Une réunion de paix à Zémio tourne à la crise : tensions autour du départ des musulmans de la ville

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Ce lundi 24 mars 2025, Madame le maire de Zémio a tenté de désamorcer une situation explosive en réunissant les différentes communautés de la ville, notamment musulmans, chrétiens, Peuls et autres pour parler de paix et de la cohésion sociale. Mais cette initiative, censée apaiser les esprits, s’est déroulée dans une atmosphère tendue, alourdie par la présence des mercenaires russes du groupe Wagner, convié par la maire elle-même à assister à la réunion.
En effet, tout a basculé après un drame qui a secoué la ville il y’a quelques jours. Deux jeunes Peuls, âgés de 20 et 22 ans, , partis de leur campement à 6 heures du matin pour venir s’inscrire sur la liste électorale à Zémio en vue des élections de décembre 2025, ont été brutalement assassinés. Arrivés vers 9 heures, ils ont effectué leur inscription avant de repartir à 14 heures. Sur le chemin du retour, à 8 kilomètres de la ville, des miliciens azandés les ont interceptés et décapités vers 17 heures. Dès le lendemain, deux suspects ont été arrêtés par les mercenaires russes et placés en détention à la gendarmerie de Zémio.
Depuis cet événement, la colère des miliciens azandés, y compris la population civile, ne faiblit pas. Armés, ils ont bloqué toutes les entrées et sorties de la ville : nord, sud, est, ouest, et lancé un ultimatum : aucun musulman ne doit entrer ou sortir. Ils vont plus loin en exigeant que Zémio, et même d’autres localités du Haut-Mbomou, soient réservées aux seuls Azandés, refusant la présence de musulmans ou d’autres ethnies. Ils ont également interdit à quiconque de venir s’inscrire sur la liste électorale, un acte qui semble avoir coûté la vie aux deux jeunes Peuls le 15 mars dernier.
C’est dans ce climat lourd que la réunion de ce lundi 24 mars 2025 s’est tenue. Les discussions ont vite pris une tournure agitée. Les représentants russes du groupe Wagner ont interpellé madame le maire avec une question tranchante : « Ces jeunes veulent que tous les musulmans et les autres ethnies quittent la ville. Vous, qu’en pensez-vous ? ». La réponse de madame le maire a été immédiate. Levant les deux mains en l’air, elle a juré au nom de son Dieu qu’elle ne souhaitait pas le départ des musulmans. « Avec eux, avec toutes les ethnies, on vit bien ici », a-t-elle affirmé, précisant que cette crise était l’œuvre de quelques individus, pas de l’ensemble de la population.
Son plaidoyer pour la paix n’a pourtant pas fait l’unanimité. Les chefs de quartiers et de villages, présents dans la salle, ont laissé transparaître leur désaccord. Sans le dire ouvertement, leurs murmures et leur malaise montraient qu’ils ne veulent ni des musulmans ni des autres ethnies. La maire, elle, a continué d’appeler à la cohésion, demandant à chacun de travailler pour ramener le calme.
Mais la situation reste volatile. Environ 2 000 miliciens azandés se sont retirés dans la brousse pour, selon eux, « prendre leurs potion magique », un rituel avec des gris-gris qui annonce leur préparation au combat. Ils ont promis de revenir pour fouiller les quartiers musulmans, maison par maison, et chasser leurs habitants. Une menace qui fait planer le spectre d’une vague de violence.
Le Sous-préfet, Romaric Sangou Zirani, actuellement à Bangui, brille par son absence, laissant la maire seule pour gérer une crise qui semble lui échapper. Malgré ses appels répétés à la paix, Zémio reste sous haute tension. Bloquée par les miliciens azandés, la ville attend, dans l’angoisse, de voir ce que l’avenir lui réserve….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC