De l’excellence à l’agonie : Le suicide intellectuel d’une nation centrafricaine

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De l’excellence à l’agonie : Le suicide intellectuel d’une nation centrafricaine

 

Lycée de Fatima à Bangui. Copyright radio Guira Lycee-de-Fatima-a-Bangui.-CopyrightGuirafm Crise éducative à Bangui: les élèves du lycée de Fatima face à des conditions désastreuses
Lycée de Fatima de Bangui

 

L’école centrafricaine : Une chute vertigineuse qui menace toute une génération

 

Bangui, CNC. Ils étaient la fierté de l’Afrique centrale. Dans les années 60, les diplômés centrafricains faisaient la loi dans les grandes écoles du continent. Aujourd’hui, dans les salles de classe délabrées de Bangui, les élèves s’entassent à même le sol, sans livres, sans espoir. Dans certaines régions, des enfants n’ont jamais vu un tableau noir de leur vie. Le pays qui formait jadis les cadres de l’Afrique francophone regarde désormais ses enfants grandir dans l’ignorance. Un suicide intellectuel à ciel ouvert.

 

Dans son analyse poignante “La RCA doit-elle toujours dépendre des autres ?” (août 2024), Élie OUEIFIO nous livre un diagnostic glaçant de la mort programmée du système éducatif centrafricain. Un effondrement si profond qu’il menace non seulement l’avenir d’une génération, mais l’existence même de la nation centrafricaine.

 

L’âge d’or : Quand l’école centrafricaine brillait

 

Une excellence reconnue (1960-1974)

La RCA des premières années d’indépendance avait fait de l’éducation sa priorité absolue :

– Des écoles modèles qui attiraient les étudiants de toute l’Afrique centrale

– Des enseignants hautement qualifiés et respectés

– Un taux de réussite aux examens parmi les plus élevés du continent

– Des bourses d’excellence qui envoyaient les meilleurs éléments dans les plus grandes universités mondiales

 

OUEIFIO rappelle avec nostalgie : “En 1970, un bachelier centrafricain était automatiquement accepté dans n’importe quelle université française. Notre niveau était tellement reconnu que nos diplômes ouvraient toutes les portes.”

 

Les années de plomb (1980-2000)

Le déclin s’est amorcé de manière insidieuse :

– Des enseignants de plus en plus mal payés, quand ils l’étaient

– Des grèves à répétition qui paralysaient l’année scolaire

– Des infrastructures qui se dégradaient sans être réparées

– Des manuels scolaires qui devenaient des objets rares

 

“À Bouar”, témoigne un ancien directeur d’école cité par OUEIFIO, “nous avons vu des professeurs de mathématiques vendre des arachides pendant la récréation pour nourrir leur famille. Comment voulez-vous maintenir l’autorité du maître dans ces conditions ?”

 

Le chaos actuel (2000-2024)

La situation s’est transformée en catastrophe nationale :

– Des régions entières sans écoles fonctionnelles

– Des classes de 150 élèves pour un seul enseignant

– Des “maîtres-parents” sans formation qui tentent de pallier l’absence de professionnels

– Des enfants qui obtiennent leur bac sans savoir écrire correctement

École abandonnée dans le village Déba, situé à 19 km de Baboua, sur la route de Béloko ecole_du_village_deba_vers_baboua L'école du village Déba, à 19 km de Baboua, est fermée depuis trois ans
École du village Déba vers Baboua , cette école est fermée depuis 3 ans. copyrightCNC

 

Les conséquences dramatiques

 

Une génération sacrifiée

Les chiffres sont accablants :

– 60% des jeunes de 15-25 ans sont analphabètes

– 8 enfants sur 10 en zone rurale n’ont jamais été scolarisés

– Moins de 5% des élèves qui entrent en CP atteignent le baccalauréat

– 70% des diplômés sont au chômage

 

“Nous créons une génération de futures bombes à retardement”, alerte OUEIFIO. “Des jeunes sans éducation, sans perspectives, prêts à suivre le premier chef de guerre qui leur promet un fusil et trois repas par jour.”

 

La mort de l’ascenseur social

L’école, qui était le grand égalisateur social, est devenue un facteur d’inégalités :

– Seuls les enfants des riches accèdent aux écoles privées de qualité

– Les familles modestes sont condamnées aux établissements publics délabrés

– L’université produit des diplômés sans compétences réelles

– Le mérite a été remplacé par les relations et l’argent

Élèves et enseignants réunis dans la cour de l’École Primaire Fondamentale 1 de Baboua eleves_dans_la_cours_de_ecole_primaire_fondamental_de_baboua L’École Primaire de Baboua  Débordée par le Manque d’Enseignants
Les élèves dans la cour de l’école de Baboua, au nord-ouest de la RCA. CopyrightCNC

 

Les causes profondes du désastre

 

L’abandon de l’État

Un désengagement catastrophique :

– Budget de l’éducation réduit à peau de chagrin

– Absence de politique éducative cohérente

– Non-paiement chronique des salaires des enseignants

– Négligence totale des infrastructures

 

La démission des élites

Une trahison collective :

– Enfants des dirigeants scolarisés à l’étranger

– Corruption dans la gestion des fonds éducatifs

– Nominations politiques aux postes clés

– Abandon des zones rurales

 

Les conséquences pour l’avenir de la nation

 

La perte de souveraineté intellectuelle

Un pays qui ne forme plus ses cadres :

– Dépendance accrue vis-à-vis de l’expertise étrangère

– Perte des capacités d’innovation

– Absence de relève dans les secteurs stratégiques

– Fuite des cerveaux massive

 

La fracture sociale

Une société à deux vitesses :

– Une élite formée à l’étranger

– Une masse populaire sous-éduquée

– Des tensions sociales croissantes

– Un fossé générationnel qui se creuse

 

Les solutions d’urgence proposées

 

Mesures immédiates

OUEIFIO préconise :

– État d’urgence éducatif national

– Mobilisation de tous les cadres retraités

– Programme massif de formation des maîtres

– Réhabilitation urgente des infrastructures

 

Réformes structurelles

Pour le long terme :

– Refonte complète du système éducatif

– Revalorisation de la fonction enseignante

– Adaptation des programmes aux réalités locales

– Création de filières professionnelles

 

L’éducation ou la mort

 

“Un peuple qui abandonne l’éducation de ses enfants signe son arrêt de mort”, conclut OUEIFIO. La reconstruction de la RCA passe impérativement par :

– Un réinvestissement massif dans l’éducation

– Une mobilisation nationale autour de l’école

– Une vision claire pour l’avenir

– Un engagement de toute la société

 

La bataille de l’éducation est la mère de toutes les batailles pour la RCA. C’est elle qui déterminera si le pays pourra un jour se relever ou s’il continuera sa descente aux enfers.

 

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