Bangui (République centrafricaine) – Professeur de droit à l’université de Bangui depuis 38 ans, monsieur Jean-Pierre Waboué, avec madame Danièle Darlan, faisait partie des enseignants du supérieur ayant formé un tas des élites centrafricain. Intégré à la cour constitutionnelle, Danièle Darlan et Jean-Pierre Waboué ont formé une alliance dure derrière le Président Touadera, leur ancien collègue universitaire. Ils ont fait tout en faveur de celui-ci, parfois en prenant même des décisions non conformes à la constitution. Mais depuis près de trois mois, avec le départ forcé de madame Danièle Darlan de la cour constitutionnelle, il succède à celle-ci et devient le nouveau Président de la cour constitutionnelle. Mais avec la dernière décision de la cour constitutionnelle, les Centrafricains se demandent maintenant de quel côté serait Jean-Pierre Waboué, Président de la cour constitutionnelle et pasteur de l’église de coopération évangélique de Gobongo.
Rédigé par Gisèle MOLOMA
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mercredi 18 janvier 2023
Coup d’État constitutionnel de Touadera, de quel côté serait Jean-Pierre Waboué
Principal artisan de la victoire à double reprise du Président de la République à la présidentielle de 2015 et de 2020, le Professeur Jean-Pierre Waboué, Président de la cour constitutionnelle a été reçu le vendredi 4 novembre par le Président de la République Faustin Archange Touadera. En présence des autres membres de la cour, monsieur Waboué a Pu discuter durant des heures avec le chef de l’État sur plusieurs points, notamment sur le Sangocoin et le projet de la nouvelle constitution retoqués précédemment par la cour à l’époque de madame Danièle Darlan.
Justement, depuis la décision de la Cour Constitutionnelle déclarant inconstitutionnels les décrets relatifs à la révision de la Constitution ou à sa réécriture , le Président de la République et son gouvernement initient et activent des manœuvres multiformes de contournement de cette décision. D’aucuns pensent que monsieur Jean-Pierre Waboé avait été reçu par le chef de l’État dans le but de définir avec lui la nouvelle stratégie qui pourrait ouvrir la voie à un troisième mandat au Président de la République.
À lire aussi : BRDC : « la Centrafrique renoue avec la dictature et le parti unique au modèle russe
Doute et étonnement
Ce qui étonne plus les centrafricains, c’est la dernière décision de la cour constitutionnelle du 3 janvier 2023 suite à la requête introduite par le BRDC aux fins de déclarer l’inconstitutionnalité du décret n°22.419 du 03 octobre 2022, complétant les dispositions du décret n°06.156 du 10 mai 2006, fixant les dispositions particulières applicables aux cadres de l’enseignement supérieur en République centrafricaine, puis le décret n°22 455 du 24 octobre 2022, rapportant les dispositions du décret n°17.133 du 10 avril 2017 entérinant la désignation des membres du bureau de la Cour constitutionnelle.
Sur les requêtes introduites par le BRDC, la Cour constitutionnelle, illégitimement composée, selon l’opposition, aurait dû se contenter de l’examen des arguments de droit qui lui avaient été présentés au soutien des demandes en déclaration de l’inconstitutionnalité de chacune des deux décrets, pris par le Président de la République, a coupé la poire en deux: – Pour l’inconstitutionnalité du décret du 3 octobre 2022, elle a pris fait et cause en faveur des arguments de droit développés par les requérants et a annulé ledit décret. Pour l’inconstitutionnalité du deuxième décret, celui du 24 octobre, elle s’est tout simplement abstenue d’examiner les moyens de droit soulevés par les requérants. Elle s’est contentée de faire du hors sujet, évoquant des faits qui ne sont même pas rattachables aux problèmes de droits contenus dans la requête du 26 octobre 2022. De plus, elle a fait fi de ce que son examen ne s’entend que dans les limites des moyens écrits figurant dans les requêtes des 20, 24 et 26 octobre 2022, car la procédure devant la Cour constitutionnelle est écrite et non orale.
À lire aussi : Crise politique et institutionnelle en Centrafrique, le BRDC hausse le ton et menace de descendre dans la rue
Waboué, de quel côté êtes-vous?
Pour les Centrafricains, madame Danièle Darlan et monsieur Jean-Pierre Waboué sont à l’origine de la formation de la génération des imminents cadres administratifs centrafricains. Par coup de chance, ils ont siégé ensemble comme juges à la cour constitutionnelle. Ils ont instauré plusieurs jurisprudences. Certes, ils commettent parfois de bavures en validant faussement la victoire de certains candidats aux législatives comme à la présidentielle, mais ils restent aujourd’hui des exemples pour des générations à venir. Avec le départ de madame Danièle Darlan de la cour constitutionnelle, c’est lui monsieur Jean-Pierre Waboué qui représente désormais la seule voix du peuple centrafricain face à la volonté du Président de la République d’instaurer une dictature en RCA. Mais ce peuple martyrisé se demande aujourd’hui si vous, monsieur Jean-Pierre Waboué, vous êtes du côté du peuple centrafricain ou du Président de la République.
Attention, c’est votre crédibilité qui est en jeu.
Imaginant, l’Assemblée nationale a récemment voté une loi totalement anticonstitutionnelle sur la procédure référendaire en RCA, disant que c’est sur proposition de la cour constitutionnelle que cette loi a été votée. Quelle folie?
Nous reviendrons sur ce volet dans nos prochains articles.
À lire aussi : Le BRDC prévient : une poursuite pénale pourrait être engagée contre tous ceux qui usurperaient la qualité de juge Constitutionnel
Corbeaunews Centrafrique
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Cliquez sur ce lien pour intégrer notre groupe WhatsApp : CNC Groupe
Rappelons que dans ce groupe, seuls les administrateurs publient des contenus. Et c’est réservé uniquement aux articles du CNC.