Touadéra et le Soudan : une diplomatie à double tranchant

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Faustin-Archange Touadéra, souvent appelé Baba Kongoboro, président centrafricain, jongle entre un soutien discret aux rebelles soudanais du RSF et des gestes pathétiques pour se rapprocher de Khartoum, démontrant une stratégie ambiguë d’un serpent à deux têtes.
Depuis le déclenchement du conflit soudanais en avril 2023, opposant les Forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhan aux Forces de soutien rapide (RSF) de Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, la République centrafricaine adopte une posture trouble. Faustin-Archange Touadéra, à la tête du pays depuis 2016, semble mener une diplomatie à deux visages, mêlant un appui voilé aux RSF et des efforts pour renouer avec le gouvernement soudanais.
Des informations circulent sur le fait que la RCA, via des réseaux liés au groupe Wagner, a facilité le transit d’armes et de ressources vers les RSF, notamment à travers la frontière poreuse près d’Amdafock, une ville stratégique sous contrôle rebelle. Cette zone, riche en mines d’or, est un enjeu clé pour Wagner, qui y voit une opportunité économique. À l’époque où les RSF semblaient dominer, Bangui aurait même envisagé d’envoyer une délégation pour renforcer ces liens, dans une ambiance optimiste avec des célébrations.
Mais le vent a tourné. Les FAS, renforcées par des soutiens extérieurs, reprennent du terrain. Touadéra, sentant le rapport de force s’inverser, a ajusté sa stratégie. Le 28 mai 2025, il a dépêché une délégation centrafricaine pour remettre un message au général al-Burhan, un geste visant à apaiser Khartoum et à consolider les relations bilatérales. Ce revirement, rapporté sur les réseaux sociaux, coïncide avec la présence de l’ambassadeur soudanais en RCA et de représentants du Conseil souverain soudanais. Si le contenu de la lettre reste confidentiel, il reflète une tentative de Touadéra de se repositionner face à une situation militaire changeante.
Ce double jeu n’est pas une surprise. Touadéra a déjà adopté une approche similaire avec d’autres pays voisins, comme le Tchad, alternant entre coopération officielle et appui à des groupes armés transfrontaliers. En soutenant les RSF, il sécurise les intérêts de Wagner, qui exploite les ressources aurifères et maintient des réseaux d’approvisionnement. Mais en se rapprochant d’al-Burhan, il cherche à éviter un durcissement de la frontière soudano-centrafricaine, qui compliquerait les opérations de Wagner.
La MINUSCA, mission de l’ONU en RCA, ajoute une couche d’ambiguïté. Des allégations, non confirmées, affirment que des casques bleus gambiens auraient collaboré avec les RSF à Amdafock, ce qui pousse à s’interroger sur l’impartialité de la mission dans un contexte régional complexe.
Touadéra, guidé en partie par les intérêts russes, joue une partie risquée. En cherchant à ménager toutes les parties, il pourrait finir par s’aliéner à la fois Khartoum et les RSF, tout en fragilisant la position de la RCA dans la région. Sa dépendance envers Wagner, qui pilote en coulisses une partie de sa stratégie, limite sa marge de manœuvre. Si le Soudan parvient à sécuriser sa frontière, les activités de Wagner pourraient être entravées, obligeant Touadéra à repenser son approche.
Cette stratégie d’équilibre difficile, bien que tactique à court terme, expose la RCA à des tensions croissantes avec ses voisins. En jouant sur plusieurs tableaux, Touadéra risque de se retrouver isolé, pris au piège de ses propres choix diplomatiques….
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