Bangui : La Commission des droits de l’Homme épingle les commissariats pour torture

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Bangui : La Commission des droits de l’Homme épingle les commissariats pour torture

 

Bangui : La Commission des droits de l’Homme épingle les commissariats pour torture
commissariat de police de Boali, dans l’Ombella-Mpoko, situé à 95 kilomètres de Bangui, la capitale. CopyrightCNC

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Les témoignages se multiplient dans la capitale centrafricaine. La Commission nationale des droits de l’Homme sort de son silence et dénonce publiquement les pratiques des forces de l’ordre.

 

Dans le studio de la radio Guira FM, Ossen Yackoisset Wessekpama ne mâche pas ses mots. Le président de la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dévoile ce que beaucoup savaient déjà : les commissariats du pays sont devenus des lieux de non-droit.

 

L’homme raconte une histoire qui ressemble à tant d’autres. Au commissariat du troisième arrondissement, un citoyen venu témoigner dans une banale affaire de bagarre se retrouve derrière les barreaux. Son tort ? Avoir tenté de s’expliquer. La suite suit un schéma bien connu : 20 000 francs CFA exigés, reçu établi, mais aucune libération. Vers Dix-huit heures, quatre policiers l’extraient de sa cellule et le passent à tabac. Son pied enfle, son corps porte les marques des coups.

 

« Nous sommes face à des actes de torture caractérisés », tranche Wessekpama. Ces mots pèsent lourd dans un pays où les textes internationaux et le code pénal centrafricain qui interdisent formellement de tels traitements sont totalement ignorés.

 

Des registres vides, des pratiques bien remplies

 

La Commission a fouillé dans les registres des commissariats. Surprise : ils restent souvent vierges. L’incident du troisième arrondissement n’y figure pas. Comme si rien ne s’était passé. Cette pratique de l’effacement administratif cache une réalité plus sombre.

 

À l’OCRB du 92 logements, un détenu a perdu la vie. L’affaire a été enterrée avec  la victime. Les « frais de geôle », pourtant illégaux, continuent d’être perçus au vu et au su de la hiérarchie policière. Wessekpama ne cache pas son amertume : « Ces pratiques sont enregistrées en permanence. Tout le monde sait ».

 

La formation en droits de l’Homme dispensée aux forces de police semble avoir été oubliée dans les vestiaires. Les supérieurs ferment les yeux, évitent les sanctions. « L’absence de sanction encourage les atteintes aux droits humains », martèle le président de la Commission.

 

La voix qui porte, mais jusqu’où ?

 

La Commission se présente comme « la voix des sans-voix ». Son travail existe : écouter, conseiller, orienter les victimes, rédiger des plaintes, interpeller les autorités. Quand les journalistes Landry et Blaise ont été pris dans la tourmente judiciaire, elle a négocié avec le gouvernement. Le ministre d’État a donné des garanties pour protéger la presse.

 

Ces interventions méritent d’être saluées. Elles montrent qu’un dialogue reste possible avec le pouvoir. Mais cette vigilance semble s’arrêter aux portes des commissariats.

 

L’éléphant dans la pièce

 

Car pendant que la Commission épingle les policiers de Bangui, d’autres violences ravagent le pays. Les mercenaires russes du groupe Wagner n’ont pas attendu les rapports pour agir. Ils décapitent, torturent, pillent. Leurs vidéos circulent sur les réseaux sociaux. Tout le monde les voit, y compris la Commission.

 

Les soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) ne sont pas en reste. Dans les troisième et sixième arrondissements, le bataillon d’intervention rapide a tué des civils. Un policier est tombé sous leurs balles. Un adolescent de 16 ou 17 ans a perdu la vie. Les pillages de maisons se multiplient.

 

Ces exactions transforment des quartiers entiers en zones de terreur. Elles sont visibles, documentées, connues de tous. Pourtant, la Commission reste muette sur ces dossiers. Son silence interpelle dans un pays où l’impunité règne.

 

Questions sans réponses

 

Pourquoi cette différence de traitement ? Pourquoi dénoncer les commissariats et taire les massacres ? La Commission dispose-t-elle des moyens d’agir face aux mercenaires et aux militaires ? Ou ses critiques s’arrêtent-elles là où commence le danger ?

 

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