Réfugiée de RCA: “Comment ma vie a changé”

Publié le 17 juillet 2014 , 4:45
Mis à jour le: 17 juillet 2014 4:45 pm

Fatimatou Djara est l’une des 100.000 personnes qui sont arrivées au Cameroun cette année après avoir fui les effusions de sang en République centrafricaine. Elle reçoit de la nourriture du PAM chaque mois pour se nourrir, elle, et ses trois enfants. Dans cette interview, elle nous explique les bouleversements qu’elle a vécus en tant que réfugiée.

fatimatou

Batouri – Fatimatou et ses enfants sont arrivés au Cameroun en février. Ils vivent dans un petit camp de réfugiés à Yokadouma, juste à la frontière à l’est du Cameroun. Son mari est mort il y a quelques années, mais plusieurs membres de sa famille sont également à Yokaboura. Elle était ravie de répondre à quelques-unes de nos questions.

Qu’est ce qui a le plus changé dans votre vie ?

Ne pas avoir d’argent et très peu de choses à faire. Dans notre village en RCA, j’avais un stand sur le marché local. Je vendais des tomates, des oignons, de l’huile… J’étais donc toujours occupée. Et même si je n’étais pas riche, tout le monde allait bien. J’aimerais créer une petite entreprise comme ça ici. Ça va être difficile parce que j’ai dépensé tout mon argent pour arriver ici. Mais peut-être que je trouverais un moyen.

Quels sont les autres changements auxquels vous devez faire face ?

Mes deux filles ne vont plus à l’école. C’est trop loin pour qu’elles puissent y aller à pied. Nous aurions besoin de quelqu’un qui les emmène en moto. Et elles ne pourraient pas y aller seule. C’est dommage. L’école est une bonne chose, surtout pour les filles. Ce qui a changé c’est aussi notre façon de dormir, à la maison, nous étions 6 à dormir dans une chambre- moi et les enfants. Ici, il y a 21 personnes dans la même chambre.

Est-ce que tout est négatif ?

Non, au moins ici nous sommes loin des massacres et des combats. Et nous avons à manger tous les jours, nous en sommes reconnaissants. Et j’ai des amis et de la famille ici pour m’aider.

Quand êtes-vous arrivée au Cameroun?

Il y a environ cinq mois. Nous sommes partis avec de nombreuses personnes de notre village quand les problèmes ont commencé. Il y avait beaucoup de tensions et les gens se faisaient attaquer. C’était trop dangereux de rester. Pour aller plus vite, nous avons dû payer pour faire une partie du chemin en voiture – c’était très cher.

Qu’avez-vous apporté avec vous ?

J’ai réussi à rapporter une autre robe, pour pouvoir me changer. De même pour les enfants. Nous n’avons rien apporté d’autre. Nous avons dû tout laisser là-bas.

Est-ce qu’il y avait une chose à laquelle vous teniez particulièrement ?

Oui, mon ensemble de nouvelles assiettes blanches. J’en avais assez pour 20 personnes. Je venais de les acheter et elles étaient si belles. Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues maintenant.

Allez-vous retourner en RCA ?

Pourquoi ? Qu’est-ce que je vais pouvoir faire là-bas avec tous les combats ? Si les combats s’arrêtent et que la situation se calme … peut-être, je ne sais pas. Ca dépendra de ce que ma famille fait. Ils décideront. Je veux juste être là où ils sont.

Que voudriez-vous dire aux personnes qui vous lisent ?

Avant nous vivions tous ensemble en RCA, les musulmans et les chrétiens. Il n’y avait pas de problèmes. Maintenant nous nous affrontons. C’est stupide. Les personnes comme nous ont dû quitter leur maison et laisser tout ce qu’ils avaient, pour venir ici, où nous devons repartir de zéro. La guerre est terrible. Nous devrions être capables de vivre ensemble.

 

Par: relief web

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