Rédigé par William
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le lundi 18 avril 2022
Bangui (CNC) – Dire que notre société est en pleine déconfiture ne suffit pas pour qualifier ce que nous vivons. Notre société est en pleine DÉCONSTRUCTION, car nous vidons chaque fonction sociale de sa substance. Après les Pasteurs, ce sera bientôt le tour des professionnels de médias.
Je travaille comme officier communication pour une multinationale, un jour alors que j’élaborais ma stratégie de communication, j’ai marqué “créer une relation de proximité avec les médias locaux et internationaux”, mon DG (un européen) me répliqua : “les journalistes centrafricains, c’est la racaille…pas la peine”. J’avoue que j’avais piqué une vive colère ce jour, car non seulement mon patron méprisait mon corps de métier, il jetait surtout de l’opprobre sur mes compatriotes, et je le lui ai fait savoir, sans détour. Mais à voir les choses dans le fond, son mépris n’était qu’un constat criard des réalités de notre société.
A titre d’exemple, un confrère pour qui j’avais beaucoup d’estime, m’a retiré ce matin de sa plateforme WhatsApp. Aux motifs : “Je fais de l’acharnement contre ceux qui ont quitté les rangs de l’opposition ; les principes du métier de journalisme ne me donnent pas le droit de répondre à ceux qui commentent mes sorties médiatiques ; je suis allergique aux critiques ; je dois choisir une idéologie, car selon lui je n’en ai pas. Jugez-en vous-mêmes de sa bouffonnerie ! Et dire que celui-ci totalise plus de dix ans d’exercice professionnel avec un niveau expressif très approximatif, j’avoue sans blague que j’ai envie de vomir du sang noir…
Au premier point, il parait que les journalistes sont des éducateurs, des leaders d’opinion, crever l’abcès pour demander aux gens d’être loyaux vis-à-vis de leurs convictions, est-ce de l’acharnement ? Ce journaliste que je préfère taire le nom peut-il me dire quel est ce principe journalistique qui m’empêche de répondre à mes détracteurs, puisqu’il semble que cela m’échappe ? Ensuite où m’a-t-il vu allergique aux critiques, moi qui l’avait taclé une fois, il a fui longtemps avant de réapparaître ? Je dois choisir une idéologie, dit-il, s’érige-t-il désormais censeur de mes convictions républicaines ? Qui à Bangui ne sait pas que je suis un observateur opposé idéologiquement au régime de Bangui ? Doit-on pour cela faire un Master en France pour le comprendre ?
Bref, au temps de Bokassa, l’empereur foutait en prison les journalistes incompétents, ceux qui ne maîtrisaient pas la langue. C’est ici qu’il faut croire qu’à certaines choses, la dictature est bonne. Comment ceux qui sont censés éduquer la Nation peuvent-ils tant manquer de culture générale et d’ouverture d’esprit ?
A travers le monde, au-delà de la formation en Sciences de l’information et de la communication, les journalistes étudient des sciences humaines connexes telles que les Sciences Politiques, le Droit, la Sociologie, les Relations Internationales, l’Histoire, l’Économie ou les Arts ; cela les empêche justement d’étaler leur ignorance sur les questions de société les plus simples.
J’ai encore compris que s’opposer idéologiquement au régime de Bangui, c’est être antiprofessionnel et surtout contre les intérêts de la Nation. Comment parlerons-nous d’équilibre démocratique si tous les journalistes doivent faire allégeance aux forts du moment ?
En vérité, même seul contre tous, je ne reculerai pas, car comme le disait l’illustre Desmond Tutu, rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur. Mais surtout j’ai fait mienne une célèbre citation de Jean Baptiste Placca où l’homme disait : «Il est des circonstances qui imposent de ne pas craindre de déplaire, de ne pas chercher à complaire, de ne pas se taire, lorsque ce qui est en cause relève du devenir d’un peuple. Le devoir sacré, ici, impose de mettre de côté ses sympathies, ses amitiés, ses intérêts personnels, bref, toutes les avidités éhont�
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