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Tentative avortée sur la capitale : Les coulisses d’un échec stratégique de la CPC en 2021

Tentative avortée sur la capitale : Les coulisses d’un échec stratégique de la CPC en 2021

 

Les éléments rebelles de la CPC dans la Nana-Mambéré
Les éléments rebelles de la CPC dans la Nana-Mambéré

 

 

Bangui, 13 septembre 2024 (CNC).

Deux ans après l’assaut manqué sur Bangui par la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), le paysage des groupes armés en République centrafricaine demeure une mosaïque complexe. Dans un entretien exclusif avec Corbeau News, Sylvain Micaël Zoango, expert centrafricain en sécurité, décortique les forces en présence et les alliances mouvantes qui façonnent la réalité sécuritaire du pays.

 

“Le 15 janvier 2021, six groupes armés formant la CPC avaient échafaudé un plan d’attaque sur la capitale”, rappelle M. Zoango. Le stratégie prévoyait un verrouillage du nord par le FPRC du chef rebelle Nourredine Adam, une progression de l’UPC de Darassa Ali vers Damara, une avancée du MPC de Mahamat Al-Khatim depuis Batangafo et Kaga-Bandoro puis Sibut, pendant que les anti-balaka et les 3R devaient surgir par l’ouest, vers Bossembélé, Boali et Mbaïki . “Le but était de prendre Bangui en tenaille”, précise l’expert.

 

Cette offensive a cependant mis au jour les failles béantes de la coalition de ces groupes armés. “Seuls les 3R et une partie des anti-balaka se sont réellement battus jusqu’aux abords de la capitale”, souligne M. Zoango. “L’UPC et le MPC sont restés figés sur leurs positions, sans bouger d’un pouce.” Cette inertie a offert au gouvernement l’opportunité de consolider ses défenses, notamment grâce à l’afflux de renforts russes et rwandais.

 

Pour l’expert, cet épisode a démasqué les véritables intentions de certains groupes : “Le comportement de l’UPC et du MPC laisse à penser qu’ils n’avaient jamais eu la réelle volonté de renverser le régime. Leur demande actuelle de pourparlers avec le gouvernement s’inscrit dans cette logique de double jeu”.

 

La CPC, déjà chancelante, s’est depuis morcelée davantage. “L’UPC a claqué la porte de la coalition pour créer sa propre entité, tout en gardant une oreille attentive aux négociations avec le gouvernement “, note M. Zoango.

 

Malgré ces divisions, la menace des groupes armés plane toujours. Si l’UPC semble s’essouffler, d’autres mouvements maintiennent leur emprise. “Le gouvernement mise sur l’accord de paix pour saper l’influence des groupes armés, mais le pari est loin d’être gagné”, analyse l’expert.

 

La tactique de Bangui pose des interrogations. Le pouvoir louvoie entre dialogue et fermeté, cherchant à diviser pour mieux asseoir son autorité. “Certains groupes comme l’UPC et le MPC semblent danser au rythme du régime depuis le début”, estime M. Zoango. “D’autres, à l’instar des 3R, conservent une réelle capacité de déstabilisation”.

 

L’expert pointe du doigt le rôle ambigu de certains acteurs extérieurs. “L’arrivée en masse des Wagner a bouleversé l’équation militaire”, observe-t-il. Mais leur présence soulève des questions sur l’autonomie du pays et les visées réelles de Moscou dans la région. “Les Wagner ne sont pas là par philanthropie”, glisse M. Zoango.

 

La population centrafricaine demeure la principale victime de ce bourbier sécuritaire. Les civils endurent exactions et déplacements forcés, tandis que l’économie peine à décoller. “Sans sécurité, pas de développement possible”, martèle M. Zoango.

 

Quelle issue pour cette crise qui s’enlise ? L’expert plaide pour une approche holistique : “Il faut s’attaquer aux racines du mal : la pauvreté endémique, les inégalités criantes, la gouvernance défaillante. Sans cela, le cycle infernal de la violence risque de se perpétuer ad infinitum”.

 

Alors que la Centrafrique s’apprête à souffler ses 63 bougies d’indépendance, le chemin vers une paix durable ressemble à un parcours du combattant. L’avenir du pays se jouera dans les prochains mois, entre tractations en coulisses, pressions internationales et aspirations d’une population assoiffée de tranquillité.

 

L’expert n’exclut pas de nouveaux soubresauts : “Les groupes armés restent imprévisibles. Une nouvelle offensive n’est pas à écarter, surtout si certains se sentent menacés par les avancées du gouvernement.” Il appelle à la vigilance et à un renforcement des capacités des forces de défense nationales.

 

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