Centrafrique : quand les enseignants s’inquiètent de la menace du gouvernement Sarandji.

Centrafrique : quand les enseignants s’inquiètent de la menace du gouvernement Sarandji.

 

 

Monsieur Appolaire Zaoro, un agriculteur devenu Maitre-parent pour former les enfants de son village en Republique Centrafricaine. Image : copyrightBBCAfrique.

 

Bangui, le 11 décembre 2017.

Par : Anselme Mbata, CNC.

 

Dans une déclaration faite à la radio Centrafrique,   le Directeur de cabinet du Ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, monsieur Ernest Mada, menace de bloquer à la  source  les salaire des enseignants affectés en province et qui ne sont pas jusqu’à ce jour  présents devant les tableaux sur les lieux de leurs affectations. Cette menace, loin d’être une blague de fin d’année pour les enseignants, fait couler beaucoup d’encre parmi les professionnels de l’enseignement du pays. Pour ces derniers, le gouvernement tente de faire un petit malin sur leur  vie en faisant  un semblant de plaisir  d’ignorer la situation sécuritaire très instable dans les provinces, surtout dans des zones contrôlées par des groupes armés. À ce titre, on se demande que cherche exactement le gouvernement.

 

Pour rappel, depuis l’investiture du Président Touadera, l’occupation du territoire national par des groupes armés passe de 65 à 90% et la plupart des bâtiments administratifs sont, soit occupés par des combattants rebelles, soit tout simplement détruits lors des affrontements militaires entre les groupes rebelles. Les fonctionnaires de l’État, quant à eux, ont pris le large pour se réfugier dans la capitale ou ailleurs afin de s’échapper au danger qui guette leur âme.

Le gouvernement que dirige l’ami personnel du Président Touadera, le Géographe du quartier AsecnaSimplice Mathieu Sarandji, de son côté, ne contrôle qu’environ 9% du territoire qui ne se limite qu’à la capitale Bangui et ses environs.

Alors, avec les menaces du gouvernement de sanctionner les enseignants qui ne veulent pas rejoindre les lieux de leur affectation dans les arrières-pays, tout le monde s’accorde finalement à dire que le gouvernement n’est pas à la hauteur des enjeux actuels qui menace le pays.

Dans un pays où les groupes armés utilisent les bâtiments scolaires comme leurs bases militaires dans les provinces, peut-on juger utile de dire aux enseignants d’aller chasser ces rebelles pour occuper les salles des classes ?

Outre les problèmes des salles de classe, est-il normal pour un fonctionnaire de l’État de travailler sereinement dans un endroit où aucune autorité de l’État n’est respectée et que seules les lois des groupes armés qui y sont appliquées. ?

“Sans doute les efforts consentis par la Minusca et certains députés des régions frappées par la flambée des violences sont louablessurtout dans le cadre du relèvement du système éducatif du pays, mais le minimum nécessaire pour ces enseignants de rejoindre leur poste dans des zones occupées par les rebelles ne sont pas encore établi”, a expliqué à CNC un enseignant de la primaire affectée dans la Nana-Gribizi..

Depuis plusieurs années en République centrafricaine, ce sont des Maîtres-parents qui enseignent en lieu et place des enseignants titulaires à plus de 80% dans les écoles primaires des localités reculées du pays. En 2016 près de la ville de Bozoum dans la préfecture de l’Ouham-Péndé, trois enseignants titulaires ont falli être enterrés vivants par les miliciens Antibalaka qui les ont accusés de détourner les sacs du riz distribués par l’ONG catholique Caritas.

 

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