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Yalinga, une Localité Oubliée de la Haute-Kotto

Yalinga, une Localité Oubliée de la Haute-Kotto

 

Une scène rurale à Yalinga, dans la Haute-Kotto, avec des enfants jouant sur un terrain sablonneux devant des huttes traditionnelles africaines, entourées d’arbres et sous un ciel nuageux
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Bangui, 16 avril 2024 (CNC)

 Dans les profondeurs de la Haute-Kotto, là où les rivières s’entrelacent et où les murmures du vent portent les échos d’un peuple oublié, se trouve Yalinga. Cette sous-préfecture, à 170 kilomètres de Bria, est en proie à des défis colossaux. Mais qui entend les cris de détresse de ses habitants ?

 

Au-delà des menaces incessantes qui planent, l’absence criante de points d’eau potable et l’accès restreint aux soins de santé de qualité font partie du quotidien des habitants. Pour eux, vivre à Yalinga est une lutte quotidienne pour la survie.

 

Répondant à cet appel désespéré, des représentants des autorités administratives et trois députés de la Haute-Coteau, accompagnés de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), se sont rendus sur place du 28 mars au 6 avril dernier. Ce geste témoigne d’une prise de conscience, mais que peut-on réellement attendre de ces visites éphémères ?

 

À Yalinga, les signes de désespoir sont omniprésents. Les hautes herbes envahissent les rues, les bâtiments administratifs croulent sous le poids des années, et l’autorité de l’État est plus une idée lointaine qu’une réalité tangible.

 

Henriette Yamon, première adjointe au maire de Yalinga, exprime avec amertume la situation précaire :

“Il n’y a pas de maire ni de sous-préfet, moins encore de gendarmes. Je travaille seulement avec les chefs de groupements et de quartiers”.

 

Les défis sont multiples. Les installations médicales manquent cruellement de médicaments, et l’eau de la rivière, principale source d’approvisionnement, est un vecteur de maladies comme la diarrhée. Les paroles de Mme Le Yamon résonnent avec urgence :

“Qu’on nous déploie des FACA, je souhaite que la localité de Yalinga redevienne comme auparavant.”

 

Le préfet de la Haute-Coteau, Thierry Evariste Binguinenndji, s’engage à plaider en faveur de ses concitoyens :

 

“Il n’y a même pas d’enseignants qualifiés, il y a aussi le problème de santé. Les femmes accouchent même sur le sol, et dans certaines zones, il y a des problèmes de semences. S’ils sèment, par exemple les tubercules de manioc, après un ou deux mois, tout pourrit”.

 

La MINUSCA, représentée par Abraham Osong Esapa, reconnaît également l’urgence de la situation :

 

“Je vais parler au chef de bureau, c’est à lui de parler avec les hiérarchies à Bangui pour essayer d’aider cette population. Il y a encore des ponts à réparer. Sans accès, on ne peut pas bien protéger la population”.

 

Les difficultés de Yalinga remontent à loin, depuis les années 2003, lorsque les rebelles de la LRA de Kony semaient la terreur dans la région. Aujourd’hui, ce sont des groupes armés locaux qui viennent régulièrement dépouiller les habitants de leurs biens, semant un climat de peur et d’incertitude.

 

Dans ce récit de souffrance et d’abandon, les habitants de Yalinga ne demandent qu’une chose : que leur voix soit entendue, que leurs besoins soient pris en compte. Alors que les visiteurs repartent, leur espoir fragile repose sur la promesse lointaine d’un avenir meilleur, où la sécurité, la santé et la dignité ne seront plus des luxes inaccessibles.

 

Par Moïse Banafio

 

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