Centrafrique: Interview exclusive de Mme Marie Noëlle KOYARA, première femme Ministre de la Défense à CNC

Publié le 19 janvier 2015 , 6:30
Mis à jour le: 19 janvier 2015 6:30 am
Marie Noëlle Koyara
Marie Noëlle Koyara, Ministre d’État à la défense. Photo: Fred Krock / CNC

Interview exclusive de Mme Marie Noëlle KOYARA, première femme Ministre de la Défense

Il était une fois en République centrafricaine, une première femme nommée ministre de la Défense nationale. Mme Marie Noëlle KOYARA entre temps, Ministre d’Etat aux Travaux publics vient d’être confirmée au sein du Gouvernement Kamoun 2. A peine la liste des membres du gouvernement publiée, Marie Noëlle KOYARA a accordé une interview exclusive à Corbeaunews, occasion pour l’icône féminine centrafricaine de parler de son parcours national et international est ses impressions à chaud après sa nomination en tant que première femme dans l’histoire de son pays à occuper le poste de Ministre d’État à la Défense.

Corbeaunews Centrafrique (CNC) : Marie Noëlle KOYARA, bonjour ! Vous venez d’être reconduite dans le gouvernement avec la distinction particulière d’être la toute première femme centrafricaine à occuper le poste de Ministre d’Etat à la Défense nationale. A chaud, quelles sont vos impressions ?

Mme Marie Noëlle Koyara (MNK) : Je profite de votre pour présenter toutes mes reconnaissances à Madame la Présidente Catherine Samba Panza, Cheffe suprême des armées, cela veut dire qu’il y a deux dames qui sont à la tête de l’armée. Je remercie le Premier ministre qui a bien voulu me faire confiance pour me nommer à ce poste. Je pense que je ferai de mon mieux pour mériter ces confiances.

CNC : Mais qui est Marie Noëlle KOYARA ?

MNK : Après avoir passé l’école primaire, je suis rentrée au Couvant à Bouar, chez les Sœurs Clarisses. J’ai fait une partie de mes études secondaires au collège PI XII à Bangui, puis repartie à Bouar pour le BEPC. Après je suis revenue à Bangui où j’ai fréquenté le lycée Barthelemy Boganda.

Ayant envie de vite travailler dans ma vie pour m’occuper de ma mère, j’ai fait le concours de la Police où j’étais parmi les premières femmes à embrasser cette carrière. A la même année, j’ai perdu ma mère qui n’était d’ailleurs pas d’accord avec mon choix et tout de suite, j’ai estimé que sans la bénédiction de ma mère, je pouvais prospérer dans la Police d’où ma décision d’arrêter, malgré qu’à l’époque, tous ceux qui désistent à la formation de la Police devraient être arrêtés. Je suis arrivée à m’enfuir pour aller au lycée de Bambari où je ne connais personne. C’est le Feu Capitaine Grélombé qui m’a accueillie et m’a intégrée complètement dans sa famille. Un an plus tard, je suis revenue au lycée Barthelemy Boganda à Bangui pour préparer mon Baccalauréat avec une envie d’embrasser la carrière d’agronomie. Et quand j’ai eu mon Baccalauréat, on voulait m’envoyer en Russie, puis en Belgique pour suivre une formation de professeur, j’ai refusé. Mais, avec la complicité du Directeur de NPA de Mbaïki, aujourd’hui ISDR qui voulait à tout prix avoir une femme dans son établissement, j’ai réussi à m’inscrire là-bas et j’étais donc sortie première femme Ingénieur d’Agriculture dans notre pays.

CNC : Très jeune, vous avez commencé à servir votre pays dans le cadre de votre passion pour l’agriculture. Pourriez-vous revenir sur cette période de votre vie ?

MNK : A peine commencé ma carrière, à l’époque où l’empereur Bokassa [Jean Bedel] aimait faire la promotion de la femme centrafricaine, il voulait me nommer Ministre de l’Agriculture. Une fois de plus, j’ai bénéficié de la complicité de mon Directeur de l’INPA pour décliner l’offre au profit d’un stage pratique après mes études. C’est ainsi que j’avais eu la chance d’aller faire mon stage dans une Agence de coopération allemande (GTZ) dans la préfecture de l’Ouham Péndé. Là-bas, j’ai créé un service d’encadrement de la femme avec d’être recrutée par la SOCADA. Toujours en Jeans, je sillonnais les communes et petits villages à moto-cross, engin délicat qu’aucune femme ne roulait à cette époque. C’est que l’agriculture était plus une passion pour moi qu’un travail de salaire. De la SOCADA, comme le ministre de l’époque voulait mettre une femme à la tête du Projet de développement de l’Ombella Mpoko (PRODEROM), je me suis vue confier cette responsabilité où j’ai travaillé pour étendre le projet jusque dans l’Ouham Péndé, puis à Bouca. Le projet a fini par prendre le nom de PDSV qui a marqué son temps avec la production abondante de manioc et autre cultures vivrières dans le pays. D’ailleurs, c’est en la faveur de la réussite de ce projet que le que certaines personnalités ont demandé au gouvernement de l’époque de me nommer ministre d’abord de l’agriculture, mais le Président Kolingba [André] a préféré me nommer Ministre de la Promotion de la femme et de l’action sociale. Entre temps, quand je dirigeais le PRODEROM, je travaillais aussi pour l’Ong américaine ADF (African development foundation) qui avait pour vision d’aider les pays africains à s’auto-développer, à travers la mobilisation des financements pour les associations et Ongs.

CNC : Vous avez un parcours international garni et tout particulier…

MNK : Quand j’étais Ministre de l’Agriculture, à chaque fois, on initiait des activités à l’international et j’envoyais régulièrement mes dossiers. C’est ainsi que le Directeur général de la FAO de l’époque Jaques Diouf qui avait décidé d’augmenter le quota des femmes Représentantes a retenu six (6) femmes africaines et je faisais partie de ces femmes. La première fois, c’était au Cap Vert, puis j’ai passé sept ans au Burkina Faso, ensuite en Côte d’Ivoire où j’ai fait sept ans et demi avant d’être rappelée par mon pays pour servir dans le gouvernement. D’abord dans le gouvernement Tiangaye 2 comme Ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Puis, les autorités ont décidé de me passer Ministre d’Etat aux Travaux publics, à l’équipement et à l’aménagement du territoire. J’étais donc première femme Ministre d’Etat dans notre pays. Et encore il y a quelques jours, les autorités m’ont fait confiance pour faire de moi, Ministre d’Etat à la défense, une fois de plus première femme Ministre de la Défense en République centrafricaine.

CNC : Mme Marie Noëlle KOYARA, je vous remercie.

Interview réalisée par Fred Krock

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