Cardinal Nzapalainga : « En Centrafrique, l’aide qu’apporte l’Église universelle reste nécessaire, pour ne pas dire vitale »

Publié le 10 février 2021 , 2:06
Mis à jour le: 10 février 2021 9:06 am

Cardinal Nzapalainga : « En Centrafrique, l’aide qu’apporte l’Église universelle reste nécessaire, pour ne pas dire vitale »

Bangui ( République centrafricaine ) – Dans une lettre datée du mois de décembre, le cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, s’adressant aux évêques des diocèses des territoires de mission, leur a demandé d’envisager de renoncer aux subsides qui leur sont alloués annuellement. En cause, la crise sanitaire qui a influencé les collectes de dons au profit des Œuvres pontificales missionnaires (Opm) en 2020.

Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, donne son point de vue sur cette question des subsides, notamment dans les diocèses des pays minés par l’insécurité./////////////.

La Croix Africa : Comment avez-vous accueilli cette lettre du cardinal Tagle et qui aborde la question des subsides ?/////////////.

Cardinal Dieudonné Nzapalainga : J’ai aimé l’expression « envisager de renoncer » aux subsides, c’est donc une hypothèse. Les chiffres sont têtus, le cardinal Tagle a vu la situation financière liée à la crise sanitaire. Il nous présente un tableau financier de manière brute et fait appel à la conscience des uns et des autres. Cependant la situation diffère d’un diocèse à un autre. À Bangui, nous sommes mieux lotis que certains diocèses de l’intérieur en proie à une insécurité très accentuée./////////////.

Pour ce qui nous concerne, à Bangui, dès la réception de cette lettre, j’en ai discuté avec les prêtres et une réflexion est en cours dans toute l’Église du diocèse. Nous allons mobiliser les responsables des conseils pour les affaires économiques de tout le diocèse et tous les chrétiens sont appelés à contribuer à la réflexion. Le but est de recueillir des propositions pour voir comment faire face à la situation difficile que traverse l’Église universelle qui nous a soutenus jusque-là et qui nous soutient encore. Nous arrivons à payer les salaires des ouvriers, des gardiens et à prendre en charge certaines dépenses mais les besoins des paroisses et diocèses continuent à croître. Nous prenons donc cette lettre comme une alerte./////////////.

La Centrafrique est un pays plongé dans une insécurité sociopolitique qui a forcément une incidence financière. Quel impact pourrait avoir la suppression ou la réduction des subsides sur l’Église de ce pays fortement meurtri ?/////////////.

Cardinal Dieudonné Nzapalainga  : A Bangui, nous avons des fonctionnaires et travailleurs mais les diocèses de l’intérieur du pays où chaque situation d’insécurité pousse les fonctionnaires et autres travailleurs à fuir, sont dans une situation encore plus critique. Ainsi, les populations locales qui sont sur place et qui vivent surtout de leurs cultures sont livrées à elles-mêmes, ce qui ne leur permet pas vraiment d’aider matériellement ou financièrement l’Église. Et donc si les subsides venaient à y être supprimés, ce serait dramatique. L’aide qu’apporte l’Église universelle reste donc nécessaire, pour ne pas dire vitale./////////////.

J’ose croire que nous faisons partie des pays prioritaires en matière de distribution des subsides vue l’insécurité qui est devenue permanente dans notre pays et que la Congrégation pour l’évangélisation des peuples maintiendra cette aide. Plus tard, quand la situation sera meilleure, nous pourrons, bien entendu, envisager de renoncer aux subsides. Mais pour l’heure, ils sont nécessaires à l’Église de Centrafrique qui vit au jour le jour. Chaque jour, nous vivons avec la possibilité que des rebelles viennent tout piller voire brûler des paroisses./////////////.

L’Église est également un point de rassemblement en Centrafrique en période d’attaques armées…/////////////.

Cardinal Dieudonné Nzapalainga  : Absolument, nous ouvrons grand nos portes à des personnes de toute appartenance religieuse et ethnique. Les diocèses, paroisses, communautés religieuses mobilisent leurs propres ressources pour venir en aide aux réfugiés. De plus, très souvent, quand ils quittent nos locaux, nous avons des dégâts énormes. Ces situations peuvent se présenter quatre ou cinq fois la même année, il est donc évident qu’avec uniquement nos ressources, nous ne pourrions pas faire face./////////////.

Quelles sont les initiatives d’auto-prise en charge lancées par le diocèse de Bangui pour tendre vers l’autonomie financière ?/////////////.

Cardinal Dieudonné Nzapalainga : Nous avons, dans l’archidiocèse de Bangui, un investissement dans l’immobilier avec des appartements qui sont mis en location. Nous possédons aussi des camions qui font la navette entre Bangui et des zones plus périphériques mais l’insécurité met à mal tous nos investissements. Depuis deux mois, le pays est perturbé, les voyageurs ne viennent plus et nos camions aussi sont bloqués./////////////.

Recueilli par Lucie Sarr

Avec LaCroix

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