Bangui (République centrafricaine) – 11 oct. 2019 00:32
En dehors du Cameroun et du Bénin où le pouvoir est à l’initiative d’un dialogue politique, le Tchad a mis en place depuis 2013 le Cadre national de dialogue politique, une structure chargée de régler les conflits politiques.
Au Mali, les préparatifs du prochain dialogue inclusif ont débuté en début de semaine même si le gouvernement peine à convaincre l’opposition qui critique une concertation qui n’implique pas tous les acteurs.
Faiblesse des institutions
Même s’il est souvent salué comme étant une bonne initiative, le dialogue politique montre parfois ses limites. Non prévu par les textes constitutionnels, le dialogue illustre aussi le blocage des institutions selon Mathias Hounkpe, administrateur du Programme de gouvernance politique et de consolidation démocratique de l‘ONG OSIWA.
Cet expert trouve qu’il faut maintenant “trouver d’autres moyens de faire face aux défis politiques auxquels nos jeunes démocraties sont confrontées. C’est pour cela que vous observez des tentatives de dialogue pour régler des problèmes qui, normalement, auraient pu être gérés à travers le fonctionnement normal des institutions”.
Un moyen de gagner du temps
Si le dialogue est facile à mettre en œuvre, il n’est en revanche pas toujours le moyen le plus efficace pour régler les problèmes.
Le pouvoir en place considère souvent ce type de dialogue national comme une manière de gagner du temps en offrant une concertation sous contrôle. C’est l’avis de Maurice Ndione Seck, professeur de sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal.
“En réalité le dialogue est nécessaire pour le consensus”, précise-t-il avant d’ajouter que “souvent, les acteurs impliqués ne jouent pas franc-jeu, notamment les tenants du pouvoir pour qui c’est un moyen de reprendre du souffle pour perpétrer les pratiques autoritaires”.
Le dialogue, une nécessité pourtant
S’il est difficile de juger de l’efficacité réelle de ces dialogues, ceux-ci demeurent toutefois nécessaires dans les moments de crise, estime pour sa part Kag Sanoussi, président de l’Institut international de gestion des conflits. “Le dialogue est une des solutions car il permet de ne pas rompre les liens entre les protagonistes” explique-t-il.
Toujours selon Kag Sanoussi, la libération de l‘opposant Maurice Kamto au Cameroun dans la foulée du grand dialogue national est la preuve de l’importance de ce genre d’initiative. “Quand on maintient les liens de manière durable, on finit par trouver des pistes de rapprochement”, conclut-il.
Toutefois, le plus difficile reste la mise en œuvre des conclusions. Une phase cruciale mais très souvent négligée par les pouvoirs en place.
Au Cameroun, le dialogue national ne convainc pas tout le monde
Le “grand dialogue national” initié par Paul Biya se solde notamment par la libération de l’opposant Maurice Kamto et de centaines de détenus. Mais ces mesures d’apaisement restent insuffisantes pour certains. (07.10.2019)
Un dialogue politique pour faire baisser la tension au Bénin
Patrice Talon avait annoncé ce dialogue politique le 20 mai dernier, à la suite des manifestations post-électorales. Enfin, la rencontre prend corps ce jeudi… mais avec de grands absents. (10.10.2019)
Le Bénin vers un dialogue qui ne rassure pas
Pour apaiser le climat politique tendu depuis les législatives, le président Patrice Talon a convoqué un dialogue auquel certains principaux acteurs politiques seront absents. La société civile appelle à l’inclusivité. (07.10.2019)
Avec DW français
<:inline inline:>