Un nuage épais rend les mains tendues pour la paix invisibles’, déplore Ouéifio

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Quand Élie Ouéifio, ancien ministre centrafricain, prend la plume, ça ne rigole pas. Dans son ouvrage Quand la politique des mains tendues du Président Touadéra soulève des interrogations et réflexions !!!, publié en janvier 2025, il dresse un tableau sans concession de la quête de paix en République centrafricaine (RCA). Ce n’est pas juste une réflexion, c’est un cri d’alarme. Pour lui, la politique des “mains tendues” de Faustin Archange Touadéra, lancée en 2016, devait être une lumière dans la nuit des crises. Mais neuf ans plus tard, elle reste un mirage, et Ouéifio n’y va pas par quatre chemins pour dire pourquoi.
En Centrafrique, la paix, c’est comme un trésor qu’on cherche sans jamais mettre la main dessus. Touadéra est arrivé le 30 mars 2016 avec une promesse qui claquait : tendre les mains à tous pour recoller les morceaux d’un pays en ruines. Ça sonnait bien, ça donnait de l’espoir. Mais en ce début 2025, Ouéifio balance un verdict qui fait mal : ce rêve, il est toujours dans les starting-blocks. “Depuis cet appel à la paix et à l’unité des Centrafricains par le Père de la nation”, écrit-il, “tout laisse supposer que la division prend le dessus” (p. 14). Et il enfonce le clou : “un nuage épais rend les mains tendues invisibles” (p. 14). Alors, d’où vient cette brume qui gâche tout ?
Ouéifio commence par mettre les pieds dans le plat : la machine est grippée. Touadéra parle de ses mains tendues à chaque micro, une pour les exilés, une pour les rebelles, une autre pour les politiques de tous horizons. Mais les chiffres qu’il sort sont cruels : combien d’exilés sont revenus ? Une poignée. Combien hésitent encore ? Une foule. Et combien fuient toujours ? Trop pour compter. Le problème, c’est que ceux qui devraient porter cette vision ne suivent pas. “Le manque de dynamisme et d’actions intégrées du gouvernement” (p. 20), voilà son premier uppercut. Les ministres, englués dans leur mantra de “rupture” et “c’est notre tour”, préfèrent remplir leurs poches plutôt que de tendre des ponts. Refus d’un dialogue large, peur des provinces, utilisation du président comme mascotte : ça coince partout.
Et puis, il y a l’Assemblée nationale, ce “pouvoir législatif sans vertu” (p. 24) qui, au lieu de tenir les rênes, bétonne les murs de la division. Mais le vrai venin, c’est ailleurs. Ouéifio appelle ça les “sirènes”, ces manipulateurs qui murmurent des douceurs à Touadéra pour mieux le perdre. Il ressort les mots de Professeure Danièle Darlan, en 2021, qui l’avait prévenu : “N’écoutez pas le chant des sirènes” (p. 39). Ces courtisans, il les voit dans les ministères, dans l’ombre du pouvoir, prêts à tout pour des villas tape-à-l’œil ou des billets flauntés sur les réseaux. “Ils ont amené le Président à oublier ce pourquoi le peuple l’a élu”, lâche-t-il, amer (p. 40). Pendant ce temps, le peuple attend, coincé entre des routes barrées et des villages qui partent en fumée.
Ouéifio ne nie pas la bonne foi de Touadéra. Il voit dans ses mains tendues un écho de Dieu pardonnant à Adam et Ève (p. 10). Mais sans une équipe qui assure, sans une justice qui rapproche au lieu de trancher dans le vif, ça ne passe pas. “La corruption est récompensée et l’honnêteté devient un sacrifice” (p. 31), écrit-il, citant Ayn Rand pour appuyer son coup. Et quand des peines de mort ou de perpétuité tombent sur ceux que Touadéra voulait rallier (p. 28), il se demande : comment avancer comme ça ?
Pas question de baisser les bras, pourtant. Ouéifio a une idée fixe : la paix, ça ne vient pas des flingues, “les armes ne mettent jamais fin au conflit” (p. 123), mais d’un dialogue, un vrai, où tout le monde joue cartes sur table. Il imagine Touadéra, Bozizé, Samba-Panza, Djotodia et Nguendet, les “cinq doigts de la main” qui ont tenu le pouvoir, face à face pour vider leur sac (p. 128). Qu’ils crachent enfin le morceau sur les “mystères cachés” qui les ont divisés, qu’ils demandent pardon. Sans ça, il prévient, c’est le chaos assuré, comme dans Esaïe 1:20 : “Si vous êtes rebelles, vous serez dévorés” (p. 44).
Il regarde le Rwanda, l’Afrique du Sud, et se dit : on peut le faire. Mais le chemin est semé d’embûches. Les “sirènes” guettent, la corruption ronge, et le peuple n’en peut plus. “Les mains tendues de Touadéra ne resteront qu’un vain slogan” (p. 34) si rien ne bouge, tranche Ouéifio. En 2025, alors que la Centrafrique chancelle, son appel tape fort : il est temps d’agir, ou ce mirage deviendra notre tombe.
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