CENTRAFRIQUE : LA CONFÉRENCE DE ROME, LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE S’ÉMEUT ENFIND DE LA SITUATION SANGLANTE ET INTERMINABLE EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

CENTRAFRIQUE : LA  CONFÉRENCE DE ROME,  LA COMMUNAUTÉ  INTERNATIONALE S’ÉMEUT  ENFIND DE LA SITUATION SANGLANTE ET INTERMINABLE EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

 

Monsieur Joseph Akouissonne, l'auteur de l'article.
Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.

 

Bangui, le 22 juin 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

UNE  PAIX  INTROUVABLE ?

On ne peut que saluer l’initiative de SANT’EDIGIO de réunir à Rome les représentants des responsables politiques de la Centrafrique et des rebelles qui ont mis le pays à feu et à sang.

Malheureusement, dans le même temps, les bruits de bottes des insurgés sont devenus assourdissants. La course infernale à la mort a accéléré son galop, telle une chevauchée apocalyptique. Les affrontements sanglants ethnico-religieux sont, maintenant, de plus en plus meurtriers. La Kotto, la Haute Kotto et le Mbomou se sont embrasées. Bangassou, Bambari et Bria sont aujourd’hui des villes martyres. Des cohortes misérables d’habitants affamés fuient les combats entre les Antibalakas et les ex-Sélékas. Avec à peine un baluchon sur la tête, ils prennent les chemins de l’exil, pour se réfugier dans les savanes ou les forêts hostiles. Ou fuir jusqu’en République Démocratique du Congo. Les groupes armés ne font pas de quartier. Ils s’en prennent à des civils, qu’ils violentent, avant de les assassiner.

Les chefs rebelles sont recherchés par l’ONU et le Centrafrique pour « crimes contre l’humanité ». Certains sont visés par un mandat d’arrêt et interdits de voyage à l’étranger. Pour tenter de sauver leur tête de criminel, ils ont engagé une course qui dénote une cruauté sans égale. Ce qu’ils veulent à tout prix, c’est une amnistie générale, c’est l’impunité totale.

Comment les Centrafricains pourraient-ils l’accepter ?

UN REMAKE DE LIBREVILLE ?

Conscients de leur puissance de feu, les chefs rebelles vont vouloir imposer leurs desideratas. Puisque la MINUSCA et les forces internationales sont impuissantes, puisque l’État centrafricain ne dispose pas d’une armée opérationnelle à cause de l’ignoble embargo sur les armes décrété par l’ONU, puisqu’ils occupent déjà 60% du territoire, ils risquent de se comporter en conquérants inflexibles.  Jamais, on aurait du les inviter sans un désarmement préalable de leurs troupes.

La tentation pour un pays amoindri comme la République Centrafricaine, face à des rebelles puissamment armés, c’est de rechercher la paix (SIRIRI) à tout prix. On peut la comprendre, mais ce serait une erreur d’y succomber et de renouveler le fiasco de la Conférence de Libreville. Ce serait une trahison ou une capitulation devant l’innommable. Car la majorité des Centrafricains sont farouchement hostiles à l’élargissement des criminels de guerre et veulent qu’ils rendent des comptes à leur nation.

L’initiative légitime de SANT’ EGIDIO risque fort d’aboutir à un échec, ce qui serait regrettable. D’ailleurs, malgré l’accord de paix à peine signé, les massacres continus. Depuis ce matin 20 juin : Les villes de Bangassou, Bambari Bria et d’Alindao sont sous les feux incessants des factions rebelles. Plusieurs centaines de morts. Dans ces conditions on voit mal l’application d’un accord de paix.

UN RAPPORT POLITIQUE INQUIÉTANT

Le fait de dérouler le tapis rouge sans préalable aux rebelles armés est une aberration. C’est une reconnaissance de facto. Par décence et par respect envers les victimes, le désarmement immédiat des séditieux aurait dû être imposé.

Par ailleurs, ne pas avoir convié les représentants des victimes et du peuple centrafricain à cette réunion de Rome constitue une véritable faute politique. A la lecture du rapport de SANT’EGIDIO sur la paix en République Centrafricaine, on constate avec surprise que c’est presque l’impunité des bourreaux qui est envisagée !

Comment peut-on prétendre incorporer dans l’Armée Nationale Centrafricaine des séparatistes aux mains pleines de sang ? Sans leur demander des comptes ? Comment peut-on envisager le retour des Préfets dans leurs régions sous le feu des rebelles ? Dans ce rapport, on ne parle plus d’ailleurs de rebelles armés mais de « mouvements politico-militaires ». Est-ce que l’on n’est pas en droit de craindre une amnistie rampante insupportable ?

Que pensent les autorités centrafricaines des conclusions de ce rapport ? Est-ce qu’il ne constitue pas une menace pour le pouvoir du président Touadera et la survenue des rebelles au pouvoir ?

En outre, le fait que cette réunion se tienne à Rome au lieu de Bangui, égratigne quelque peu la souveraineté de la République Centrafricaine.

Espérons quand même que la réunion de Rome ne sera pas celle de la dernière chance ! Espérons qu’elle contribuera à ramener la Paix (SIRIRI) et la réconciliation en République Centrafricaine !

 

JOSEPH AKOUISSONNE