Zémio : 4 civils arrêtés, dont un commerçant, transférés à Bangui sans raison

0
586

Zémio : 4 civils arrêtés, dont un commerçant, transférés à Bangui sans raison

 

Zémio : 4 civils arrêtés, dont un commerçant, transférés à Bangui sans raison
Image pour illustration de deux jeunes arrêtés à Zemio par les mercenaires russes du groupe Wagner. CopyrightCNC

 

Rédigé le 02 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

 Dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 septembre 2025, les mercenaires russes du groupe Wagner, accompagnés de soldats FACA et de gendarmes, ont procédé à l’arrestation de Monsieur Sirou, un jeune commerçant de Zémio. Ce jeune homme d’affaires, héritier d’une activité familiale de commerce transfrontalier, a été menotté à son domicile, détenu plusieurs heures à la gendarmerie, puis transféré à Bangui par hélicoptère où il croupit actuellement à la section de recherche et d’investigation de la gendarmerie.

 

Son crime ? Avoir réussi à faire du commerce dans une zone où règne l’insécurité. Une accusation aussi absurde que révélatrice de l’arbitraire qui caractérise désormais la justice centrafricaine sous domination russe.

 

Monsieur Sirou exerce une activité commerciale héritée de son défunt père, grand commerçant qui possédait plusieurs camions. Il achète des produits au Soudan et en Ouganda – sacs d’arachides et autres marchandises – qu’il transporte vers Mboki pour les revendre. Cette activité permet de nourrir sa famille et fait vivre plusieurs personnes dans une région économiquement sinistrée.

 

La semaine précédant son arrestation, trois véhicules en provenance d’Obo, chef-lieu de la préfecture du Haut-Mbomou, ont été interceptés par des miliciens Azandés sur la route de Mboki. Deux de ces trois véhicules ont été incendiés, leurs occupants rapatriés à Obo. Cette attaque tragique n’avait aucun lien avec Monsieur Sirou qui, quelques jours plus tard, a emprunté cette même route avec son camion pour effectuer ses livraisons habituelles à Mboki avant de rentrer tranquillement à Zémio.

 

C’est précisément cette normalité qui va le condamner. Les forces de l’ordre, incapables de sécuriser les routes et d’arrêter les véritables miliciens, trouvent plus facile d’accuser un commerçant innocent. Leur raisonnement défie toute logique : puisque Monsieur Sirou peut circuler sans être attaqué sur une route dangereuse, c’est forcément qu’il est complice des miliciens Azandés. Cette logique absurde transforme l’absence de victimisation en preuve de culpabilité.

 

Ainsi, dans la nuit du 28 au 29 septembre, Wagner frappe. Les mercenaires russes, accompagnés de leurs supplétifs centrafricains, débarquent au domicile de Monsieur Sirou pour l’arrêter sans mandat, sans explication claire, sans respect d’aucune procédure légale. Dans cette série d’arrestation qui frappe cette localité, Trois autres personnes sont également embarquées : deux jeunes hommes accusés sans preuve de “donner des informations aux miliciens Azandés”, et une jeune femme dont le seul tort semble être d’avoir voyagé dans le camion du commerçant.

 

L’arrestation de cette femme montre particulièrement l’arbitraire de l’opération. Était-elle la “copine” du commerçant ? Simple passagère ? Personne ne le sait, personne ne s’en soucie. Wagner arrête, la justice centrafricaine obéit.

 

Le lendemain, profitant de l’arrivée d’un ministre à Obo par hélicoptère Wagner, les quatre prisonniers sont menottés et embarqués dans l’appareil pour être transférés à Bangui. Depuis le 29 septembre, ils sont détenus à la section de recherche et d’investigation de la gendarmerie nationale, sans que les motifs précis de leur arrestation ne soient clairement établis.

 

Pendant ce temps, le commerce de Monsieur Sirou a été pillé à Zémio. Les forces de l’ordre , ou ceux qui agissent en leur nom – ont vidé sa boutique, confisqué ses marchandises, détruit en quelques heures ce qu’une famille avait construit sur plusieurs générations. Ce pillage organisé transforme l’arrestation en spoliation pure et simple.

 

Cette affaire démontre une fois de plus que Wagner décide désormais de tout en République centrafricaine. Les mercenaires russes arrêtent qui ils veulent, quand ils veulent, pour les raisons qu’ils inventent. La justice centrafricaine, transformée en simple chambre d’enregistrement des décisions russes, exécute sans questionnement.

 

Cette logique perverse établit un principe terrifiant : si vous n’êtes pas victime de violence, c’est que vous êtes complice des auteurs de violence. Si les miliciens ne vous attaquent pas, c’est forcément que vous travaillez pour eux. Cette présomption de culpabilité généralisée rend toute activité économique suspecte, tout succès commercial louche, toute normalité criminelle.

 

Comment développer une économie dans ces conditions ? Comment encourager l’entrepreneuriat quand tout commerçant qui réussit risque l’arrestation arbitraire et le pillage de ses biens ? Comment attirer des investisseurs dans un pays où la justice n’existe plus, où Wagner décide seul qui va en prison et qui reste libre ?

 

La ministre du Tourisme se plaint régulièrement que la République centrafricaine soit classée “pays à risque” par diverses organisations internationales. Elle y voit une injustice, une stigmatisation infondée. Mais comment qualifier autrement un pays où un commerçant peut être arrêté sans raison, transféré à la capitale par hélicoptère militaire, et voir son commerce pillé pendant qu’il croupit en prison ?

 

Ce pays est effectivement à risque. À risque pour quiconque tente d’y exercer une activité économique honnête. À risque pour quiconque réussit sans appartenir au bon réseau. À risque pour quiconque déplaît à Wagner ou à ses collaborateurs locaux.

 

L’affaire Sirou résume tout ce qui dysfonctionne en République centrafricaine : une justice aux ordres des mercenaires étrangers, des arrestations arbitraires basées sur des accusations farfelues, des pillages organisés sous couvert de “saisies”, et une impunité totale pour les véritables auteurs de crimes.

 

Quatre personnes innocentes souffrent actuellement dans les geôles de la SRI à Bangui. Une famille a perdu son gagne-pain. Un commerce construit sur plusieurs générations a été détruit en une nuit. Et tout cela pourquoi ? Parce qu’un commerçant a eu le tort de réussir à circuler sur une route que l’État est incapable de sécuriser.

 

Voilà la République centrafricaine de Touadéra et Wagner : un pays où l’innocence devient suspecte, où le succès commercial est criminalisé, où la justice obéit aux mercenaires russes, et où le pillage organisé remplace l’État de droit.​​​​​​​​​​​​​​​​

 

Rejoignez notre communauté

Chaine officielle du CNC

Invitation à suivre la chaine du CNC

CNC Groupe 3

CNC groupe 4

CNC groupe le Soleil

Note : les deux premiers groupes sont réservés  uniquement aux publications officielles du CNC