Burundi: le général Kararuza tué dans une attaque à Bujumbura

Publié le 26 avril 2016 , 7:52
Mis à jour le: 26 avril 2016 7:52 am

(Corbeau News Centrafrique)

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Burundi: le général Kararuza tué dans une attaque à Bujumbura

 

 

Bangui, (CNC), 04-26-2016

Le général Kararuza a été visé par une attaque à la grenade et à la roquette dans la capitale burundaise. Il déposait sa fille au lycée ce matin à Bujumbura quand il a été attaqué par des hommes armés. Le militaire tutsi, qui était aussi conseiller du Premier vice-président a été tué sur le coup comme sa femme. Sa fille a été grièvement blessée mais que ses jours seraient hors de danger. Le président lui-même a présenté ses condoléances. Le récit de l’attaque.

L’attaque a eu lieu tôt ce lundi matin. On ne sait pas qui sont les assaillants, on sait seulement qu’ils portaient des tenues militaires. Des élèves du lycée du Saint-Esprit racontent avoir vu des soldats à l’entrée de l’école. L’un d’entre eux assure d’ailleurs avoir été surpris, car en temps normal il n’y a pas de présence militaire à cet endroit, et car l’un de ces hommes en uniforme se trouvait derrière un arbre.

Ces hommes ont ouvert le feu un tout petit peu avant 7h. La voiture du général Kararuza a alors tenté de passer le portail pour se réfugier à l’intérieur du lycée mais les rafales de kalachnikov l’ont rapidement immobilisée. Le conseiller en sécurité et son épouse ont été tués tout de suite, leur fille a été transportée à l’hôpital, elle a été grièvement blessée, mais ses jours ne seraient plus en danger.

Créer des divisions au sein de l’armée ?

C’est assez rare pour être signalé, les autorités burundaises ont beaucoup réagi aujourd’hui à la mort du général Kararuza.

Les assaillants ont réussi à s’enfuir, on ne sait rien d’eux si ce n’est qu’ils portaient des uniformes militaires. Les autorités assurent que l’objectif est clair : déstabiliser l’armée en créant des tensions internes. C’est ce que soulignait ce lundi après-midi le porte-parole du ministère de la Défense, le colonel Gaspard Baratuza.

« Le ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants recommande à tous les militaires partout où ils se trouvent de rester calmes, sereins, et unis. Le ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants demande aux militaires de résister à cette forme de manipulation qui tend à détruire la force de défense nationale et par conséquent toute la nation entière », a déclaré le colonel Gaspard Baratuza.

Le gouvernement semble donc considérer qu’il existe bien un risque. Pour bien faire passer le message, l’armée a réuni tous les officiers de Bujumbura ce lundi et demain se tiendra un conseil de sécurité, c’est-à-dire une réunion entre le président et les différents responsables de la sécurité dans le pays.

Signe que la situation est prise très au sérieux, le président Pierre Nkurunziza a réagi lui aussi. Il a publié un message de condoléances sur Twitter alors qu’il ne s’exprime quasiment jamais dans ce genre de cas, en accompagnant son message d’une photo de lui et du général Kararuza.

Mais le président burundais s’est également adressé à la nation à la radio et à la télévision nationale. Pierre Nkurunziza a rendu un hommage appuyé à un officier qui s’est « démarqué par sa loyauté » dans la défense des institutions du pays et qui doit servir de « modèle », selon lui. Après avoir présenté ses condoléances à sa famille et aux corps de défense et de sécurité du Burundi. Pierre Nkurunziza a exigé l’arrestation des assassins.

« Nous demandons aux forces de sécurité qu’endéans une période qui ne dépasse pas une seule semaine, les assassins du général Kararuza soient identifiés, arrêtés et traduits en justice, a-t-il ordonné. Ce qui se passe aujourd’hui avait déjà eu lieu hier avec l’attaque d’un autre officier, de même que la semaine passée. C’est l’œuvre de criminels qui se sont illustrés dans l’assassinat de citoyens à cause des postes de responsabilité qu’ils occupent dans les corps de défense et de sécurité, des criminels qui s’en prennent aussi aux simples citoyens là où ils travaillent que ce soit dans les marchés ou les bars. Rien ne les distingue de ceux qui s’adonnent au terrorisme. Nous demandons aux Burundais de rester vigilants et de renforcer les comités mixtes de sécurité, pour qu’on puisse déjouer les plans de ces criminels et qu’ils soient arrêtés avant qu’ils ne commettent l’irréparable. »

Qui était lé général Kararuza ?

Le général Kararuza était un officier tutsi, issu de l’ancienne armée burundaise, les ex-FAB (Forces armées du Burundi, à laquelle avaient été intégrés les rebelles hutus à la fin de la guerre civile. Les rebelles qui ont transformé leur mouvement en parti politique et qui sont aujourd’hui au pouvoir.

Le général Athanase Kararuza a également été commandant adjoint de la composante militaire de la mission de paix de l’ONU en République centrafricaine entre fin 2013 et fin 2015.

Une source très proche de la vice-présidence assure qu’il existe une volonté de monter les uns contre les autres. Selon cette source, les « terroristes » s’en prennent maintenant aux hautes personnalités.

D’ailleurs un autre officier tutsi a été visé hier soir, il travaille pour les services de renseignements : le colonel Ndabigeze a été gravement blessé par une grenade et des tirs d’arme automatique.

La CPI ouvre un examen préliminaire sur les violences

Cela fait un an déjà que le Burundi est secoué par la crise politique autour du troisième mandat du président Nkurunziza. La procureure de la CPI, la Cour pénale internationale, vient d’ouvrir un examen préliminaire sur les récentes violences dans le pays. Un examen qui permet de déterminer s’il y a lieu d’ouvrir une enquête.

RFIAFRIQUE

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