CENTRAFRIQUE : LES MARTYRS DE NOTRE-DAME DE FATIMA

Publié le 4 mai 2018 , 7:52
Mis à jour le: 4 mai 2018 7:52 pm

CENTRAFRIQUE : LES MARTYRS DE NOTRE-DAME DE FATIMA

 

 

 

 

 

Bangui, le 4 mai 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

UN MASSACRE CONFESSIONNEL ?

          Les assassins utilisent désormais les méthodes de tueries de masse initiées par les Fous de Dieu de l’État islamique.

          Ici même, nous avions prévenu les autorités que le drame du KM5 allait être une action qui annoncerait la déstabilisation de la capitale. Nous les avions alertées sur les risques de contagion d’autres quartiers. Aujourd’hui, nous y sommes ! Pourquoi le gouvernement ne réagit-il pas comme il le faudrait ? Comment peut-il se borner à dénoncer mollement le drame et à continuer d’inaugurer les chrysanthèmes ?

          Le massacre à la grenade et au fusil mitrailleur de Notre-Dame de Fatima est une action préméditée. C’est l’expression sinistre de la barbarie d’un autre temps.

           A Kaga-Bandoro, plusieurs factions sélékistes sont en conclave pour préparer un raid sur Bangui, afin de s’emparer du pouvoir par la force. Des paroissiens, réunis dans l’église à l’occasion du 1er mai pour fêter Saint Joseph le travailleur, ont été fauchés par des rafales d’armes automatiques et des grenades lancées sur la foule des fidèles par des ex-Sélékas. L’une d’elles a tué le prêtre de la paroisse, un prêtre innocent, un homme de Dieu, l’Abbé Albert Tongoumalé Baba.

          Ce nouveau drame s’est produit non loin du Km5 où, récemment, des bandits, en majorité musulmans, ont tiré sur les forces de sécurité et les Casques bleus.

          Il faut être aveugle ou pratiquer la politique de l’autruche, pour ne pas voir que le pays affronte désormais des terroristes usant de méthodes barbares et décidés à massacrer sans discernement des innocents désarmés.

 

UN PEUPLE EN COLÈRE, UN GOUVERNEMENTS QUI SE TAIT 

          Le 1er mai, une foule immense de Banguissois s’est ébranlée vers le centre-ville en criant sa colère devant l’inertie des autorités.

          Il faut cesser de faire semblant. Le pays semble échapper à ceux qui sont chargé de le gérer. Le président Touadera doit d’urgence déclarer l’ex- Séléka et ses séides « groupes terroristes » et les traiter comme tels. Il faut sortir la République Centrafricaine des ambiguïtés politiques qui brident toute chance de sortir de ce chaos qui menace l’existence même du pays.

          Aujourd’hui, le pouvoir donne l’impression d’avoir désigné les Russes comme médiateurs. On apprend qu’un de leurs gros porteurs a atterri à Kaga-Bandoro pour négocier avec les rebelles qui menacent de fondre sur Bangui. Les Russes sont-ils devenus en si peu de temps la solution au bourbier dans lequel s’enfonce le pays ?

          Les Centrafricains ne savent plus à quel saint se vouer. Ils en ont assez de subir un gouvernement incompétent, qui cultive l’inertie, l’incompétence et l’amateurisme à tous les niveaux. Sa démission devant les périls est insupportable et effrayante. Il faut que le président change de philosophie et insuffle à la nation le sentiment qu’il existe entre ses composantes une communauté de vie et de destin, afin de barrer la route au communautarisme religieux qui gangrène et ronge tant de nations.

           Le président doit aussi sortir du carcan de la rhétorique des négociations pacifiques. Pour une bonne gouvernance, il faudrait peut-être envisager de nouveau un changement de Premier ministre et de gouvernement, car les Centrafricains sont de plus en plus nombreux à se sentir abandonnés par leurs gouvernants.         

          Ils sont en train de perdre patience et ne veulent plus subir les souffrances sans réagir. Mais il ne faudrait surtout pas que les chrétiens, si durement touchés par le drame de Notre-Dame de Fatima, cèdent aux tentations des représailles. Ce serait alors le surgissement du cycle infernal des affrontements sanglants.

          Il faut tout faire pour que la litanie des morts chrétiens et musulmans cesse de s’égrener sinistrement. Le président Touadera est, désormais, au pied du mur.

« Centrafrique na Ndouzou ! » (Centrafrique debout !)

  1. AKOUISSONNE DE KITIKI et LOAWE à BANGUI (04mai 2018)
  2. Monsieur Joseph Akouissonne de Kitiki, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

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