Centrafrique : quand l’opposant Maître Mboli-Goumba saigne le bilan de l’an 2 de Touadera.

Publié le 28 mars 2018 , 9:00
Mis à jour le: 28 mars 2018 9:03 pm

Centrafrique : Quand l’opposant Me Mboli-Goumba saigne le bilan de l’an 2 de Touadera

 

 

 

 

 

Bangui, le 29 mars 2018.

Par : Fred Krock, CNC.

 

Ce mercredi 28 mars 2018, alors que les manifestations se multiplient pour commémorer l’An 2 du Président de la République, voilà qu’au siège de son parti, le PATRIE, Me Crépin Mboli-Goumba, pugnace opposant de son état, a animé une conférence de presse au centre de laquelle, le « triste bilan » de cette deuxième année de gouvernance de Touadera.

 

Le bilan établi par l’opposant est sans complaisance ! Tout a commencé par un rappel du bon départ de Touadera, en tant que président élu de la République centrafricaine, investi le 30 mars 2016 : « Il y a deux ans, le président Faustin Archange Touadera a été investi à la magistrature suprême de l’Etat. Le peuple centrafricain et le monde entier avec lui, à l’unisson et légitimement célébrait ce passage de témoin pacifique entre Catherine Samba Panza et le nouveau président, ceci pour un bail de cinq ans », avait d’abord reconnu, Me Mboli-Goumba qui poursuit que « tous les espoirs étaient permis », du moins à ce niveau.

Dans son explication, l’opposant relève qu’ « on se disait qu’on allait enfin s’atteler à la construction d’une grande nation solidaire où chaque centrafricain vivrait en liberté et ne serait pas jugé en fonction de sa région d’origine. Tous les espoirs étaient permis parce que le président élu bénéficiait de l’adhésion de la quasi-totalité des centrafricains, à travers ses différentes composantes et surtout parce que le nouveau locataire du palais de la Renaissance n’avait à la bouche que des mots de réconciliation nationale, de sécurité et de la rupture ». En plus de ces aspects, il y a avait cette « formule d’union sacrée » voulue et obtenue par le président FAT.

Le mot de transition entre cette première réalité et la vraie réalité de Touadera en deux ans aura été le « Hélas ! » que prononçait Me Mboli-Goumba qui démontre que « dès le lendemain de cette mandature, des nuages annonciateurs d’orages obscurcirent le ciel bleu azur ». En effet, selon le conférencier, « les toutes premières nominations, on s’en souvient, indiquèrent que la mandature serait marquée du seau du sectarisme, de la médiocrité et de la faillite morale ». Et d’expliquer que « ‘’Sectarisme’’ parce que très vite, la région et les liens familiaux devinrent le critère le plus important de la promotion dans l’administration et dans les sociétés d’Etat ; ‘’médiocrité’’ parce que dans une incroyable et surprenante intelligence surtout venue d’un intellectuel, le professeur de Mathématiques ne s’entourait que des gens ayant démontré leur incompétence ; ‘’morale’’ enfin, parce que la promotion d’escrocs dans l’entourage présidentiel ouvrit la voie à tous les excès, la course à l’enrichissement illicite. Depuis, le président Touadera s’est malheureusement enfoncé dans la nuit noire, sans boussole, comme si il était attiré par les ténèbres ».

De l’avis de Me Mboli-Goumba, le constat premier qui se dégage du fameux l’an 2 de Touadera, c’est que les Centrafricains ont en face d’eux, « un immense champ de ruine des illusions perdues où gisent des cadavres comme jamais auparavant et aussi où vivent des réfugiés, des déplacés internes, ainsi que des compatriotes ayant perdu toute leur dignité, car vivant désormais dans l’insécurité alimentaire et comptant sur l’aumône de la communauté internationale ».

En chiffre et notamment sur ce volet précis, il faut compter aujourd’hui 688 700 personnes déplacées ; 518 196 réfugiés et quelques 2 millions de Centrafricains touchés par l’insécurité alimentaire, soit environ 50% de la population. A cela, faut-il ajouter qu’un peu plus de 80% du territoire national est sous la coupe des groupes armés. Ce tableau rappelle à Me Mboli-Goumba que « le triste record de 3000 morts que détenait le régime transitoire de la séléka a été multiplié par deux sous le régime issu des urnes du président Touadera pour atteindre plus de 7000 assassinés parmi nos compatriotes ».

Ce n’est que le bout de l’iceberg, puisque toujours selon Me Mboli-Goumba, « au plan diplomatique, notre pays, la République centrafricaine est comme un canard sans tête, avec un président qui fait l’impasse sur le Ministère des Affaires étrangères, et méconnait les uses diplomatiques ou tout simplement les règles du monde moderne tel qu’il fonctionne et, ce faisant, humilie notre peuple ». C’est en cela qu’en réponse à la question d’un journaliste de la presse écrite privée, Me Mboli-Goumba relève qu’il n’a pas régi pour être copté au sein d’un « gouvernement inexistant », car même en tant que Ministre des Affaires étrangères, il aurait démissionné immédiatement le lendemain de la visite du Président Touadera en Arabie Saoudite, lorsque le Ministres des AE n’était même pas informé de la mission. Voilà qui cause, selon le président du PATRIE, « un isolement sans précédent sur la scènes sous-régionale et internationale ». L’opposant renforce ce dernier argument avec le « transfert temporairement définitif ou définitivement temporaire du siège de la CEMAC à Malabo, la perte de la Présidence et de la Vice-présidence de la BDEAC. A cette déchéance vient s’ajouter, de l’avis de Me Mboli-Goumba, « le règne de la terreur » qui se matérialise parle traque des opposants tant sur le plan politique, économique et social.

Me Mboli-Goumba a trouvé non exhaustive la liste qui devrait être établie des échecs de Touadera, mais ajoute l’aspect judiciaire : « la justice n’aura aussi été manipulée, instrumentalisée et mise au service d’un clan sous aucun régime », dénonce l’opposant.

Et de conclure, « deux ans après, c’est donc l’état de la Nation que nous découvrons ici, une nation déchirée, mal gouvernée, livrée aux pillards et aux pilleurs, isolée comme jamais auparavant à la justice mise au pas et non rendue au nom du peuple, mais d’un clan prédateur ; une nation exsangue, défigurée par l’occupation de son territoire et l’asservissement de sa population ; un leadership inexistant ; une appétence sans pareil des membres du clan au délice du pouvoir sans préoccuper jamais du résultat ».

A suivre…

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