CENTRAFRIQUE : FUREUR ET TERREUR

Publié le 11 septembre 2017 , 5:44
Mis à jour le: 11 septembre 2017 5:44 pm

CENTRAFRIQUE : FUREUR  ET  TERREUR

 

Fuite des musulmans de Bangui

 

 

Bangui, le 12 septembre 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

COURAGE, FUYONS !

          La communauté internationale semble avoir scellé le sort tragique de la République Centrafricaine.  Ce ne sont pas seulement des bruits de bottes que lon entend, ce sont aussi les craquements dun territoire, dune nation, dune république que lon disloque. Malgré les cris de terreur dune population suppliciée qui montent de ce pays, malgré la cruauté des envahisseurs mercenaires qui semble navoir aucune limite, malgré les massacres continus dune population désarmée, désemparée et en errance, les autorités centrafricaines, leurs tuteurs et la communauté internationale semblent avoir choisi : « courage, fuyons !» ou « laissons faire… »

          Pourquoi la République Centrafricaine, depuis son indépendance, pèse-t-elle si peu aux yeux du monde ? Pourquoi la France, ancienne puissance coloniale, ayant signé des accords de défense avec ce pays, s’est-elle parjurée ? Les rebelles sont-ils vraiment si redoutables militairement ? On dirait que la cinquième puissance du monde et la communauté internationale ont cédé devant des bandits disparates et mal fagotés. Ils sont nombreux, les Centrafricains qui sinterrogent légitimement sur les connivences  secrètes des chancelleries avec les rebelles. Qui les soutient ? Qui les finance ? Qui leur fournit des armes ? La partition leur a-t-elle été promise sur lautel des matières premières ? Il faut cesser de mentir aux Centrafricains qui ne sont pas dupes.

          Quant au gouvernement, chaque jour nous apporte la preuve de son incompétence. Il faut donc le changer. Le président Touadera, en tergiversant sur un remaniement nécessaire, risque une crise politique grave. Comment peut-on  accepter que l’autorité du président et du gouvernement s’arrête aux frontières de la capitale, puisque, pratiquement, le reste du pays lui échappe ? Sommes-nous à l’aube du surgissement de deux Républiques en R.C.A. : au centre et à l’est, la « publique Islamique  du Logone »,  comme en rêve le mercenaire nigérien Ali Darass, au sud et à l’ouest, la République Centrafricaine ? Deux entités risquent-elles de surgir aux yeux et à la barbe des Centrafricains désarmés et tétanisés ?

          Comme toujours, le peuple centrafricain est absent des palabres. Comme toujours, après s’être livrés à des danses du ventre cyniques et indécentes pour séduire les électeurs, les politiciens, incorrigibles, ont investi le Palais de la Renaissance dès la fin des élections. En prédateurs invétérés, ils ont anéanti l’autorité du président Touadera et lont pris en otage, afin dassouvir leur appétence irrépressible à l’argent et les projets, impérialistes et néocoloniaux, de leurs commanditaires et tuteurs étrangers. Depuis laccession du pays à l’indépendance, ses élites et ses politiciens creusent un puits. Ils ont atteint le fond mais continuent inlassablement à creuser. Ils vont sy noyer, en entraînant le peuple avec eux.

 

NOUVEAU GOUVERNEMENT ET NOUVELLE POLITIQUE AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD.

          Tous les jours, les Centrafricains et leur pays se rapprochent dangereusement du précipice. Ce ne sont pas des prédictions doracles et de pythies, cest la réalité. Elle est implacable. Avant quil ne soit trop tard, il faut prendre conscience des périls, initier, avec détermination, une nouvelle politique et former un gouvernement de combat, composé, à parité, d’hommes et de femmes patriotes, choisis sur des critères de compétences, en dehors de toute considération tribale, clanique, oligarchique ou amicale. Ce gouvernement aura un carnet de route précis : protection de la population, défense de l’intégrité du territoire, recherche de la paix (SIRIRI) et de la réconciliation nationale.

          Il est impératif quil ne subisse plus les diktats de la MINUSCA et des forces internationales. Il doit, au contraire, rappeler à la France le respect des accords de défense signés à la veille de l’indépendance.

 La République Centrafricaine nayant pas les moyens, ni économiques, ni militaires, de défendre ses populations et ses frontières, la France doit laider à le faire. Tous les jours, le nombre des suppliciés et la cohorte des villages incendiés, des lieux de cultes chrétiens profanés, notamment à Bria, à Bangassou et à Bambari, ne cessent de croître. Les populations fuient leurs villages pour se réfugier dans les pays limitrophes, laissant souvent derrière elle une enfance en perdition.

RUPTURE  AVEC  LE PASSE

          Le président Touadera doit réagir. Il doit, surtout, montrer son autorité, mettre en œuvre une politique de combat, associer les citoyens à la recherche de la paix (SIRIRI) et de la réconciliation. Le Forum de Bangui, nous disait- on, avait entendu les souhaits du peuple. Depuis, semble t-il, les désirs de la population nont pas eu un début de mise en œuvre. Dans son adresse au pays à la suite de sa confortable élection, le président Touadera avait suscité un immense espoir, celui de voir la rupture avec un passé calamiteux, un passé d’injustices sociales, de prévarications et d’impunités.

          Malheureusement, on est obligé de constater que les mêmes handicaps sévissent toujours. Que les mêmes prévaricateurs manigancent au gouvernement et à la Présidence de la République. Une pléthore de conseillers comporte en son sein des calculateurs, des comploteurs et des assoiffés de biens mal acquis. Il ne faut pas attendre de ces conseillers -là la moindre conscience patriotique. Il nest pas impossible, dailleurs, que certains travaillent au sein du pouvoir pour la Séléka, afin dassurer leurs arrières.   

         Il ne faudrait surtout pas que les liens de trente ans entre le Premier Ministre et le Président de la République freinent un remaniement nécessaire de Gouvernement.  Rappelons-nous quen politique, les amis, cest comme le miel qui attire les abeilles, qui disparaissent dés que le pot est vide. Autrement dit, méfions-nous de nos amis.

 

                                                                                                                        JOSEPH  AKOUISSONNE

                                                                                                                                              (11 septembre 2017)

 

 

Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l'article.
Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l’article.

 

 

 

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