SOCATRAF : Le combat interminable des employés pour leurs droits légaux

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Bangui, les promesses d’unité et de progrès du président Baba Kongoboro résonnent souvent comme un espoir. Mais pour les employés de la SOCATRAF, la Société Centrafricaine des Transports Fluviaux, cet espoir s’est transformé en une lutte sans fin. Depuis que leur entreprise a été remplacée par Mercure Logistique, une société libanaise, en septembre 2021, ils se battent pour obtenir leurs indemnités. Ceux en contrats à durée indéterminée (CDI) ont reçu quelque chose. Les autres, en contrats à durée déterminée (CDD), attendent toujours, les mains vides et le cœur lourd.
La SOCATRAF, c’était une colonne vertébrale pour le pays. Pendant des années, elle a assuré le transport fluvial sur l’Oubangui, reliant Bangui à Brazzaville et Kinshasa avec ses barges chargées de carburant et de marchandises. Détenue à 60 % par Bolloré et à 40 % par l’État centrafricain, elle gérait aussi le port de Bangui, malgré une rivière de plus en plus impraticable. Mais tout a basculé il y a plus de trois ans. En septembre 2021, à Brazzaville, les autorités ont officialisé la fin : SOCATRAF a cédé la place à Mercure Logistique Centrafrique. Cette société libanaise, venue de Beyrouth, mais très bien connue dans le pays depuis des dizaines d’année dans la mafia, a repris les opérations avec de grandes ambitions : augmenter le trafic, moderniser le port, développer un port sec. Pour les patrons, c’est un nouveau départ. Pour les employés, c’est une porte qui s’est refermée sans un sou.

Jean-Martial Yagomba, délégué des travailleurs, porte leur colère. “Ça fait plusieurs mois qu’on est dans la lutte pour que nos droits légaux soient payés”, dit-il. Ils ont tout essayé : les tribunaux, les réunions avec les ministres du Travail et des Transports, les assemblées générales. “On a calculé nos droits légaux et ces droits légaux s’ouvrent parce qu’il n’y a pas eu de volonté politique pour payer”, explique-t-il. Il raconte qu’au départ, il y avait deux groupes : les CDI et les CDD. “À la sortie, ils ont payé seulement le CDI et ils ont refusé de nous payer”, ajoute-t-il, et on sent l’injustice qui le ronge. Ces mots, ce sont ceux d’un homme qui a cru aux promesses, mais qui voit maintenant que les CDD sont laissés pour compte.
Mercure Logistique, la société mafieuse, elle, avance. Elle parle de barges modernes, d’un port qui va briller, d’un avenir où la RCA sera mieux connectée. Mais pour les anciens de SOCATRAF, cet avenir ne leur appartient pas. Eux, ils veulent juste ce qu’on leur doit : les indemnités pour des années de travail, pour avoir tenu bon malgré les galères. “Ils ne veulent pas payer les gens, ils veulent que les gens souffrent”, lâche Jean-Martial , et ça résonne comme un cri du cœur. Pendant que la société libanaise s’installe, ces employés oubliés comptent les jours, les dettes, les repas qu’ils ne peuvent plus offrir à leurs enfants.
En Centrafrique, on sait ce que c’est de se battre. Les CDD de SOCATRAF ne lâchent pas, pas pour des rêves lointains, mais pour une justice simple : être payés pour ce qu’ils ont donné. Le président parle d’un pays uni, d’un peuple qui avance ensemble. Mais pour ces hommes et ces femmes, remplacés et ignorés, l’unité a un goût amer. Leur combat continue, dans l’ombre des barges qui ne leur appartiennent plus.
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