COMMUNIQUÉ DE PRESSE CONJOINT
L’UNICEF et le PAM préviennent que le nombre d’enfants souffrant de malnutrition est déjà supérieur de 29 pour cent aux prévisions pour 2021
Distribution des vivres par le programme alimentaire mondial (PAM) aux habitants de Bria, dans la Haute-Kotto. Photo CNC / Moïse Banafio
BANGUI, le 7 juillet 2021 – Au moins 80 000 enfants de moins de cinq ans sont actuellement menacés de malnutrition aiguë sévère en République centrafricaine (RCA), soit une augmentation de 29 pour cent par rapport aux projections pour 2021[1], ont annoncé aujourd’hui l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM). Les agences des Nations unies ont également averti que plus de 632 000 personnes – soit plus d’une personne sur huit – tomberont dans une situation de faim catastrophique[2] entre la première semaine de juillet et la fin de la période de soudure si aucune action urgente n’est entreprise. Dans tout le pays, 40 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent déjà de malnutrition chronique[3], un taux supérieur au seuil d’urgence de 30 pour cent.
En raison de l’impact combiné de la violence, de l’insécurité, des déplacements de population, de l’accès limité à la nourriture, aux services de santé, d’eau et d’assainissement, de la hausse des prix des denrées alimentaires, ainsi que des répercussions socio-économiques de la pandémie de COVID-19, 27 localités[4] réparties dans 14 districts sanitaires du pays affichent actuellement des niveaux alarmants de malnutrition aiguë sévère chez les enfants de moins de cinq ans.[5] D’après les données les plus récentes recueillies auprès des partenaires, en moyenne plus de deux pour cent des enfants de ces zones souffrent de malnutrition aiguë sévère. Ces chiffres atteignent plus de trois pour cent dans les camps de déplacés autour de Bouar, près de la frontière avec le Cameroun.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par l’impact de la crise actuelle sur la vie des enfants et des femmes, en particulier ceux qui étaient déjà dans un état d’extrême vulnérabilité après avoir été forcés de fuir leur maison, ou qui vivent dans des zones difficiles d’accès ou isolées, » a déclaré le Représentant de l’UNICEF en RCA, Fran Equiza. « Si nous ne sommes pas en mesure d’accéder en toute sécurité et rapidement aux mères et aux enfants et de leur fournir les services de nutrition dont ils ont besoin, y compris l’accès à la nourriture et à la santé, beaucoup risquent de mourir de malnutrition ou de maladies évitables. »
Depuis la dernière vague de violence liée aux récentes élections, les taux de malnutrition en RCA ont continué à grimper en flèche, en particulier parmi les populations déplacées et dans les zones touchées par le conflit, où l’accès aux services essentiels de santé, d’eau et d’assainissement et de nutrition était déjà limité et s’est encore restreint. Dans ces zones, l’émergence potentielle de la rougeole, du paludisme, de la pneumonie et de la diarrhée peut avoir un effet dévastateur sur les enfants et les mères malnutris.
« La situation de la sécurité alimentaire est alarmante et indique clairement que de nombreuses personnes vulnérables pourraient rapidement tomber dans une situation catastrophique. Le niveau de financement ne correspond pas à l’augmentation dramatique des besoins dans le pays, » a déclaré le Directeur du PAM en RCA, Peter Schaller. « L’environnement opérationnel se complique également avec la perte d’espace humanitaire due au conflit en cours. Nous avons besoin d’un accès humanitaire et de financements pour fournir l’aide dont les personnes touchées ont tant besoin, » a-t-il ajouté.
Le PAM fournit actuellement une aide alimentaire et nutritionnelle à quelque 800 000 personnes, dont des personnes déplacées à l’intérieur du pays, des réfugiés, des rapatriés, ainsi que des communautés d’accueil. Le PAM fournit également une aide d’urgence aux points chauds afin de soulager les souffrances des familles touchées.
Depuis janvier, l’UNICEF et ses partenaires ont soigné au moins 12 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, notamment dans les zones les plus touchées et dans les camps de déplacés. Les services de nutrition actuellement fournis continuent toutefois d’être perturbés par le conflit : à la fin du mois de mai 2021, 77 unités de nutrition – soit 1 sur 5 – et 30 établissements de santé étaient fermés – dont 14 ont été attaqués – et une douzaine de cliniques mobiles restaient temporairement fermées dans le pays.
Le PAM prévoit également d’atteindre au moins 50 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée dans les points chauds, environ 90 000 enfants âgés de 6 à 23 mois, ainsi que 150 000 femmes enceintes et allaitantes avec des programmes d’alimentation complémentaire au niveau communautaire, dans les zones où les taux de retard de croissance sont supérieurs à 30 pour cent.
En 2021, l’UNICEF cherche à réunir 15,2 millions de dollars américains[6] pour traiter au moins 63 000 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère, pour prévenir la malnutrition en fournissant des conseils à près de 165 000 femmes enceintes et allaitantes sur les pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, ainsi que pour s’assurer que près de 650 000 enfants de moins de cinq ans reçoivent une supplémentation en vitamine A tous les six mois. À ce jour, l’appel n’est financé qu’à 45 pour cent.[7]
Le budget du PAM en 2021 pour son intervention en République centrafricaine est d’environ 203 millions de dollars américains. Cependant, les programmes sont confrontés à un grave déficit, avec moins de 50 pour cent des contributions reçues à ce jour. Cela peut conduire à une réduction des rations alimentaires, à la priorisation des seules personnes les plus vulnérables ou, dans le pire des cas, à une interruption des activités par manque de ressources.
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Vigno Hounkanli, Chargé de Communication, PAM Bangui, Port. +236 72859295 vigno.hounkanli@wfp.org
[1] Les projections pour 2021 étaient de 62 327 au début de l’année (Aperçu des besoins humanitaires 2021). Avec la détérioration de la sécurité alimentaire suite à l’analyse IPC, les besoins ont augmenté de 17 600, à 80 000 enfants.
[2] Phase 4 (“Urgence”) de la classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC).
[3] Données de l’enquête MICS-6 (2018-2019)
[4] Dekoa, Kaga-Bandoro, Bambari, Grimari, Bouca, Koui, Bocaranga, Paoua, Markounda, Bouar, Gamboula, Amadagaza, Nola, Carnot, Gadzi, Mingala, Alindao, Nzangba, Mobaye, Kembe, Satema, Gambo, Pombolo, Ouango, Bakouma, Rafai, Bangassou.
[5] Données issues de trois enquêtes rapides SMART (« Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions ») et d’évaluations nutritionnelles.
[6] Action humanitaire de l’UNICEF pour les enfants (HAC) 2021.
[7] 6 848 214 dollars américains ont été collectés au 30 juin 2021.