Bangui, République centrafricaine, samedi, 12 juin 2021 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Le gouvernement centrafricain souhaite obtenir la coopération tchadienne pour contrôler et ratisser la zone frontalière entre les deux pays, où l’ancien président a trouvé refuge.
Bangui et N’Djamena vont-ils enfin parvenir à s’entendre pour sécuriser leur frontière commune ? Selon nos informations, l’heure est à la relance. Une rencontre à Bangui est en effet imminente entre la ministre de la Défense centrafricaine, Marie-Noëlle Koyara, et son homologue tchadien, Daoud Yaya Brahim – par ailleurs ancien ambassadeur en Centrafrique.
L’invitation a été lancée lors de la dernière visite de Marie-Noëlle Koyara à N’Djamena, ce 1er juin. Elle faisait alors partie d’une délégation menée par les ministres Sylvie Baïpo-Temon (Affaires étrangères) et Henri Wanzet-Linguissara (Sécurité). Tous trois avaient été reçus par leurs homologues au ministère des Affaires étrangères tchadien de Mahamat Zene Chérif.
Un axe Bangui-N’Djamena contre Bozizé ?
Selon nos informations, l’objectif des deux diplomaties est de parvenir à mieux sécuriser la zone frontalière entre les deux pays, où six soldats tchadiens ont perdu la vie le 30 mai. Une commission d’enquête internationale, « indépendante et impartiale » et composée de l’Union africaine, de l’ONU et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a été mise en place pour faire la lumière sur ces derniers événements.
Mais, au-delà de cette première étape, Bangui et N’Djamena ambitionnent surtout de relancer la commission mixte Tchad-Centrafrique. Plus spécifiquement, le gouvernement centrafricain aimerait surtout s’assurer le soutien de son homologue tchadien dans sa traque de François Bozizé. Ce dernier, avec qui le président Faustin-Archange Touadéra (FAT) refuse d’envisager un dialogue (pourtant souhaité par la CEEAC) est toujours, selon nos informations, réfugié dans la zone frontalière entre les deux voisins.
Vigilance à l’égard de Mahamat Idriss Déby
Le nom de François Bozizé n’a officiellement pas été prononcé dans la réunion de N’Djamena le 30 mai. Mais, toujours selon nos informations, le cas de l’ancien président – auquel Bangui et son allié russe souhaitent opposer une option militaire – sera au cœur des discussions de la rencontre prévue entre Marie-Noëlle Koyara et Daoud Yaya Brahim. L’ancien chef de l’État avait pris en mars la tête de la rébellion de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) – laquelle inquiète toujours Bangui au plus haut point.
L’un des cadres de la CPC, Abakar Sabone, est ainsi le père d’une épouse du président de la transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby, ce qui a incité FAT à une certaine vigilance vis-à-vis de son actuel homologue. Les deux hommes se sont rencontrés le 23 avril, à l’occasion des funérailles d’Idriss Déby Itno. « Ces dernières semaines, nos différents échanges avec le président tchadien nous ont rassurés, a confié à Jeune Afrique une source proche de la présidence centrafricaine. Il a prouvé son ambition de collaborer pour sécuriser la frontière. »
Jeune Afrique