CENTRAFRIQUE: IL ETAIT UNE FOIS UN PRESIDENT ÉLU POUR VOYAGER…

Publié le 10 juin 2016 , 8:35
Mis à jour le: 10 juin 2016 8:35 pm

(Corbeau News Centrafrique)

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IL ETAIT UNE FOIS UN PRESIDENT ÉLU POUR VOYAGER…

 

Bangui, le 11 juin 2016. 21:32′.

Ça commence à faire trop…oui il faut le reconnaître objectivement que la goutte d’eau ne va pas tarder à déborder le vase. Le President de la République s’est une fois de plus prêté à son exercice de prédilection : le voyage avec une suite infinie à l’étranger. Cet énième voyage commence à agacer alors que l’élu des centrafricains a beaucoup de priorités au niveau national.
Mais que cherche le President de la République à l’étranger ? Pourquoi ces voyages successifs ? Les solutions aux problèmes centrafricains sont-elles à l’étranger ?
Nous craignons qu’à travers ces différents voyages la communauté internationale profite de l’occasion pour l’intoxiquer, lui transmettre le virus de la mauvaise gouvernance au point d’oublier ses bonnes promesses de campagne. Le President de la rupture capitalise au compteur un nombre de voyage qui dépasse le nombre de décrets qu’il a signé et même qui dépasse le nombre de dossiers traités depuis son investiture. Qui paye ces différents déplacements ? Ne peut-il pas se faire représenter ? De quelle manière son entourage lui est utile ? Le chargé de communication de la présidence ne se rend t-il pas compte que tous les indicateurs ne sont plus au vert ? Il y’a une grogne latente au sein de la population qui risque de compromettre les efforts du gouvernement.
Ne peut-il pas déléguer temporairement certains de ses pouvoirs ? Pour illustration, le President camerounais a peu voyagé en trois décennies, son pays n’a pas prospéré ? Alors tous ces voyages ne sont autres que des fuites en avant, des alibis ou de la distraction politique.
Sur la base de la confiance du peuple centrafricain, nous vous invitons excellence, de vous consacrer aux priorités contenues dans le programme de gouvernement qui vient d’avoir le vote de confiance des parlementaires. Le volet paix et sécurité du programme de gouvernement devrait être le premier levier de la politique de la rupture eu égard aux atrocités subies par la population dans les territoires occupés par les groupes armés. Ainsi, le programme DDRR qui fait partie du volet sécuritaire ne se limite q’a des consultations liminaires et infructueuses. Qui s’occupe véritablement de ce programme ? Quand et à quel rythme il connaîtra son véritable début du commencement ? Dans la même logique, comment va t-il procéder pour désarmer les groupes armés ? Va t-il utiliser le 49-3 à la française c’est à dire passer en force ? Et si c’est le cas, en a t-il les moyens militaires ? Par ailleurs la juridiction judiciaire de la Ouaka n’a tenu aucune audience depuis 2013. Quels sont les sorts des prisonniers et justiciables dans ces localités ? Les droits fondamentaux des personnes détenues préventivement sont-ils respectés ?
Tous ces dysfonctionnements ne sont une préoccupation pour personne et on privilégie les voyages à l’étranger. S’agissant des territoires occupés, qui perçoit les impôts ? Les électeurs des territoires occupés ont rempli leur devoir civique en votant. Qu’est ce qu’ils ont eu en retour dès lors que le domaine de compétence du pouvoir central ne se limite qu’à une partie du territoire ? La lenteur, le laxisme et le manque de préférence dans les priorités ont permis aux groupes armés de se réorganiser, de coordonner leurs activités et éventuellement de nuire au peuple centrafricain. S’agissant des cours de mathématiques dispensés par le President de la République, il est notoire que ce dernier enchaîne de bonnes intentions et veut rester humble et simple.
En dépit de cet aspect, le President de la République ne doit pas disperser ses énergies car il est investi d’une mission noble confiée par le peuple. Depuis son investiture, le President de la République n’est plus la même personne qu’avant.
Il est revêtu de la tunique sacrée liée à la fonction. Pensez-vous que les étudiants suivent ces théories arithmétiques ? À notre avis non, ils sont fascinés, ils ne voient et ne suivent que les gestes et comportements d’un President de la République qui n’est pas accessible à tous. Dans les grandes démocraties du monde, le domaine universitaire est inviolable c’est à dire que les forces de l’ordre ne peuvent y pénétrer sans mandats. Quand le President de la République se déplace à l’université, il transporte tous ses dispositifs de sécurité sur les lieux entravant au passage les libertés publiques. La Centrafrique est malheureusement une poudrière actuellement, y a t-il un dispositif de contrôle d’accès dans les salles de cours ? Ces étudiants sont-ils fouillés dans le respect des dispositions légales ? Si oui, un étudiant à t-il besoin d’être fouillé pour accéder à une salle de cours ? Beaucoup d’interrogations restent en suspens.
Pour sa propre sécurité, nous demandons humblement au President de la République nonobstant sa bonne volonté d’arrêter de dispenser des cours à l’université et de se consacrer pleinement à la mission confiée par le peuple. Mais attention ne le dites à personne, si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Yaoundé, le 10 juin 2016.
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections.

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