Centrafrique : 1990, LA BAULE, le vent démocratique et la gangrène du tribalisme militant!

Publié le 6 mars 2017 , 9:36
Mis à jour le: 6 mars 2017 9:36 pm

Centrafrique : 1990, LA BAULE, le vent démocratique et la gangrène du tribalisme militant!

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Bangui, le 6 mars 2017.

Par : Théophile EKA 2, Juriste.

Comme beaucoup de nos concitoyens, j’évite autant que faire se peut de tremper dans des échanges sur des sujets ethniques!

Pourtant, on doit se rendre à l’évidence, il s’agit du talon d’Achille de notre organisation sociétale!

À l’heure d’aujourd’hui, c’est un problème qui se pose et s’oppose à la cohésion nationale!

C’est un problème présent et réel mais nous préférons faire l’autruche!

Vingt années déjà que les premières mutineries ont éclatés en République Centrafricaine!

Vingt plus tard, les plaies ne se sont toujours pas cicatrisées!

Démentez-moi si vous voulez ou si vous pouvez!

Depuis 1996, Bangui, ville où il faisait bon habiter sans que le choix de quartiers ou d’arrondissements soit assis sur de bases tribales, aujourd’hui, rares sont les ressortissants du sud qui osent habiter des quartiers tels Boy-Rabé, Gobongo ou autres!

De même, les ressortissants du nord ne sont toujours pas prêts à revenir vivre à Bruxelles, Pétévo ou Yapélé…

C’est une réalité, malheureusement depuis 1996, date de ces mutineries, aucune politique durable en faveur de la mixité pour le vivre ensemble n’a été menée!

Bien au contraire, tout, tend à promouvoir le communautarisme!

On s’affilie aux partis politiques en raison des appartenances régionales, si ce n’est ethniques!

Lorsque l’on franchit le pas pour militer dans un parti où il y’a une majorité de membres qui sont d’une ethnie différente, on n’y est tout simplement vu comme un espion!

À l’opposé, le parti dans lequel vous avez la majorité des membres de votre cercle familial ou ethnique vous considère comme traitre!

Aux réunions ou cérémonies familiales, c’est à peine qu’on vous adresse la parole!

L’école du pluralisme est jonchée de contradictions et surtout de suspicions!

Les compatriotes tels, KOYAMBONOU ou feu Docteur CONJUGO qui ont été les premiers a franchir le pas étaient considérés comme des traitres par ceux de leurs ethnies qui militaient dans le parti majoritaire!

Malgré l’existence du parti ADP créé par un yakoma, farouche opposant à un autre yakoma, sur la scène nationale, on continue à identifier le RDC à cette ethnie!

Dire que le MLPC n’est pas considéré pour beaucoup comme un parti nordiste ou plus précisément un parti à majorité sara/kaba serait faire l’autruche!

Dernièrement j’étais tristement amusé de lire une tribune signée par un leader, ressortissant du centre, s’émouvoir des violences dans les régions de la Ouaka!

Un parti politique a une vocation nationale et j’aimerais que, par la même fougue, il défendit les causes des autres régions!

Pendant les élections présidentielles, on constatait bel et bien des associations de ressortissants de telles ou telles régions appelés à se ranger derrière des candidats natifs!

Ne pas parler du problème de clanisme, de tribalisme c’est nier une réalité présente, une difficulté latente et un mal qui s’est enkysté, une gangrène nationale!

Les relations de causes à effets donnent un résultat qui est difficilement qualifiable dé tribalisme ou de népotisme dans notre administration!

Nous sommes bel et bien, depuis la conférence de La Baule, sous le pluralisme politique!

Il est entendu que le parti qui gagne les élections gouverne avec ses partisans!

Alors si les partisans qui ont milité, mouillé le maillot, battu campagne pour porter leurs candidats sont majoritairement d’une ethnie, je ne vois pas comment les nominations au postes politiques ou parfois administratives peuvent profiter au parti d’en face!

Cette formule avait été joliment exprimée en 1980 par le Président David DACKO “comment peut-on dépouiller un chasseur qui s’est battu pour tuer un éléphant de la carcasse de celui-ci”?

Le tribalisme est un problème en Afrique!

Tant qu’il y avait les partis uniques et/ou les régimes dictatoriaux, il se voyait peu ou plutôt, il se murmurait simplement!

Aujourd’hui, quelque soit l’effort d’un Gouvernement issu des élections dans l’équilibre régional, le Président ou les Ministres sont pris entre le marteau et l’enclume!

Cette nécessité d’équilibre, dis-je et l’attente des militants qui sont, en majorité ceux de son ethnie (le plus souvent)!

La France a cru bon exporter son modèle démocratique en Afrique mais des études sociologiques ont-ils été faits en amont?

Des mesures d’accompagnement ont-ils été mises en place?

D’ailleurs même dans les banlieues de grandes villes de ce pays occidental, le communautarisme est décrié!

C’est a coup de milliards d’euros que les politiques de la ville sont ficelées!

Depuis les mutineries, aucun Ministre de la ville en Centrafrique ne s’est appesanti sur la question de la mixité!

Aucun Gouvernement n’a mis en place ou négocié une aide ou une politique de concorde nationale!

Personne ne veut en parler sur les réseaux sociaux!

Humblement, je dis qu’on peut parler du tribalisme dans sa forme générale mais aujourd’hui, les exemples cités dans des cabinets ministériels ne sont pas du tout ce qu’on croit, du moins, si des nominations résultent de militantismes avérés!

Les mêmes causes créant les mêmes effets, 20 années, les plaies de la division nord sud ne se sont pas entièrement cicatrisées, faute de politique de concorde nationale, je l’ai dit plus haut, bis repetita, aucune politique n’est mise en place après le tsunami SÉLÉKA!

On demande aux personnes de regagner leurs domiciles au km5, par exemple, comme si de rien était!

L’angélisme!

Pourtant si km5, Kaga Bandoro, Bria, Bambari et autres étaient territoires des anges, ça se saurait!

 

 

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