Centrafrique : un accord de paix qui oublie ses victimes

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Centrafrique : un accord de paix qui oublie ses victimes

 

Après la signature de l'accord de paix de Ndjamena le 10 juillet 2025 à Bangui, Le général Ali Darassa lors de son désarmement devant Touadera à Bangui
Le général Ali Darassa lors de son désarmement devant Touadera à Bangui

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le nouvel accord de paix signé à N’Djaména ignore les centaines de milliers de déplacés centrafricains.

 

 

L’accord de paix conclu le 19 avril 2025 à N’Djaména entre Bangui et les groupes armés 3R et UPC promet le désarmement et l’intégration des ex-rebelles dans l’appareil d’État. Mais ce texte, négocié sous médiation tchadienne, passe sous silence une réalité dévastatrice : les centaines de milliers de civils qui ont fui les violences de ces mêmes groupes armés.

 

Plus de 700 000 personnes vivent aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays, selon l’UNHCR. 750 000 autres ont trouvé refuge dans les pays voisins. Ces populations ont quitté leurs villages pour échapper aux raids, aux pillages et aux violences sexuelles documentés par Human Rights Watch en 2024. L’Ouham-Pendé et la Haute-Kotto portent encore les cicatrices de ces exactions.

 

L’accord ne propose aucun mécanisme de justice transitionnelle. Aucune réparation pour les victimes. Aucun plan de retour pour les déplacés. Les leaders des 3R et de l’UPC, Oumar Abdelkader et Ali Darassa, se voient offrir des postes gouvernementaux et des responsabilités militaires. Cette intégration récompense en fait des hommes dont les troupes ont terrorisé les populations civiles.

 

Dans les camps de déplacés, les conditions restent précaires. L’accès à l’eau potable demeure limité. Les services de santé font défaut. Les enfants grandissent sans école. Pendant ce temps, leurs bourreaux d’hier négocient leur participation au pouvoir. Cette contradiction mine la crédibilité de l’État centrafricain auprès de ses propres citoyens.

 

L’histoire récente montre les limites de cette approche. L’Accord de 2019 avait déjà privilégié l’apaisement avec les groupes armés sans répondre aux attentes des communautés. Résultat : les violences ont repris dès 2021. Les mêmes acteurs qui signent aujourd’hui avaient alors rompu leurs engagements.

 

Le Tchad, garant de ce nouvel accord, se contente de superviser les relations entre les parties signataires. Rien n’indique qu’il plaidera pour les victimes ou mobilisera des fonds humanitaires. Son rôle se limite à maintenir un équilibre fragile entre élites armées.

 

Les consultations populaires ont été absentes du processus. Les leaders communautaires n’ont pas été associés aux négociations. Cette exclusion prive l’accord de légitimité auprès des populations qui en supportent le coût depuis des années. Comment espérer leur adhésion à une paix négociée sans eux ?

 

En RCA, les fractures ethniques et religieuses alimentent encore les tensions. Les communautés peules accusent les 3R de persécutions ciblées. Les populations de l’Est dénoncent les abus de l’UPC. Ces blessures ne guériront pas par le simple cantonnement des combattants. Elles exigent reconnaissance, vérité et justice.

 

L’accord de N’Djaména perpétue une logique dangereuse : celle de l’impunité négociée. En Centrafrique, prendre les armes contre l’État peut mener au gouvernement. Cette leçon n’échappera pas aux futurs entrepreneurs de violence. Elle encourage la militarisation de la contestation politique.

 

Les partenaires internationaux de la RCA doivent exiger des compléments à cet accord. La justice ne peut être sacrifiée sur l’autel de la stabilisation. Les victimes ont droit à la vérité sur les crimes subis. Elles méritent des réparations matérielles et symboliques. Leur retour dans la dignité conditionne la réconciliation nationale.

 

Sans justice pour les victimes, cet accord ressemble à tous les précédents : un arrangement entre élites qui reporte la résolution du conflit. Les civils centrafricains ont déjà payé un prix trop lourd pour accepter une paix qui les ignore. Leur patience a des limites que ce texte semble méconnaître….

 

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