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Centrafrique : À Obo : la population en grève contre les abus des soldats FACA

Centrafrique : À Obo : la population en grève contre les abus des soldats FACA

 

Un monsieur en costume qui s'appelle WAWODOBOU FÎRMIN , l’actuel Colonel des FACA à Obo
WAWODOBOU FÎRMIN , l’actuel Colonel des FACA à Obo/

 

 

Bangui, 25 août 2023 (CNC) – La situation à Obo, une région éloignée de la capitale Bangui, se détériore à un rythme alarmant, laissant la population livrée à elle-même face à un double défi : les exactions perpétrées par les rebelles d’un côté et les abus commis par les militaires de l’armée nationale de l’autre. Coincée entre ces deux feux, la population lutte quotidiennement pour sa survie au milieu de cette marée de problèmes incessants. Cependant, l’incident récent qui a fait déborder le vase concerne l’arrestation d’une dizaine de jeunes la semaine dernière. Ces jeunes ont été faussement accusés par les soldats des Forces Armées Centrafricaines (FACA) d’appartenir à la milice AZANDE ANI KPI GBE. Incarcérés dans un conteneur de 20 pieds sur la base militaire, ils sont séparés de leurs familles depuis une semaine, vivant dans des conditions inhumaines.

 

Dans le marché Lakouanga de Obo, chef-lieu de la préfecture du Haut-Mbomou, au sud-est de la République centrafricaine
Dans le marché Lakouanga de Obo, chef-lieu de la préfecture du Haut-Mbomou, au sud-est de la République centrafricaine

 

Face à cette situation insoutenable, la population, animée par la colère et l’indignation, se lève pour réclamer la libération immédiate et sans conditions de ces individus arrêtés. L’incompréhension des familles des détenus remonte à mercredi dernier, lorsqu’elles ont tenté d’apporter de la nourriture à leurs proches incarcérés dans le conteneur sur la base des FACA. Les jeunes avaient été appréhendés lors d’une opération de grande envergure menée dans les quartiers Bajima, à proximité de la base de la MINUSCA à Obo, ainsi que dans le quartier Nakpanga situé derrière le quartier Arabe. Cette opération découle d’une déclaration d’un soldat FACA, qui affirmait que son arme avait été prise par les miliciens de la milice AZANDE ANI KPI GBE lors d’une attaque dans la rue.

 

Les familles, habituées à remettre des vivres aux policiers pour qu’ils les transmettent aux détenus, ont décidé d’apporter elles-mêmes ce mercredi la nourriture à leurs proches. Cependant, elles ont été refoulées à deux reprises par les soldats FACA, qui ont catégoriquement refusé toute assistance alimentaire aux détenus. Cette nouvelle s’est rapidement répandue dans les quartiers, plongeant Obo dans la désolation et la colère. En réponse, la population a entamé une grève illimitée dans la ville, visant à forcer les soldats FACA à libérer les individus injustement détenus dans le conteneur. Depuis Jeudi, les marchés sont déserts, les boutiques fermées, et les étals vides.

 

Pendant ce temps, les soldats FACA continuent de tuer les cochons et les chèvres des paysans. Avec la disparition du marché, ils se rabattent sur le bétail local, abattant impitoyablement ces animaux essentiels à la subsistance des habitants. Un exemple tragique s’est produit dans le quartier AVENU KIENGUIELWAH, à trois kilomètres de la ville d’Obo sur la route de Zémio. Les soldats FACA, postés à un checkpoint, ont abattu deux chèvres appartenant aux villageois.

 

Face à cette situation, la tension reste palpable dans la ville. Tandis que la population demeure en grève et en colère, le gouvernement à Bangui garde un silence étonnant. Même le colonel Firmin, responsable du détachement FACA à Obo, reste étrangement muet malgré sa présence au cœur de cette crise. Son incapacité à contrôler les actions de ses troupes, impliquées dans des abus flagrants, est manifeste. Une figure de commandement qui semble dépassée et incompétente.

 

En réalité, Obo est en proie à une crise complexe, mettant en lumière les abus de pouvoir et les souffrances de la population. Le soulèvement en cours reflète la détermination de la population à faire cesser ces injustices et à obtenir la libération des détenus. La gravité de la situation exige une réponse immédiate et coordonnée, tant au niveau local qu’au niveau national.

 

Par Mborifouefelle Élie

Correspondant du CNC à Obo

 

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