Au Tchad, la société civile et l’opposition s’inquiètent de l’état d’urgence

 

Au Tchad, la société civile et l’opposition s’inquiètent de l’état d’urgence décrété par les autorités tchadiennes et la fermeture des frontières avec certains pays voisins.

 

Des mesures prises officiellement pour répondre aux violences intercommunautaires qui ont fait plusieurs morts dans les provinces du Sila et du Ouaddaï à l’est. L’état d’urgence s’étend également dans le nord-est du pays.

Après les provinces du Ouaddai et du Sila, le gouvernement tchadien a décidé d’étendre l’état d’urgence dans le Tibesti, province frontalière avec la Libye, où opèrent des orpailleurs illégaux et des groupes rebelles tchadiens.

 

N’Djamena a décidé également de la fermeture des frontières avec le Soudan, la Centrafrique et la Libye et le déploiement de 5.000 membres des forces de sécurité.

Conséquences économiques

Cette décision du gouvernement ne sera pas sans conséquences sur le plan économique et social, avertit Sosthène Mbeurnodji, Secrétaire général du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, le MCPL.

 

“Tout le monde sait que le Tchad dépend économiquement des pays frontaliers par les échanges qui se font. Il a été même démontré il y a quelques années que le sucre que nous consommons au Tchad vient pour la plupart du Soudan. D’autres produits passent par la Libye ou encore par la République centrafricaine. On souhaite que les 21 jours d’état d’urgence passent rapidement pour que la situation ne s’envenime pas et qu’à cette crise ne s’en ajoute pas une nouvelle qui sera dommageable pour les populations. Et même à Ndjamena, dans les jours à venir il y aura une hausse des prix des marchandises.”

Une analyse que partage Max Kemkoye, le président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP), un parti d’opposition. Il propose une conférence des territoires pour le règlement cette crise.

“Le chef de l’Etat aurait pu demander l’apport de l’opposition ou des acteurs politiques par rapport à une telle situation et demander comment peut-on faire ? Nous lui proposons de convoquer une conférence des territoires pour se parler à cœur ouvert et trouver ensemble la solution à ce problème de façon définitive. Mais sans cela, ces mesures pour 21 jours – même si ça dure six mois ou un an – ça ne va jamais résoudre ce problème. Plus il y aura une exacerbation des tensions et une aggravation des problème, plus les gens vont conserver des rancunes et on va aller dans un cycle de violence perpétuelle.”

 

Malgré les inquiétudes de l’opposition et de la société civile, l’analyste politique Narcisse Laldjim, estime que cette mesure est la bonne. Mais il s’inquiète des possibles exactions des militaires.

“Évidemment il va y avoir des conséquences. Connaissant le comportement de certains éléments des forces de défenses et de sécurité, il y aura certainement des bavures. Donc c’est ça que nous redoutons. Mais s’ils respectent les consignes, les orientations données pour permettre à la paix et la sérénité de revenir dans ces provinces éprouvées par les massacres, alors ça sera une bonne chose.‘’

Nos tentatives pour recueillir l’avis des membres du gouvernement ou encore des responsables du parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS), sont restées vaines.

Mais les récentes déclarations du gouvernement justifiaient l’élargissement de l’état d’urgence par le souci de mettre fin aux tueries dans ces régions.

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©VOA