Centrafrique: LA FIN DE L’ANNÉE, LE MOMENT DE L’AUTO-ÉVALUATION ET DES RÉSOLUTIONS.

Publié le 30 décembre 2016 , 12:25
Mis à jour le: 30 décembre 2016 12:25 am

Centrafrique: LA FIN DE L’ANNÉE, LE MOMENT DE L’AUTO-ÉVALUATION ET DES RÉSOLUTIONS.

 

Bernard Selembi-Doudou. Photo personnelle.
Bernard Selembi-Doudou. Photo personnelle.

Bangui, le 30 décembre 2016. 10:44′.
Par: Bernard Selemby Doudou.

Dans les sociétés traditionnelles africaines et plus particulièrement en Centrafrique, les fêtes de fin d’année sont des occasions opportunes pour faire la paix, aplanir les différends familiaux, des problèmes conjugaux, des problèmes de bon voisinage etc…et tout cela dans l’optique de prendre des résolutions, des engagements pour les années à venir. Cette épreuve est présidée généralement par le chef traditionnel, le chef de tribu, l’aîné de la famille, le tout dans le strict respect des rites traditionnels respectifs. Ainsi, s’inscrivant dans la logique de cette formule imagée, l’Etat, personne morale de droit public, détenteur de la souveraineté nationale confiée par le peuple et incarnée par le President de la République élu démocratiquement se doit de se prêter moralement à cet exercice pour améliorer sa compétitivité au plan national et international : c’est de l’auto-évaluation. L’auto-évaluation par définition est une démarche qui vise à examiner par soi-même ses capacités ou à noter ses propres résultats. C’est un regard critique sur soi. Les centrafricains comprennent à l’évidence que les intentions factuelles du chef de l’Etat ne suffisent pas car à travers cette crise, les centrafricains ont changé, dans notre nouvelle société férue de diplômes, l’obligation de résultat fait appel aux approches normatives et comparatives. Dans le contexte étatique, l’auto-évaluation permet d’identifier les défis majeurs, les attentes de la population, les priorités managériales etc…afin d’améliorer qualitativement et quantitativement ses prestations en prenant en conscience avec soi-même des résolutions pour l’avenir. L’heure du mini bilan est alors arrivé. Ainsi, qu’est-ce qui a marché ou pas ? Est-ce que nos choix politiques ont été à la hauteur des attentes de la population ? Est-ce que mes stratégies et modes de gestion sont adaptés ? Est-ce que nous sommes en communion ou en symbiose avec le peuple ? Est-ce que nous sommes à l’écoute du peuple ? Est-ce que le début de mon mandat incarne réellement la rupture ? Peut-on parler de rupture quand on prend les mêmes et on recommence ? Aux États-Unis, est-ce que Donald Trump a récupéré les collaborateurs d’Obama pour la prochaine mandature ?Est-ce les centrafricains ont le sentiment de vivre le renouveau ? Toutes les personnalités étatiques soumises à la déclaration de patrimoines imposée par la constitution se sont exécutées ? Aux termes des trois trimestres de gouvernance, la constitution a été respectée ? Les droits de l’homme ont été respectés ? Pas d’arrestations arbitraires ? Ni de prisonniers politiques ? Quelles sont les réformes et modernisation entreprises par l’Etat ? Quelles sont les approches de solutions au problème de désert de compétences ? De désert de cadres ? Concernant le DDRR, quelles sont les actions déjà entreprises ? Le calendrier est-il respecté ? Quels sont les leviers à corriger ou à ajuster ? Le mathématicien de Boyrabe va t-il continuer à gérer le pays sans son propre parti politique ? Toutes les institutions prévues par la constitution à savoir le sénat et les municipales seront effectives dans le délai ? Les partis politiques d’opposition jouent-ils librement leur rôle de contrepoids ? Quels sont les rapports entre les partis politiques d’opposition et le pouvoir ? Les parlementaires jouent-ils librement leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale ? Quels sont les niveaux de rapport entre le pouvoir et le parlement ? A nos jours, combien de projets ou de propositions de lois ont été étudiés par les parlementaires ? Où est ce que nous en sommes avec la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance ? Les trois trimestres de gouvernance ont-ils des impacts sur le quotidien de la population ? En faisant une projection sur le rythme et le reste de la mandature, pensez-vous que vos ambitieux projets de société sont encore réalisables ? La délégation centrafricaine était euphorique après la table ronde de Bruxelles alors que vous êtes sans ignoré que l’argent ne veut pas entendre les bruits des armes, pensez-vous que cet enthousiasme est toujours le même ? Toutes les tentatives de négociations avec les groupes armés ont échoué et ces derniers continuent de se construire une fortune faramineuse au détriment du trésor public, maintenez-vous toujours l’approche de négociation avec les groupes armés ? Êtes-vous tenter de changer de stratégie pour suivre l’avis des experts en sécurité et désarmement qui privilégient l’épreuve de force ? Ces innombrables questions qui demeurent sans réponses et qui font l’objet de notre auto-évaluation sont aussi valables pour les parlementaires, le gouvernement, la hiérarchie militaire et même la communauté internationale car la Minusca doit remplir pleinement son mandat tel que défini par la résolution du conseil de sécurité de l’ONU en se muant de force de maintien de la paix en force d’imposition de la paix. Il faut noter enfin que l’auto-évaluation ne se limite pas seulement à l’auto correction car cette dernière à elle seule ne suffit pas. Il faut en complément revoir sa politique managériale et aussi les approches et méthodes. Souvenez-vous que l’intérêt supérieur de la nation passe en priorité. A l’occasion, nous saisissons l’opportunité pour souhaiter de bonnes et joyeuses fêtes de fin d’année à nos autorités, de la présidence à la primature, en passant par les parlementaires, la hiérarchie militaire, l’administration centrale…bref tous les centrafricains. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

Paris le 24 décembre 2016.

Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections. Tel : 0666830062

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