Centrafrique: Catherine Samba-Panza et Michel Djotodia, Bonnet-blanc, blanc-bonnet ?

Publié le 30 août 2014 , 7:00
Mis à jour le: 30 août 2014 7:16 pm

Corbeau News Centrafrique

Elue lors d’une élection organisée par le Conseil National de Transition suite à la décision des Chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et de France qui a vu la démission du chef rebelle de la coalition séléka, ancien président de la transition, Michel Djotodia et son premier ministre Me Nicolas Tiangaye, Dame Catherine Samba-Panza fonce à une vitesse troublante, pied collé à l’accélérateur sur le chemin de son mentor sans regarder au rétroviseur.

Samba-Panza et Jean-Jacques Démafouth
Au lendemain de sa prise de fonction au palais de la Renaissance où Djotodia et bande à la gâchette facile ont laissé dans un piteux état, Catherine Samba-Panza qui aurait fait partie des braves filles du continent africain si elle gère bien la transition, tombe aveuglement dans les errements de ses prédécesseurs, lesquels sont les principaux auteurs de ce chaos total.
Au regard du déclenchement de la crise récurrente, je dirai pour ma part, qu’après le président, feu Ange-Félix Patassé, la république centrafricaine souffre cruellement d’homme d’Etat. Depuis le coup d’Etat du 15 mars 2003 de François Bozizé qui a renversé Ange-Félix Patassé démocratiquement élu, le pays est gouverné que par des arrivistes sans vision qui pilotaient à vue, des bricoleurs en politique qui ne regardaient que leurs intérêts personnels et non ceux de la nation.

Catherine Samba-Panza et Michel Djotodia
Revenons à la gestion transitoire en cours de Dame Catherine Samba-Panza qui fait déjà l’objet d’une critique très sévère des centrafricains. D’autres n’ont pas mâché les mots pour demander sa démission. Dès son élection, on ne sait quelle mouche l’a piquée, elle se permet de nommer ses progénitures et les amis de son époux aux postes très importants à la présidence de la République et la BEAC. Un début de dynastie transitoire qui ne dit pas son nom. Alors que les centrafricains s’attendaient à un gouvernement des technocrates, Catherine Samba-Panza forme une composition gouvernementale des va-t-en-guerre  (séléka et antibala) dénoncé vigoureusement par les centrafricaines et les centrafricains. Au finish, les forces vives de la nation relèvent son incapacité notoire de diriger et exigent le départ de son premier premier ministre  André Nzapayéké qui n’a pas rendu public son bilan en quittant la primature suite au forum politique de Brazzaville, qui a vu la participation des centrafricaines et centrafricains sous l’égide du médiateur de la crise, le président Denis Sassou Nguesso. En cachant ce bilan médiocre aux centrafricains, Catherine Samba-Panza le dévoile aujourd’hui après la mise en place du nouveau gouvernement que va désormais diriger Mahamat Kamoun qui ne fait pas l’unanimité. Cette dernière a d’emblée, fait une mise en garde aux membres du nouveau gouvernement en déclarant lors de son premier conseil des ministres qu’elle veut des actions concrètes et visibles, et que les bilans ministériels seraient présentés à chaque trimestre. Celui ou celle qui est incapable de diriger un ministère sera mis à la porte. On ne peut ne pas dire que c’est une bonne initiative. Tout bon gouvernement qui veut réussir à sa mission est à la recherche de l’excellence.
A titre de rappel, la Cheffe d’Etat avait limogé Olivier Malibangar son ancien ministre des mines mais les raisons de ce limogeage reste un secret de polichinelle. Tout centrafricain éveillé je crois, et qui observe bien la vie politique nationale peut bel et bien imaginer de quoi il s’agit. Je me rappelle que Joseph AGBO qui revient aux affaires à la tête de ce département en question avait été limogé par le président Ange-Félix Patassé pour détournement des diamants de très grande valeur qui se chiffraient à des milliards de fcfa… Et récemment, toujours sous le règne de Catherine Samba-Panza, 900 carats ont disparu de la présidence de la République et ces diamants seraient les pierres précieuses oubliées de Michel Djotodia. Ce dernier avait-il un chantier diamantifère ? Des interrogations se posent sur cette affaire sous-marine et donnent à réfléchir. Je dirai que la justice doit jouer son rôle avec efficacité. Dommage que vous conviendrez avec moi que la justice centrafricaine n’est plus indépendante et ne joue que le jeu du pouvoir central de ces dictateurs qui se sont succédés. Les forces vives de la nation doivent engager une procédure judiciaire contre les crimes économiques si l’Etat ne le fait pas.
Ironie de sort, la Cheffe a envoyé une délégation à Cotonou au Bénin pour rencontrer Michel Djotodia poursuivi officieusement par la Cour Pénale Internationale et à qui la Communauté internationale interdisait les actions politiques pendant l’asile. “(…) Je peux dire que le président Michel Djotodia est pour la paix, a déclaré l’envoyé spécial, Anicet-Clément Guiyama Massogo. (…),
“Nous avons abordé toutes les questions liées à la contribution du président Djotodia au retour de la paix, à la sortie de crise. Que nous le voulions ou non, c’est un ancien président et il a un impact sur ce qui se passe sur le terrain. Il a une contribution à apporter pour le respect de l’accord de cessation des hostilités, pour le désarmement”, a-t-il expliqué. Alors, il va sans dire que Catherine Samba-Panza et son envoyé sont les disciples de celui qui a été à la tête d’une rébellion des barbares qui nous ramène à l’autre époque. C’est impensable et bien entendu inadmissible que la Cheffe de la transition court vers Djotodia qui a mis le pays dans le chaos total pour demander des avis et comment il faut diriger. On ne peut demander à quelqu’un qui n’a su rien faire à la tête d’un Etat ce qu’il faut faire pour avancer ou comment faire pour mener le bateau à bon port. Aller comprendre que toutes les transitions ne sont dirigées que par des apprentis sorciers, des qui on ne doit rien attendre de bon. Pour preuve ! Catastrophe générale. Comme bilan : des centaines de milliers de mort, destruction économique et pillages outranciers et autres exactions de tout genre.
En effet, la Cheffe doit faire vite et bon pour qu’on aille aux futures élections présidentielle et législatives afin que la République centrafricaine, aujourd’hui un Etat non droit retrouve sa dignité et sa place dans le concert des nations. Pis encore, aux dernières nouvelles, la présidente de transition en perte de cotes aurait fait un clin d’œil à Deby du Tchad pour renforcer sa sécurité avec des éléments tchadiens déclarés force non-grata en République centrafricaine. Ce qui veut dire que Dame Samba-Panza néglige les crimes commis par les militaires tchadiens contre les centrafricains sur le territoire national. Une intention roublardise de prolonger le délai de la transition à sa faveur.

 

journaliste politique et culturel
journaliste politique et culturel

Par: Pierre INZA

Aucun article à afficher