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CENTRAFRIQUE : COMBAT DE CHEFS AU SOMMET DE L’ÉTAT.

CENTRAFRIQUE : COMBAT DE CHEFS AU SOMMET DE L’ÉTAT.

 

 

MECKA ET SARANDJI 2

 

Bangui, le 25 juillet 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

MANŒUVRES ? INTOXICATIONS ? OU DIVERSIONS ?

 

L’affrontement est âpre. C’est un combat de sumos. L’issue en reste incertaine. Et le vainqueur ne sera pas forcément l’un des combattants présents sur le tatami.

          Car d’autres duels sans merci se déroulent également dans l’ombre. Celui qui se voit au grand jour n’est peut-être qu’une diversion. Un combat truqué, dont les arbitres sont des Machiavel.

          Qui sont ces arbitres ? Ce sont, à n’en pas douter, les tuteurs de toujours qui, depuis plus de soixante ans, lorgnent sur les richesses naturelles de ce pays maudit. De ce pays livré aux étrangers par ses propres enfants trop avides, dévorés par une appétence inextinguible à l’argent. Les architectes diaboliques des affrontements fratricides et suicidaires entretiennent le climat de chaos qui leur permet de continuer à piller la terre centrafricaine.

          Cette fois-ci, la catastrophe est imminente. Une guerre civile n’est pas à écarter.  Elle est d’ailleurs pratiquement déjà là.  Embryonnaire, mais menaçante. Après tant d’année de haine attisée par des éléments exogènes, tant d’années d’appauvrissement continu du territoire et de ses habitants alors que d’énormes potentialités auraient pu sortir la RCA du sous-développement, voilà le pays à l’agonie, à cause de l’incompétence de ses dirigeants, assoiffés de gains, manipulés par des tuteurs étrangers avides de profits.

          Ils ont perdu tout patriotisme et le peuple ne peut plus leur faire confiance. Les responsables de la descente aux enfers de la République Centrafricaine, chefs de gouvernement, ministres, hauts fonctionnaires, politiciens corrompus, continuent, en fait, à diriger un pays qu’ils ont mis en faillite.

 

TOUADERA VS MECKASSOUA : UN COMBAT FRATRICIDE QUI MINE LA CENTRAFRIQUE

          Pourquoi tant de haine ? Ne sont-ils pas tous les deux Centrafricains ? Au lieu de faire ce qu’il faut pour protéger leurs compatriotes et leur nation, ils se déchirent. En temps de guerre, les deux pouvoirs, l’exécutif et le législatif, devraient, au contraire, agir de concert pour rechercher la paix (SIRIRI) et la réconciliation. Leurs affrontements ne peuvent que profiter aux groupes armés qui tiennent le haut du pavé et dictent leur loi.

          Face à cette situation inextricable, il faudrait s’unir et non se diviser. Malgré les effroyables soupçons qui pèsent sur le président de l’Assemblée nationale, malgré le passé sulfureux qu’on lui attribue, avec le recrutement de mercenaires destiné à provoquer un soulèvement populaire afin de destituer Touadera et même attenter à sa vie, malgré la corruption avérée des députés pour qu’ils acceptent de l’élire au perchoir de l’Assemblée, il faut que cessent les accusations gravissimes qu’on porte contre lui. Seule, une enquête judiciaire pourra déterminer leur bien-fondé.

          Abdou Karim Meckassoua devra alors s’expliquer, pour infirmer ou confirmer les rumeurs désastreuses qui courent sur lui. En attendant, dans l’intérêt du pays, il faut arrêter cette guerre de tranchées au sommet de l’état. Les efforts des dirigeants doivent se concentrer sur le redressement d’un pays à la renverse. D’un pays en voie de partition et de dislocation avancées.

          Pour l’heure, on ne peut que demeurer inquiet. Les nouvelles en provenance de la République Centrafricaine sont alarmantes. Très alarmantes. C’est une catastrophe annoncée. Des bains de sang et des génocides à venir.

 

POURQUOI NE PAS ASSOCIER LES CENTRAFRICAINS AUX INITIATIVES DE PAIX ET DE RÉCONCILIATION ?

          L’accord de paix qui a été signé à Rome n’est pas appliqué par les belligérants. Les massacres et les crimes contre l’humanité continuent. La dernière réunion de Libreville sous l’égide de l’ U.A. (Union Africaine), risque, elle aussi, de rester sans suite.  Il est à craindre que les résultats de ces rencontres, qui sont des actes de bonne volonté, ne soient pas probants, tant qu’elles se tiendront hors du territoire centrafricain et en l’absence des citoyens eux-mêmes.

          L’inclusion des Centrafricains dans la recherche de la paix (SIRIRI) et de la réconciliation est la condition sine qua non qui permettrait d’obtenir des résultats valables. Malgré les immenses difficultés, les Centrafricains veulent avoir la maîtrise de l’avenir de leur pays. L’initiative des forces internationales et des O.N.G. consistant à convoquer des réunions sur la paix hors de la Centrafrique ressemble à une culture hors sol. Libreville 1, Rome et Libreville 2 nont abouti à rien. L’insécurité est toujours là, sur 60% du territoire. Le gouvernement n’est pas à la hauteur de la situation.

 

UN COMITE DE SAGES MÉDIATEURS ?

          Le moment est peut-être venu de rechercher d’autres pistes de négociations pour la paix. Pourquoi ne pas constituer un comité de sages, comme l’ont fait les Sud-Africains au moment de leur réconciliation ? Il suivrait les leçons humanistes de l’« Ubuntu », cher à Desmond Tutu, larchevêque sud-africain prix Nobel de la paix.  Il inciterait à réunir autour d’une table toutes les parties prenantes pour qu’elles construisent, ensemble, une réconciliation durable.

          Mais il ne faudrait pas que cette réunion de la dernière chance échoue, comme elle l’a fait à Libreville et à Rome. Il importe, auparavant, de régler la question cruciale de l’impunité.

          A Rome, les rebelles ont obtenu que leurs crimes ne soient pas punis. Ils ont réclamé une amnistie générale. Est-ce acceptable pour les Centrafricains ? Peuvent-ils oublier les milliers de morts, les villages incendiés, les exilés de l’intérieur et de l’extérieur, l’avenir compromis pour toute la jeunesse d’un pays en ruine ?

          La paix ne s’établira jamais d’une manière durable sans la comparution des auteurs de crimes contre l’humanité devant la Cour Spéciale de Bangui. Les rebelles doivent être convaincus de crimes et se repentir en demandant pardon au peuple centrafricain pour les atrocités qu’ils ont commises.

          C’est seulement à partir de ce moment-là que le comité des sages pourra prendre la main et mener les négociations nécessaires pour, enfin, faire entrer le pays dans la paix.

                                                                                                                     

 

 

JOSEPH AKOUISSONNE          (24 juillet 2017)

Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l'article.
Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l’article.
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