Centrafrique: ambition macabre de Catherine Samba-Panza

Publié le 5 octobre 2014 , 8:25
Mis à jour le: 5 octobre 2014 8:25 pm
Corbeau News Centrafrique:
Samba-Panza contre attaque. Image Ngiya tu centrafrique et journal Afrique soir
Samba-Panza contre-attaque les centrafricains. Image de Ngiya ti Centrafrique et le Journal Afrique Soir
Quelle mouche diabolique qui continue de piquer nos dirigeants depuis plus de 20 décennies en tournant leur regard vers le Tchad pour solliciter auprès d’Idriss Deby l’assurance de leur protection par l’armée tchadienne alors que déclarée non grata par la population centrafricaine sur le territoire national pour sa barbarie et crimes crapuleux commis contre les civils ? En suivant ce qui ressort de l’audience bilatérale Deby-Samba-Panza à New York en marge du dernier sommet de l’ONU, tout porte à croire que les locataires du palais de la Renaissance qui se sont succédé en occupant le fauteuil présidentiel ne tirent pas les leçons du passé, et sont manque de maturité politique. Pis encore, pour ceux ou celle parachutés accidentellement à la tête de l’Etat sous la bénédiction de certains comploteurs spécialistes en destitution et magouille se contentent d’assouvir leur soif et appétit telle que Catherine Samba-Panza qui ne voit pas l’intérêt général. Depuis l’histoire de l’armée centrafricaine, nous n’avions pas vu un jour Jean-Bedel Bokassa, ni David Dacko et André Kolingba aller vers les autorités tchadiennes pour solliciter la formation et l’encadrement des éléments des forces armées centrafricaines (FACA), qui était l’une des armées la plus dynamique et redoutable de l’Afrique centrale. Son mythe a été brisé depuis l’alliance de nos forces avec les différentes formations rebelles tchadiennes.
Puisqu’étant à la mangeoire et confortablement assise à la première place de la République sur mon fauteuil présidentiel, « j’examine une situation et je me pose des questions… ». Comment faire pour ne pas quitter si tôt le poste de la présidence par intérim de la transition de la République, comme l’avait fait Yangouvonda ? C’est dans cette optique que Dame Catherine Samba-Panza, après avoir détourné une partie du don angolais (10 millions de dollars) envisage renforcer sa sécurité au niveau du palais de la Renaissance avec des éléments des forces armées tchadiennes qui seront nourris sur le chétif budget de l’Etat centrafricain. Native du Tchad, la présidente par intérim bénéficie d’une triple nationalité (camerounaise, tchadienne et centrafricaine) et le président tchadien qui ne cesse de chercher à avoir la mainmise sur le pétrole centrafricain dont les travaux entrepris par les chinois sont bloqués à cause de la crise ne peut lui refuser l’offre.
Et si Deby Itno dans sa déclaration affirme lors de la réunion de haut niveau sur la République centrafricaine qu’il est disposé à apporter sa contribution d’une nouvelle armée centrafricaine dans le domaine de la formation et de l’encadrement, allez y comprendre pourquoi la Dame du palais de la Renaissance s’est entourée d’un clan Gbanziri, spécialiste de la magouille, de la prédation voire même de la haute trahison. Ceux-là ont été bien identifiés par Catherine Samba-Panza pour leur sale boulot. Qu’on ne soit pas surpris que bientôt, il y aura une convergence à la bozizéiste qui va préparer le terrain pour que Catherine Samba-Panza se présente à la future élection présidentielle. C’était le rôle que Michel Koyt et d’autres prédateurs de la Convergence KNK ont joué aux côtés de François Bozizé Yangouvonda, pour qu’enfin de compte ce dernier roule tout le monde dans la farine. N’avait-il pas respecté sa parole d’honneur ? Captivé par leur charme et technique subtile de la prédation, François Bozizé Yangouvonda a fini par leur distribuer des postes juteux. A travers une gestion peu orthodoxe et opaque, ces requins aux dents longues ont mis en faillite les sociétés d’Etat telles que la Sonatu (société de transport urbain) créée par les fonds alloués par le richissime homme d’affaire indien, l’ART et la cimenterie de Nzila dont une bonne partie des milliards ont été détournés sans que les principaux auteurs de cette malversation financière soient jugés selon les dispositions du code pénal centrafricain. Du moment où on entend dire encore que le dialogue politique en préparation à Bangui est inclusif et que Bozizé et Djotodia seraient l’un et l’autre des participants alors que la justice nationale et internationale les attende pour leurs crimes commis, on ne dira pas non plus que ce n’est pas le même scénario sous le régime dictatorial de Bozizé qui va se reproduire avec la participation de tous les leaders politiques et chefs rebelles au DPI sauf Djotodia à l’époque, dans son exil béninois qui, a juré de finir avec Bozizé. La suite, c’est le coup d’Etat du 24 mars 2013 qui a renversé François Bozizé Yangouvonda. Une manière samba-panziste d’amnistier les assassins du peuple centrafricain sans les juger et préparer sa propre candidature à la future présidentielle.
En rappel, après sa deuxième réélection en 1999 à la tête de l’Etat centrafricain, feu président Ange-Félix Patassé a tendu la main à tous les éléments du chef rebelle tchadien Moïse Ketté tué par l’armée tchadienne, pour les héberger en terre centrafricaine et bénéficier de leur expertise et soutien en matière de la sécurité présidentielle. Son ancien chef d’Etat-major, François Bozizé Yangouvonda devenu président de la République le 15 mars 2003 en le renversant suite à une rébellion qui a pris de l’envol à partir du Tchad a eu à travailler avec ces rebelles tchadiens de Moïse Ketté et les a utilisé contre Patassé puisqu’ils avaient fait défection.
Arrivé au pouvoir, le général Bozizé a drainé toute une horde des rebelles tchadiens qui menaçaient Idriss Deby dans ses rangs. Ce mouvement a été fait par accord de Deby Itno qui voulait se débarrasser de ses ennemis sur le territoire tchadien en leur donnant du boulot en Centrafrique. La RCA était devenu le bastion des mercenaires tchadiens entretenus par François Bozizé Yangouvonda qui les pouponnait sans frein. Ces derniers vivaient plus que des princes au palais de la Renaissance avec doigt facile et rapide comme Lucky Luck sur la gâchette. Ils intervenaient souvent au quartier populaire des musulmans au Km5 pour venger leurs compatriotes parfois agressés en tuant des centrafricains sans que Bozizé Yangouvonda ouvre la bouche pour les punir ou leur infliger des sanctions, de peur que ceux-ci se retournent contre lui. Aujourd’hui, il nous est difficile de dénombrer les centrafricains tués par ces baroudeurs tchadiens puisque Michel Djotodia l’autre chef de guerre et les siens en ont aussi exagérément fait à telle enseigne qu’on peut facilement oublier la comptabilité des tueries commises par les éléments tchadiens que Bozizé a amené en Centrafrique. L’un de ses protégés était le redoutable chef rebelle Baba Ladé qui s’est fait parler de lui en terre centrafricaine durant son régime alors qu’il n’était qu’une question de transition mais l’appétit vient en mangeant. Bozizé Yangouvonda avait appuyé sur l’accélérateur. Baba Ladé était la star des guerriers qui faisait la Une de la presse nationale centrafricaine voire même internationale, parallèlement au Seigneur de guerre l’ougandais Joseph Kony qui lui ravissait la vedette de temps en temps. Le bilan des dégâts et tueries commis par Baba Ladé et ses hommes en Centrafrique est si bien lourd. Par contre, Joseph Kony et ses hommes qui régnaient dans l’Est du pays étaient spécialistes de prise en otage des centrafricains qui sont chargés de transport des bagages sur la tête et ces centrafricains en mourraient en cours des kilométrages, tantôt tués à balle réelle parce que physiquement épuisés pour continuer le trajet. Sur ce point, les rebelles ougandais sont sans pitié. Puisque Joseph kony et ses hommes armés avaient une stratégie spéciale. Cette rébellion ougandaise n’utilisait pas des moyens roulants comme Baba Ladé et sa bande. Qu’on ne perd pas de vue que Baba Ladé est l’un des ennemis de Deby Itno qui était entretenu comme un roi sur le territoire centrafricain par François Bozizé Yangouvonda dans la région de Nana-Gribizi. Source de discorde entre Bozizé et Deby puisque le chef de guerre ne lâche pas prise contre Deby dans ses ambitions qui visent à renverser le pouvoir de Ndjamena. Baba Ladé régnait dans cette région jusqu’à une partie de l’Ouham du pays et faisait sa loi. Les personnalités administratives qui sont les préfets et sous-préfets n’avaient plus de pouvoir. Ils n’étaient que rien devant Baba Ladé. Ce chef de guerre dominait en maître sur un territoire conquis. Le président Idriss Deby craignait qu’il soit renversé à partir de la RCA. Dépassé par ses bavures, il fallait que Bangui fasse un clin d’œil de réconciliation à Ndjamena. Bozizé fait appel à l’armée tchadienne pour soutenir les opérations des Forces Armées Centrafricaines (FACA) dirigées par le général Jean-Pierre DOLOWAYE (à l’époque il fut colonel), pour se débarrasser de Baba Ladé qui était un lourd colis encombrant pour son régime.
Déstabiliser le régime de Bangui était l’une des ambitions du chef de guerre tchadien, Abdelkader Baba Ladé qui se dit défenseur des peulhs. Il vous souviendra que 50 éléments de la garde rapprochée de François Bozizé Yangouvonda l’avaient abandonné et étaient partis de la présidence sur la pointe des pieds avec armes et caissettes de munitions sur instruction de Baba Ladé disait-on.
Chose promise et réalisée, par l’appui militaire et logistique du président tchadien, en mars 2013, Michel Djotodia, président de la coalition de Séléka qui comportait 6 groupes de rébellion centrafricaine y compris mercenaires tchadiens et soudanais lourdement armés mettaient le cap sur Bangui pour destituer le régime de Bozizé Yangouvonda après avoir commis des exactions dans plusieurs villes des provinces du pays. On parlait de 5000 personnes tuées depuis leur coup d’Etat du 24 mars 2013 jusqu’à la démission de Djotodia du pouvoir le 10 janvier 2014 à Ndjamena mais à mon avis si l’on comptabilise bien les morts laissées à l’actif de ce groupe des barbares, ce chiffre est largement dépassé. On avoisine 10000 morts voire au-delàs. D’ailleurs, sur le terrain, quand bien même que la MINUSCA est déjà présente et opérationnelle, les séléka et antibalaka continuent de tuer des centrafricains. Les militaires tchadiens de l’armée régulière déployés dans le cadre de la MISAB affichaient un comportement indésirable. Complices des opérations de pillages de séléka, ces éléments envoyés par Deby Itno ont également commis plusieurs tueries sur le sol centrafricain. D’autres ont été sanctionnés et rapatriés par le Comchef de la MISAB. Aucun observateur de la vie politique centrafricaine ne l’ignore. Beaucoup ne peuvent oublier les crimes et exactions des militaires tchadiens sur le territoire centrafricain. Mais Catherine Samba-Panza qui examine la situation et se pose encore des questions a déjà oublié ces tueries et exactions des militaires tchadiens contre les centrafricains qu’elle prétende bien gérer alors que très roublarde et démagogue en l’écoutant dans ses propos qui révoltent tout le monde. La dimension de sa démagogie risquerait fort bien de dépasser celle de Yangouvonda et la barbarie de Djotodia qui faisait dresser les cheveux. Puisque étant prise la main dans le sac, Dame Catherine Samba-Panza nie tout. Elle a en plus oublié qu’elle a été interpellée par Dos Santos et Sassou Nguesso à propos de ce don angolais très mal géré. Cette rocambolesque histoire de détournement de fonds par Catherine Samba-Panza et son premier ministre Mahamat Kamoun a fait le tour du monde. C’est pour cette raison, que le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, dans son dernier message concernant la Centrafrique exhorte les leaders politiques à conclure rapidement un accord sur la gouvernance et l’Etat de droit.  

Je crois, à mon avis, il serait temps que les partis politiques centrafricains emboîtent le pas au PARC qui, dans son dernier communiqué de presse demande la démission de Catherine Samba-Panza et son gouvernement corrompu s’ils ne veulent pas être encore perdants dans ce nouveau processus du retour à l’ordre constitutionnel. Il faut donc vite arrêter l’hémorragie en mettant le verrou avant qu’il ne soit tard. S’agissant de la formation d’une nouvelle armée ou soit la reformation et l’encadrement des FACA, il revient au futur président élu au suffrage universel à la présidentielle de 2015 de prendre l’engagement et la nouvelle législature. A cet effet, l’armée centrafricaine créée par Jean Bedel Bokassa a besoin aujourd’hui des formateurs qualifiés de bonne moralité et de haut niveau d’étude pour son encadrement afin d’éviter l’amateurisme et la formation à la va vite d’une armée fabriquée à la tchadienne qui ne maîtriserait rien en matière des statuts juridiques du corps militaire et sa mission noble qui est celle de protéger le peuple et le territoire national. La population centrafricaine a trop souffert sous des régimes qui ont pactisé avec le diable. Que l’esprit du père fondateur de la République, Barthélemy BOGANDA et celui du fondateur de l’armée nationale, Jean Bedel BOKASSA puissent barrer la route à cette ambition macabre de Catherine Samba-Panza qui nous amènera droit à l’enfer si les forces vives de la nation croisent les bras et la laissent passer à la vitesse supérieure.

 

journaliste politique et culturel
journaliste politique et culturel

Par: Pierre INZA

 

Aucun article à afficher