Corbeau News: 03-08-2014: Avant qu’on arrive au pire de notre bêtise humaine qui a marqué le 21è siècle, le gouvernement centrafricain qui pilotait à vue a pris l’engagement de procéder à la réforme du secteur sécuritaire et de défense. Desassises ont été organisées en partenariat avec le système des nations unies (PNUD, BINUCA) et l’Union européenne dans le but d’assainir l’Armée nationale centrafricaine en déconfiture et procéder à une réforme qui s’impose.
Nul n’ignore qu’après la création de l’armée centrafricaine et sa formation au lendemain de l’indépendance par feu Jean Bedel Bokassa, ancien chef d’Etat-major sous feu président David Dacko et président de la république après son coup d’Etat de St Sylvestre 1965-1966, la continuité de la remise àniveau de l’armée nationale était assurée par feu André Kolingba, général d’armée et ancien président de la république« suite à un coup d’Etat », contre feu David Dackorevenu au pouvoir par l’opération « Barracuda » de la France en fin 1979, cette noble institution qui avait pour principale mission de défendre le peuple centrafricain en cas d’agression et d’assurer la sécurité del’ensemble du territoire national a brillé par l’inobservation de ses textes statutaires et la mauvaise gestion du budget annuel alloué pour son fonctionnement. Les plus gradés font du PGA leur fonds de commerce. L’autre défaillance émane de la politisation de cette armée par ses chefs suprêmeset la forme dopée sur une base clanique et ethnique ces trois dernières décennies par ceux qui nous ont gouvernés bien entendu. Plus d’un demi-siècle, les chefs de l’armée centrafricaine qui ont porté des galons à une vitesse supérieure manquent d’une vision de faire de l’armée nationale une institution des professionnels digne de ce nom.
La RCA se retrouve avec un effectif pléthorique des généraux et officiers de haut rang,lesquels ont montré leur faiblesse devant les envahisseurs. Alors que dans les années 70 et 80, lepeuple centrafricain se vantait pour son armée et nous en étions fiers depar sa prestation sur le terrain contre les coupeurs de route, braconniers soudanais et tchadiens qui aujourd’hui, dament lespions à ces officiers subalternes défaillants, à travers leur intégration dans les différentes rébellions qui écumaient les régions du nord et mettent finalement en déroute cette noble institution de la république, aboutissantmalheureusement à un coup d’Etat qui déstabilise le régime Bozizé apparemment assis politiquement et militairement fragile.Un passage de force pour le pouvoir, révolu dans des Etats modernes et de droit. Le reste de cette aventure machiavélique de ces supplétifs de l’armée est connu par tout le monde.
Les derniers événements dramatiques du pays depuis ladate du 24 mars 2013 n’en disent pas moins.Vous conviendrez avec moi que l’échec cuisant de nos officiers n’est pas à démontrer. C’est une humiliation qui restegravée dans l’histoire de l’armée centrafricaine. Elle n’est d’ailleurs pas la première. Pour nous rafraîchir la mémoire, l’armée a failli à sa mission face aux rebelles « banyamulengue » de Jean-Pierre Bemba quand le président, feu Ange Félix Patassé était au pouvoir. Les camps militaires centrafricains et casernes ont été saccagés en 2001 suite à un coup d’Etat manqué le 28 mai et vidés après viols, tueries des civils et pillages par ces éléments sauvages, sadiques congolais venus de l’autre rive de l’Oubangui-Chari pour sauver uniquement le pouvoir de l’époque à la demande des autorités et non pour protéger la population civile. L’ancien premier ministre Martin Ziguéléet son ministre de la défense Jean-Jacques Démafouth doivent passer à la barre devant la commission justice, vérité et réconciliation lors d’un éventuel dialogue national annoncé par la présidente de la transition, Catherine Samba Panza. Si la Cour Pénale Internationale tarde à traiter ce dossier comme il se doit, il doit commencer d’abord par-là devant le peuple centrafricain.
La responsabilité de cet échec affreux, cette anarchie, cette humiliation, revient aux soldats de haut rang (généraux, colonels, etc.) et leurs différents chefs suprêmes qui se sont succédés à la tête de l’Etat. Pour ma part, je pense que ces officiers de l’armée ont des comptes à rendre à la population centrafricaine qui a perdu la confiance qu’elle a placée en eux. La situation de l’armée centrafricaine en état de dégradation mérite des explications et excuses publiques de la part des officiers qui doivent déboucher à la tenue d’un éventuel Etats-généraux des armées après le désarmement relatif aux résolutions 2121 et 2127 du Conseil de sécurité des nations unies.
On ne peut faire des réformes en succès sans le désarmement absolu au peigne fin afin de regarder vers une armée de développement et de professionnalisme. Il existe trop de bras cassés qui n’ont pas de place dans cette future armée à réformer ou du moins à reconstruire. Cela doit se faire avec fermeté et détermination afin de bien baliser le chemin vers une Centrafrique forte, nouvelle et émergente. Après avoir trié les bons grains et extirpé le ver du fruit, il faut envisager un recrutement en tenant compte de la géopolitique afin d’éviter le mécontentement, la frustration ethnique et régionale au niveau de nos 16 préfectures. La dernière expérience déplorée sous le régime Bozizé contre une somme de 5000 fcfa par candidat en dit plus.Alors que dans les années antérieures, on recrute des vaillants garçons pour servir l’armée nationale à cause de leur capacité sans demander de contrepartie. On doit tirer les leçons de cette mauvaisepratique politique à la sommité de l’Etat qui n’a fait qu’attiser la haine et la violence au sein de notre société.
Dans ce contexte de reconstruction d’une armée nationale digne de ce nom pour protéger la population centrafricainedont le capital social est mis en lambeau, sans distinction de communauté, de région ni de religion, assurer la sécurité des 623.000 Km2, la république centrafricaine a besoin impérieusement d’augmenter l’effectif des Forces armées centrafricaines, de la gendarmerie et de la police nationale (FACA), avec des femmes et hommes de rang qui doiventêtre soumis à une formation de qualité, ayant un minimum de niveau d’étude, capable de formuler une phrase correcte en langues officielles, notamment le français et le sango et non desanalphabètes rachetés pour nous parler du charabia. On en a assez vu pendant les régimes de transition et c’est une honte nationale.
En une année de transition sous le régime Djotodiaaprès son putsch, nous sommes bien surpris de voir des nomades lourdement armés venant d’ailleurs, se mettant au service d’une paisible nation civilisée en la terrorisant et la dépouillant de tous ses biens. Des crimes socioéconomiques de tout ordre commis par ces mercenaires tchadiens et soudanais contre les centrafricains quivivent déjà sousle seuil de la pauvreté.
En effet, durant toutes ces crises à répétition dues aux coups d’Etat et rébellions, on relève l’anarchie totale au niveau des instances supérieures des forces armées nationales. L’indiscipline et le non-respect de la hiérarchie prédominent au sein des institutions. Pendant les régimes de transition, des illettrés à grande échelle, analphabètes de haut degré, se sont vus élevés au premier rang par complaisance et affinité, arborant sur les épaules des étoiles et barrettes non méritées.Certains de ces illettrés au doigt facile sur la gâchette se sont fait passer ministres de la république. C’est affreux et indigne d’une armée républicaine.
Pour que les réformes du secteur sécuritaire et de défense, la reconstruction de l’armée nationale soient effective et une réalité, la république centrafricaine a nécessairement besoin l’appui des partenaires au développement qui ont fait les premiers pas, de l’aide des pays amis, bailleurs de fonds et notamment d’excellents formateurs afin de renforcer avec efficacité les capacités de ses éléments de sécurité et de défense, lesquels doivent disposer cette fois-ci d’une capacité morale, physique, psychiatre et intellectuelle pour servir l’armée nationale et non des handicapés favorisés dans un camouflage monté de toutes pièces.
Par: Pierre INZA,
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journaliste politique et culturel