impérative obligation de considérer la misère sociale entretenue et les préoccupantes attentes d’un Peuple Centrafricain méprisé, abandonné à lui-même, pour judicieusement arrêter les alternatives à proposer à ce peuple.

 

Au moment où toute la classe politique centrafricaine devrait observer une union sacrée et faire bloc autour du Président de la République, Chef de l’Etat pour l’aider à poser des actes politiques très forts en vue d’atténuer les effets du coronavirus ou covid-19 qui commence à faire ses premiers décès à Bangui, nous sommes étonnement sidérés de constater que ce Président de la République, Monsieur  TOUADERA, garant de l’unité nationale, se livre à de gravissimes errements, convaincant qu’il a perdu son sang-froid, après l’échec de la négociation menée secrètement auprès de l’ancien Président BOZIZE, par Monsieur BEYA François, Conseiller en matière de sécurité auprès du Président TSHISEKEDI de la République Démocratique du Congo, pour que ce dernier (le général BOZIZE) ne soit pas candidat aux prochaines élections présidentielles – Incroyable et inadmissible…, volonté de faire du fauteuil présidentiel une fonction politique ?

 

Après plusieurs déploiements intempestifs des forces de défense et de sécurité, appuyés par les forces spéciales de la garde présidentielles, lourdement armées dans la ville de Bangui, les arrestations musclées de dix-sept (17) anciens militaires et militaires encore en rang, ayant manœuvré dans la milice anti-balaka au domicile du Ministre du Tourisme et de la Culture Monsieur NDOMATE le 28 mars 2020, d’autres gravissimes errements ont été posés : (1) le 02 avril, suicidaire décision d’arrêter les Leaders Politiques membres du Collectif de l’Opposition Démocratique-COD-2020, (2)le 03 avril, faute d’arrêter les généraux BOZIZE, NGAÏFEÏ et le colonel BOZIZE Jean Francis, six (6) éléments des FACA ont été arrêtés à leurs domiciles respectifs et présentés comme surpris en tenues militaires en train de préparer un coup d’Etat : le mensonge d’Etat pour justifier des bavures, (3) le 04 avril, deux jeunes manipulés, ont été envoyés chez le Ministre NDOMATE pour lui proposer la vente de cartouches, véritable manque de stratégie politique.

 

Ces quelques fébrilités politiciennes reflètent une réelle panique dans le camp présidentiel et sont de nature à ouvrir la boîte de pandore.. Il faudrait cesser, par conséquent, de distraire les Centrafricains pour cacher les échecs d’une catastrophique gestion des pouvoirs de l’Etat. La situation de notre pays ne permet plus d’ajouter une crise à une autre, car nous avons le dangereux coronavirus, qui risque de faire de nombreux décès ces prochains mois, vu notre plateau sanitaire digne de l’âge des pierres.

 

Les diplomates et les militaires ont l’habitude de dire, On sait quand on veut ou on peut déclencher les hostilités, mais on ne sait pas toujours quand et comment les arrêter.

 

Le défunt Président KOLINGBA disait de son temps, ‘’ … ne pas détruire ce qu’on ne peut construire… A chacun son tour chez le coiffeur…’’. Avant-hier et hier, c’était les tours des Présidents BOZIZE, NDJOTODIA et SAMBA PANZA ; aujourd’hui c’est le tour du Président TOUADERA, demain ce sera inéluctablement le tour d’un autre. L’éternité au pouvoir ne se conçoit plus et ne s’accepte plus, parce que avant-hier et hier, le peuple centrafricain analphabète à 97 %, méconnaissait ses droits ; aujourd’hui, ce peuple est analphabète à 71 %, et il commence à réaliser qu’il a des droits à revendiquer. Demain, quand il sera analphabète à 50 %, il revendiquera davantage ses droits pour faire de la Politique une Mission d’Objectifs et non une fonction… C’est ça et ainsi la loi du jeu politique et de l’alternance démocratique. Le défunt général MALENDOMA disait, ‘’ … ballon a nzérè na passes…’’

 

Le Centrafricain lambda, non seulement observe ces fébrilités politiciennes, mais aussi s’interroge logiquement sur ce qu’il peut attendre des futurs candidats aux élections présidentielles et législatives, déjà en pré campagne et qui n’ont que l’obsession du fauteuil présidentiel ou du siège parlementaire ?

 

Interrogation légitime, vu que le Centrafricain, durant les six (6) décennies d’indépendance politique octroyée, a été et demeure le dindon de la farce, parce que désabusé, méprisé, abandonné à lui-même et victime des affres des multiples crises militaro-politiques qui l’ont déshumanisé, et aujourd’hui il risque de crever, à cause du coronavirus, faute d’assistance des gouvernants politiques.

 

  • MEPRIS ET REFUS D’ASSISTANCE A UNE POPULATION EN DANGER

 

En janvier, février, mars et avril, Alindao, Birao, Bria et Ndélé ont été à feu et à sang et continuent d’être à feu et à sang; le Centrafricain lambda a assisté, malgré lui, à la consécration de tueries de masse intolérables et insupportables, dans un silence-mépris des gouvernants et un silence-complice des forces internationales de la MINUSCA. Il s’interroge et s’insurge contre ce refus d’assistance à un peuple en danger.

 

Le mois de février 2020 sera à jamais marqué dans les annales de la vie politique centrafricaine comme le mois le plus riche en évènements politico-politiciens. Avant et après le sabrage du champagne pour commémorer l’an 1 de l’accord du dialogue-négociations forcées de Khartoum-Addis Abeba, alors que les tués-calcinés de  Alindao, de Birao, de Bria et de Ndélé ne sont pas encore tous mis en terre, il y a eu les scandales BOZOUMGATE, des passeports diplomatiques au Ministère des Affaires Etrangères, MAMPENZIGATE, la déclaration du chef de groupe armé ABAKAR SABONE, révélant les en-dessous de l’accord de Khartoum-Addis Abeba, caractérisés par des distributions d’enveloppes d’argent, pressions et in considération (cette déclaration fera l’objet d’une prochaine lecture politique partagée) et le refus d’entrée sur le territoire opposé au Président TOUADERA à l’aéroport de Dubaï (Qatar).

 

Incroyable et singulière conjonction de circonstances durant ce mois bissextile. Chacun de ces évènements interpelle tout Centrafricain, vu les circonstances dans lesquelles ils se sont déroulés et vu les perspectives des prochaines échéances électorales, qui ne pourront plus se tenir en décembre 2020 et en janvier-février 2021, réalisme et pragmatisme, oblige. Et le Centrafricain lambda de s’interroger et de douter, parce qu’il se demande ;  comment il va faire ses choix parmi les futurs candidats pluriels qui ne se préoccupent que du fauteuil présidentiel, alors que le peuple qui va conférer la légitimité des pouvoirs croule sous une misère inadmissible et entretenue ?

 

  • Rapport 2019 de HUMAN RIGHTS WATCH

 

HUMAN RIGHTS WATCH, dans son rapport 2019 sur Centrafrique a publié des statistiques comparatives sur les tueries de masse sous les trois (3) derniers régimes politiques de Bangui :

 

  • Sous le Président NDJOTODIA qui a passé dix (10) mois (mars 2013-janvier 2014) au pouvoir, 2 900 ( ?) Centrafricains ont été tués, soit en moyenne arithmétique, 290 Centrafricains tués par mois.
  • Sous la Présidente SAMBA PANZA qui a passé 27 mois (janvier 2014- mars 2016) au pouvoir, 330 Centrafricains ont été tués, soit 13 Centrafricains tués par mois, en moyenne arithmétique ;
  • Sous le Président TOUADERA qui est au pouvoir depuis le 30 mars 2016 (avril 2016-décembre 2019 = 45 mois), 7 000 Centrafricains sont tués, soit 156 Centrafricains tués par mois, en moyenne arithmétique. Alindao, Birao, Bria et Ndélé sont actuellement en train de battre ce lugubre record mensuel en ces mois de janvier, février, mars et avril 2020.

 

Ces statistiques comparatives ne peuvent que saper le moral, vu l’essence même de la prestation de serment du 30 mars 2016 du Président TOUADERA :  ‘’ la priorité des priorités est la sécurité durable et la défense du territoire national. J’y répondrai avec fermeté’’ (une des intentions chapelet tées dans le discours d’investiture du 30 mars 2016).  Au lieu de sécurité durable, nous sommes témoins de la sanctuarisation de l’insécurité absolue par des tueries de masse.

 

Dommage, le Président TOUADERA ne sait pas entrer dans l’histoire.

 

 

  • CORONAVIRUS OU COVID-19 :

 

Eh oui…, les évidences politiques ne se récusent pas, car elles s’imposent toujours. La mauvaise gouvernance, des différents régimes politiques, nous rattrape.

 

Depuis mi-décembre 2019 est apparu en Chine le coronavirus ou le COVID-19. À, mi-avril, il a conquis le monde entier à la vitesse de la lumière et aux aspects d’une troisième guerre mondiale. Alors que des gouvernants ailleurs se mobilisent et s’organisent pour minimiser les effets de cette arme biologique sortie d’un laboratoire, les Autorités Politiques Centrafricaines voulaient instaurer un silence-radio au début sur les premiers cas, sachant pertinemment que ce mal est arrivé à Bangui depuis janvier 2020, a commencé à faire ses premières victimes à partir de mars 2020 à Bangui et, risque de faire bientôt dans nos provinces de très nombreux décès, vu notre plateau sanitaire digne de l’époque de l’âge des pierres. Selon les informations de diverses sources concordantes, les premiers cas apparus à Bangui et délibérément cachés, seraient ceux d’un enfant d’une personnalité ou dignitaire politique, étudiant à Wuhan, rapatrié déjà contaminé (janvier 2020) et de deux responsables ou éléments militaires de la MINUSCA confinés à l’hôpital privé de cette institution (février 2020). Les banyamulenges et les éléments des précédents contingents des forces internationales avaient développé les syphilis, les staphylocoques et streptocoques dorés et le sida, les éléments des contingents de la MINUSCA vont tuer de nombreuses centrafricaines, avec le coronavirus et ceci ne préoccupe aucunement les gouvernants politiques actuels, alors qu’un consensus planétaire est en train de se dégager, selon lequel ‘’ la discipline a sauvé la Chine, l’indiscipline a noyé l’Europe. Mais l’inconscience va éradiquer l’Afrique…’’

 

Nos comportements politiques et sociaux à Bangui, surtout le manque de sensibilisation dans l’arrière-pays et la très faible sensibilisation à Bangui, l’irresponsabilité totale de certains de nos compatriotes, notamment les conducteurs de moto-taxi, des ouoro ouoro et koro-koro, les ambiance men de Bangui, indique que ceux-là n’ont pas encore réalisé, faute de vives sensibilisation et conscientisation par les Autorités Nationales, que ce coronavirus ou covid-19 est une véritable arme biologique sortie de laboratoire et qu’il fera plus de victimes chez nous que le sida et l’ébola réunis.

 

Qui comprendrait, qu’en 2020, après soixante (60) ans d’indépendance, même si elle a été octroyée, le pays ne puisse disposer que de quatre (4) établissements hospitaliers, ne possédant que trois (3) respirateurs ou appareils de réanimation, et sans anesthésistes ?

 

 A qui la faute ?????…..  A nous tous, y compris la communauté internationale de Bangui qui se fait l’alpha et l’oméga de la politique centrafricaine.

 

Outre les génocides en Centrafrique et en Afrique que fera ce premier grand mal du siècle (coronavirus ou covid-19), les grandes puissances qui vont connaître des récessions économiques, c’est-à-dire des recul, ralentissement, stagnation, baisse, chute, affaissement ou effondrement de leurs économies, vont se faire les ogres de matières premières gratuites, en se livrant aux pillages de l’Afrique, par renforcement du terrorisme dans les pays faibles, pour reconstruire leurs économies, et une fois de plus nous, Centrafricains, seront les dindons de la farce ou laissés pour compte, si nous n’arrivons pas,   malgré nos faiblesses, à nous organiser et contrôler notre territoire. Et c’est maintenant qu’il faudrait y penser, au lieu de chercher à nous entretuer. Nous n’allons pas chercher à occuper le fauteuil présidentiel pour diriger des tombes.    Soyons un peu plus sérieux et conséquents, et prenons garde des vaccins tests du covid-19, présentés comme vaccins contre la variole, qu’on cherche à inoculer aux enfants en province : cas de Bossangoa.

 

S’il faudrait considérer le rythme de l’évolution du covid-19 observé en Chine et en Europe, notre pays connaîtrait son pic, probablement très raide (moment de nombreux décès) durant les mois de juin-juillet-août 2020 à Bangui et août-septembre-octobre 2020 en province, selon les mouvements des personnes, si rien n’est fait d’ici là. Et ce serait deux périodes très déplorables pour nous, vu notre dénuement sanitaire et notre incapacité à nous prendre en charge.

 

Comme il a été évoqué ci-dessus, nous, Centrafricains, n’avons plus droit à l’erreur. Nous avons un impératif préalable, nous réconcilier avec nous-mêmes et envisager ces prochaines élections comme l’ultime alternative devant nous permettre de prouver notre maturité politique et notre prise de conscience, certes tardive, d’affirmer notre volonté d’instaurer une société centrafricaine plus déterminée, plus engagée, plus conséquente et capable de s’auto-organiser. Pour ce faire, la sécurité demeure et reste le déterminant.  Réconcilions-nous d’abord entre nous-mêmes, sur fond d’une sécurité avancée ; or avec le dialogue de Khartoum et la sibylline amnistie octroyée aux mercenaires-bourreaux importés, le Centrafricain lambda, et surtout chaque victime des affres seleka, n’a été que davantage outragée, déconsidérée, méprisée et a perdu toute confiance aux Autorités Politiques Nationales actuelles. Aller vite en besogne et ne pas tirer les leçons de 2015-2016, ne serait que suicidaire politiquement et collectivement…

 

Les Autorités Politiques Nationales et les Forces Vives de la Nation sont maintenant confrontées au réalisme et au pragmatisme politiques. A nous de démontrer que nous avons enfin compris et que nous entendions nous organiser autrement et en toute responsabilité conséquente, faire maintenant du concours de la communauté internationale un appui nécessaire et non un déterminant pour nos élections. Et c’est à dessein que le Président TOUADERA a refusé de prendre les dispositions qui s’imposaient pour organiser les élections à dates constitutionnelles retenues, mais il est pris dans son propre piège.

 

Une seule alternative s’offre à nous. Une concertation citoyenne en vue d’élaborer un schéma politique consensuel pour des élections apaisées et dans une sécurité assez avancée, ou vivre un autre coup d’Etat, ce qui serait très catastrophique pour nous tous.

 

 

  • APPEL A LA GENERATION LIVE

 

Je profite de cette lecture partagée des faits politiques qui laissent planer d’inquiétants risques politiques pour m’adresser à la génération live qui se distingue assez négativement ces derniers temps, alignement politique oblige. Cette génération a la chance de disposer d’un support ou d’un outil que ne disposaient pas les générations passées; le numérique ou l’internet comme chacun aime l’appeler, est un outil qui entrera de plus en plus dans les vies publiques et privées selon les possibilités ou maîtrise. Tout un chacun se doit de s’en familiariser.

 

Le live s’offre comme un moyen de contact ou de communication audio-visuelle directe et à temps réel, qu’il nous faut savoir utiliser à bon escient, parce que c’est un couteau à double tranchant. Une erreur vite lâchée, ne se rattrape pas et ne peut plus se rattraper. Et il en suit systématiquement mauvaise appréciation ou mauvais jugement. Dans dix (10), vingt (20) ans ou plus, les générations montantes, dont la génération live qui en fait partie et qui se fait connaître assez négativement, seront appelées progressivement à prendre la relève, selon les décades, dans l’organisation et la gestion de notre pays. Certains d’entre nous, des générations actuelles ou finissantes auront peut-être l’opportunité de les accompagner en conseils, alertes, compte-tenu de nos malheureuses ou heureuses expériences. Et c’est à elles de savoir capitaliser ces malheureuses et heureuses expériences pour mieux s’organiser que nous.

 

Qu’il s’agisse de générations passées, actuelles ou montantes ou futures, nous avons ont tous été moulés par un système éducatif conçu pour croire et accepter et non pour raisonner. Le système éducatif hérité de la colonisation, et  non encore adapté à nos réalités centrafricaines, enseigne ou éduque dans l’optique de la soumission et non dans celle du développement de l’esprit critique : le principe d’apprendre sans savoir raisonner, c’est-à-dire, apprendre au noir à tout supporter, à ne pas avoir d’esprit critique ; lui apprendre à croire et non à raisonner : C’était le mal que le colonisateur blanc a fait à l’Afrique et particulièrement à nous, Oubanguien hier et Centrafricains aujourd’hui. Compte tenu de ce moulage, les critiques ou observations offusquent irrémédiablement ou heurtent les susceptibilités, d’où réactivités épidermiques négatives ou destructrices. Cette négativité a beaucoup influencé et continue d’influencer les pratiques politiques chez nous, ce que nous appelons au PDCA, pratiques d’illettrisme politique.

 

Beaucoup d’entre nous refusent d’accepter que les contradictions et les observations positives nourrissent la Politique. Nous faisons de la Politique une fonction, alors que la Politique est une mission d’objectifs ; c’est pour dire que le discernement politique demeure encore un deus ex machina ; et appliquer la démocratie dans un tel contexte d’esprit, c’est faire tomber une goutte d’eau douce dans un verre d’eau de mer bien bleue, ce qui ne pourrait pas la dessaler. Il faudrait plus qu’une goutte d’eau douce. Nous devons saluer la lucidité de quelques Leaders Politiques qui font du discernement politique compte tenu de leurs valeurs et qualités intrinsèques. Les pratiques politiques chez nous ont été inspirées de mauvais modèles coloniaux, improvisés selon les esprits du Pape NICOLAS V, du roi LOUIS XIV et de l’esprit de la conférence de Berlin de 1885, modèles, bien que désuets, pérennisent une supériorité divine mal fondée et qui font grande place aux états d’âmes et intérêts, et surtout des intérêts qui ne sont pas ceux des autochtones.

 

La Politique, jusqu’à preuve du contraire, est et demeure une science avec des logiques et sur fond de réalisme et pragmatismes en fonction des nécessités d’adaptation, d’intégration ou d’implication. La Politique s’analyse et se conçoit en termes de missions d’objectifs, sur fond de gestion d’intérêts divergents, qu’il faudrait savoir concilier. C’est à ce niveau que les donnes sont souvent faussées et que le bât blesse.

 

Les générations passées et actuelles n’ont pas laissé ou n’ont pas fixé de repères, ce qui pourrait leur être valablement reproché, parce que beaucoup d’entre nous sont devenus ou se sont improvisés Leaders ou Hommes Politiques selon les nécessités, les circonstances ou par simple vocation fonctionnelle, sans être porteurs d’espoirs. Pour beaucoup d’entre nous Centrafricains, la Politique est encore une fonction, méconnaissant ainsi que la Politique est une mission d’objectifs. Être Député, être Ministre ou être Chef d’Etat, c’est la réussite sociale ou la concrétisation d’une ambition de grandeur, d’engrangements excessifs de richesses, de satisfaction personnelle, vision et conception déformées par des prismes injustifiés et antisociaux. Nous avons hérité d’un système politique, sans chercher à savoir comment il a été conçu ou élaboré, comment il avait fonctionné, et surtout nous n’avons pas cherché à l’adapter à nos réalités socio- économiques, parce que préoccupés par les intérêts, privilèges et avantages. Sans connaissance ou maîtrise d’un quelconque matériel ou engin, on ne saurait bien le manipuler ou le piloter. Nous devrons tous comprendre cela, pour bien savoir capitaliser les malheureuses expériences, car on s’assoit toujours sur une vielle natte pour tisser une nouvelle.

 

L’internet est un bon et mauvais outil, le live l’est autant, voire plus. Il fait connaître positivement et aussi il fait connaître négativement. Il ne constitue pas un luxe ou un privilège, mais demeure un support nécessaire pour communication à temps réel, genre visio-conférence. C’est un outil de travail, mais aussi un moyen de récupérations de données personnelles, d’exposition de la vie privée, de découverte des états d’âmes. Et nous, Centrafricains, nous nous faisons connaître négativement par moyen de ce support. Nous l’utilisons pour déverser aux yeux du monde entier nos mesquineries, nos inconséquences, nos haines, nos rancœurs et nos méchancetés. Selon les tranches des générations futures, certains (es) d’entre vous seront appelés à être des gouvernants, des opérateurs économiques, des prestataires services divers, des producteurs, en d’autres termes, vous serez des leaders ou porteurs d’espoirs. Et quand on est porteur d’espoirs ou leader, on est astreint à certains comportements, on doit exclure la banalité et la grossièreté de ses langages, en d’autres termes, on doit savoir prendre de la hauteur.

 

J’ai eu à suivre, indirectement, certains de vos lives sur youtube, facebook et autres. Force m’a été donnée de déplorer les insultes, les injures, les diffamations, les haines, les rancœurs, les méchancetés et autres, gratuitement déversées, ,cependant, dans vos lives, vous évoquez des comportements, faits, actes, gravissimes errements, des problèmes politiques, sociaux, économiques vrais ; vous exprimez parfois les réelles préoccupations du Centrafricain lambda ; vous mettez en relief le mépris de nos gouvernants envers le peuple ; vous vous faîtes la voix des sans voix, mais malheureusement sur fond d’insultes, de haine, d’injures et d’irrespect. Vous ne pouvez reprocher aux autres les erreurs que vous-mêmes commettez.

 

Comme je l’ai évoqué ci-haut, vous avez la chance d’avoir un support de communication à temps réel, chance que n’avaient pas les générations passées, mais il faudrait savoir en faire bon usage. Les critiques ou les observations objectives sont une vérité qui fait rougir, certes, les yeux mais ne les crève pas. Et quand on n’est pas formé à l’esprit critique, on n’accepte pas la vérité. La Politique ne s’improvise pas. Elle se conçoit, s’organise et s’anime. Et la Politique se nourrit de critiques et de contradictions, mais des critiques et contradictions objectives et non destructrices. Le défunt président de la République KOLINGBA disait de son vivant, ‘’ on ne détruit pas ce qu’on ne peut construire’’.

 

Merci de vous transcender pour ne plus faire des injures, des insultes, de la haine, de la rancœur, de la diffamation, de la méchanceté et surtout de l’irrespect, vos forces de frappe. Un adage zangoa dit : ‘’ le chef prend tous les crachats’’. Mais nos chefs politiques actuels refusent de prendre tous les crachats. Et ne faites pas comme eux, car demain, c’est vous qui serez les nouveaux chefs.

 

J’ose croire que ces quelques évidences évoquées seront bien partagées et feront l’objet d’une réflexion plus approfondie.

 

Sincères considérations.

 

WAFIO  Jean  Serge

Président du P D C A

 

Avril 2020

 

 

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